Il existe encore une économie en Haïti

Publié le 21/01/2010 à 09:20

Il existe encore une économie en Haïti

Publié le 21/01/2010 à 09:20

Par Diane Bérard

Malgré la force du séisme qui a frappé Haïti et les images de destruction véhiculées par les médias, l'économie haïtienne n'a pas disparu. Fonkoze, une entreprise haïtienne spécialisée dans le micro-crédit, lancera en mars la phase 2 de son plan de développement.

Entrevue avec Katleen Félix directrice de projets chez Fonkoze.

Haïti est dévastée. Combien de temps faudra-t-il pour reconstruire son économie ?

Port-au-Prince est dévastée ainsi que cinq ou six autres régions. Cependant, le reste du pays n'est pas touché. Contrairement à l'image véhiculée par les médias, il existe encore une économie en Haïti. Par exemple, notre organisme de microcrédit, Fonkoze, compte 42 succursales, et 24 d'entre elles fonctionnent normalement. Quant à ce qui a été dévasté, ce sera reconstruit. Ce n'est pas notre première crise. Il y a un an de demi, quatre ouragans se sont abattus sur Haïti; 18 000 de nos clients ont tout perdu. Un an plus tard, ils s'étaient relevés et 98 % d'entre eux avaient remboursé leurs prêts.

Avant le séïsme, Fonkoze avait un plan d'expansion. Est-ce encore réaliste ?

Oui. En mars, nous passerons à la phase 2, comme prévu. Jusqu'à présent, nous nous sommes concentrés sur de petits prêts débutant à 25 $, pour permettre aux plus pauvres de faire vivre leurs familles et d'envoyer leurs enfants à l'école. À ce jour, 65 000 Haïtiens profitent de nos services de crédit et de micro-assurance, et 200 000 possèdent un compte d'épargne dans une de nos succursales qui, au total, couvrent 80 % du territoire. Maintenant, nous allons aider les plus prometteuses de ces micro-entreprises à grimper dans la chaîne de valeur en les associant à d'autres entreprises plus importantes. Par exemple, le petit producteur de tomates vendra ses légumes à un fabricant de sauce plutôt que d'avoir pour seuls clients les habitants de son village.

Cette catastrophe ne met-elle pas en évidence l'urgence de délocaliser le développement économique d'Haïti, trop dépendant de Port-au-Prince ?

C'est effectivement le discours qui émerge lorsqu'il est question de la reconstruction, et nous l'appuyons. Nos succursales en région sont prêtes à accueillir des clients. Nous incitons les sinistrés à s'y rendre pour avoir accès à l'argent qui se trouve dans leur compte ou à celui qui leur parvient de l'étranger. Du même coup, Fonkoze incitera les sinistrés à se relocaliser hors du centre, en insistant sur le fait que l'aide et l'encadrement y sont disponibles pour eux immédiatement pour qu'ils puissent rebâtir leur vie.

À très court terme, quel est le défi de Fonkoze ?

Trouver une façon sécuritaire de faire parvenir aux sinistrés les fonds qui leur viennent de l'étranger. Des criminels sont en liberté, un marché noir s'est développé... Nous devons trouver un moyen de faire circuler l'argent sans risquer qu'il soit détourné.

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