Partir ou rester, telle est la question

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Partir ou rester, telle est la question

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Peut-on quitter un navire qui coule ? Les administrateurs ont-ils une date de péremption ? L'Institut des administrateurs de sociétés a débattu, le 8 mai, des raisons qui pousseraient un administrateur à quitter un conseil.

«Aucun des administrateurs de Nortel n'a songé à quitter le navire, raconte Guylaine Saucier. Nous avons relevé nos manches et rempli notre mandat. Si l'un ou plusieurs d'entre nous étaient partis, cela aurait lancé un signal épouvantable au marché.» Partir pendant une crise, cela ne se fait pas, martèle l'administratrice de sociétés, dont Banque de Montréal et Axa Assurances.

Et avant la tempête ? N'y a-t-il pas de signes avant-coureurs ? Parfois, répond Denis Desautels, ex-vérificateur général du Canada et administrateur de sociétés, dont Bombardier et la Banque Laurentienne.

Parfois pas, réplique Guylaine Saucier. «Je serais heureuse de voir des signaux avant qu'une crise ne se déclenche, dit-elle. Mais cela ne m'est pas arrivé. Je n'ai jamais été capable de démissionner avant une crise. Il était toujours trop tard, la tempête faisait déjà rage.»

Des motivations très diverses

Au-delà des crises, l'éventail des raisons qui peuvent pousser un administrateur à remettre en question sa participation à un conseil est large, comme l'ont évoqué les panélistes du colloque «Quand partir ?». La raison du départ peut être diffuse. «Si un changement de culture est en cours, que nous ne sommes pas à l'aise avec la direction qu'emprunte l'organisation, le moment est probablement venu de partir», estime Denis Desautels. Il se peut aussi qu'un administrateur n'approuve pas la stratégie que l'entreprise s'apprête à adopter. «Il est légitime de partir à ce moment, dit-il. Mais il faut être conscient qu'en agissant ainsi, nous lançons le signal qu'il y a malaise au sein du conseil.»

L'indépendance joue aussi un rôle. On avance qu'après plusieurs années au sein du même conseil, un administrateur perd sa distance et son indépendance. Guylaine Saucier, elle, estime le contraire. «Gagner son indépendance exige du temps. Pour remettre en question de manière constructive la stratégie d'un pdg, il faut bien comprendre l'organisation. Cela exige d'avoir développé des réseaux pour obtenir l'information autrement que de la part de la direction.»

Et les administrateurs ont-ils une date de péremption ? «Un CA doit s'oxygéner, mais attention aux courants d'air !» répond le célébrissime Robert Parizeau, toujours «vert» à 76 ans. Il siège, entre autres, au conseil du Groupe Canam et de Power Corp. Ses collègues du panel appuient : pas question d'imposer des règles trop strictes de départ à la retraite pour les administrateurs. Une conversation annuelle entre le président du conseil et chacun des administrateurs vaudrait plus qu'une règle à l'égard de l'âge. Guylaine Saucier indique une piste à explorer. «Je connais un CA dans lequel, lorsque plus de 30 % des administrateurs ont dépassé 70 ans, le président demande à l'administrateur le plus âgé de partir.»

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