" On a surévalué la valeur des entreprises "

Publié le 21/11/2009 à 00:00

" On a surévalué la valeur des entreprises "

Publié le 21/11/2009 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Richard Renaud fait figure de modèle dans le monde de la finance. Lors d'un dîner en l'honneur des finissants de l'Institut Goodman de l'Université Concordia, on l'a décrit comme " le grand redresseur d'entreprises ". À cette occasion, le fondateur de la firme de capital investissement Wynnchurch a livré ses réflexions sur les marchés financiers et l'importance de redistribuer la richesse.

Les Affaires - Les firmes d'investissement ont été durement touchées par la crise financière. Comment cela s'est-il passé chez Wynnchurch ?

Richard Renaud - Contrairement à d'autres, nos rendements sont positifs. Entre 2006 et 2008, nous avons acheté des entreprises évaluées à quatre fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA), tandis que le marché les achetait en moyenne à 8,6 fois le BAIIA. Notre stratégie est la même depuis 35 ans : nous ne payons jamais un prix exagéré quand nous investissons, particulièrement quand il y a des problèmes à résoudre.

L.A. - Selon vous, la crise financière est liée à cela ?

R.R. - Oui. On a surévalué la valeur des entreprises. Un exemple : nous venons d'acheter un fabricant de clous et agrafes. En 2007, son chiffre d'affaires s'élevait à 400 millions de dollars et sa marge bénéficiaire, à 10 %. En 2007, les dirigeants ont refusé une offre d'achat de 200 millions. En août 2008, ils ont pris un contrat à terme sur le prix du fer et celui-ci a chuté lors de la crise. Nous avons acheté cette entreprise pour 42 millions; 105 millions de dettes ont été effacées. Parce qu'ils avaient surévalué la valeur de l'entreprise, ses dirigeants ont causé du tort à leurs créanciers, à leurs employés et à leurs actionnaires.

L.A. - Vous dites que nous allons devoir agir comme les Chinois et les Indiens. Qu'entendez-vous par là ?

R.R. - Ils connaissent peu l'endettement. En Chine, la durée maximum d'une hypothèque résidentielle est de cinq ans. En Inde, on ne peut pas hypothéquer un terrain. Alors qu'en Amérique, on peut s'endetter pendant cinq ans juste pour acheter une auto ! Regardez GE : son ratio d'endettement est de 100 pour 1 [elle a 100 $ de dettes pour chaque dollar d'équité, excluant l'écart d'acquisition]. Quand l'arrogance dépasse la raison, on mange une raclée. Je ne suis pas sûr que les Américains en soient conscients.

L.A. - Qu'arrivera-t-il au marché américain ?

R.R. - Je crois que nous sommes arrivés à un point de changement fondamental dans l'histoire. Le consommateur est en grève, à cause de ses excès. Saviez-vous qu'il y a 250 millions d'autos en circulation aux États-Unis, et que 80 % d'entre elles ne parcourent pas 60 kilomètres par jour ?

L.A. - Dans un proche avenir, prévoyez-vous de l'inflation ou de la déflation ?

R.R. - De l'inflation, mais pas dans le marché immobilier, plutôt dans le prix de la nourriture. Je vois le prix de l'or grimper au-delà de 5 700 $ US l'once d'ici 2015.

L.A. - Et le secteur de l'énergie ?

R.R. - Le pétrole pas cher, facile à exploiter, c'est fini.

L.A. - Vos conseils aux investisseurs, à ceux qui veulent acheter des entreprises ?

R.R. - Ne surpayez pas. Ne recourez pas à l'effet de levier. Suivez le modèle de Benjamin Graham [le mentor de Warren Buffett]. Misez sur des entreprises leaders dans leur marché et sur une gestion de haute qualité.

L.A. - En tant que philanthrope, vous avez été honoré par le Dalai Lama et le pape Jean-Paul II. Dans quelle mesure cet aspect de votre vie est-il important pour vous, et comment le conciliez-vous avec votre travail de redresseur d'entreprise ?

R.R. - Pour moi, il y a valeur et valeurs. Je crois en l'accumulation de richesse fondée sur la valeur réelle d'une entreprise. Mon travail de redresseur peut m'amener à supprimer des postes dans le but de sauver l'entreprise et de l'aider à maintenir sa place dans son industrie.

Toutefois, mes valeurs morales sont ancrées dans la redistribution de la richesse. L'écart entre les riches et les pauvres ne cesse de s'élargir. On ne peut pas continuer avec cette culture axée seulement sur la richesse économique. C'est pourquoi ma devise est celle de Winston Churchill : " On vit de ce que l'on obtient. On construit sa vie sur ce que l'on donne. "

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