Occupons-nous de nos affaires au lieu de rester sur la touche

Publié le 23/04/2011 à 00:00

Occupons-nous de nos affaires au lieu de rester sur la touche

Publié le 23/04/2011 à 00:00

Les Québécois voteront davantage pour le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) que pour les partis les plus susceptibles de former le gouvernement lors des prochaines élections fédérales.

En effet, selon une compilation de tous les sondages d'opinion sur leurs intentions de vote à la mi-avril, 41 % des électeurs décidés voteraient pour le Parti conservateur (20,5 %) et le Parti libéral (20,8 %), mais 53 % appuieraient le Bloc (36 %) et le NPD (17 %). Puisque le Bloc et le NPD ne formeront pas le prochain gouvernement, c'est dire que la majorité des électeurs québécois voteraient sans espérer participer au choix du parti qui dirigera leur futur gouvernement. Tandis qu'autrefois, des électeurs votaient pour le parti le plus apte à prendre le pouvoir, des millions d'électeurs québécois refusent maintenant de participer à ce pouvoir. Chacun est libre de son choix, mais globalement, c'est aberrant. Cela équivaut à un refus de la majorité de se responsabiliser face au choix du prochain gouvernement.

L'appui que reçoit le Bloc traduit à la fois le désintérêt de millions de Québécois pour le Canada hors Québec et la perception que le rôle d'un parti politique est d'obtenir des bonbons de l'État. Quel mépris pour la démocratie de voir le chef du Bloc faire siennes toutes les demandes du maire de Québec. Comme si l'argent poussait dans les arbres, ou encore, comme si les votes s'achetaient avec des promesses... même irresponsables.

En restant sur les lignes de côté au lieu de participer activement à choisir le parti qui dirigera le pays, une partie de la collectivité québécoise perdra sa légitimité dans ses critiques et ses revendications.

C'est la stratégie du Bloc. Moins les Québécois participeront au pouvoir fédéral, plus le Bloc pourra blâmer et revendiquer. Moins le Québec retirera d'avantages politiques et économiques d'Ottawa, plus le Bloc pourra promouvoir la souveraineté. N'était-ce pas loufoque d'entendre le chef du Bloc reprocher aux partis fédéralistes de ne rien faire pour faire adhérer le Québec à la constitution canadienne ? Cette situation est pourtant exactement ce que veut le Bloc, puisque celui-ci perdrait un argument de poids dans sa campagne pour démembrer le pays. Rappelons-nous que le Bloc était du même côté que le gouvernement de Terre-Neuve lors du débat sur l'accord du Lac Meech, aucun des deux ne voulant, pour des raisons différentes, une reconnaissance plus affirmée du Québec au sein de la fédération.

Des partis peu inspirants

À cause de la polarisation du vote québécois, si la tendance exprimée dans les sondages se maintient, il se peut que nous héritions, le 2 mai prochain, d'un autre gouvernement conservateur minoritaire. Trois cents millions de dollars (M$) - le coût de cette élection - auront été gaspillés.

Cette tendance est renforcée par le fait que les chefs des deux principaux partis n'inspirent pas un grand nombre de Québécois. Stephen Harper projette l'image d'un être froid, calculateur, opportuniste et très contrôlant. Il incarne une idéologie et des valeurs associées à la droite. Il méprise les intellectuels et les médias, qu'il tient à distance. Il contrôle l'accès aux assemblées publiques.

Pour sa part, Michael Ignatieff n'arrive pas à se débarrasser de son image d'intellectuel et de gentilhomme. Il manque de fougue et de passion. Il ne semble pas vouloir se battre pour le poste qu'il convoite. Jack Layton est affable et présente le NPD comme un parti de plus en plus modéré. Ne comportant vraisemblablementpas beaucoup de risques pour les électeurs, il représente un compromis acceptable pour les fédéralistes défavorables aux vieux partis et pour les bloquistes fatigués.

Politicien aguerri, Gilles Duceppe joue à fond la carte du " Bloc, seul parti à pouvoir empêcher la réélection de Harper ". C'est faux, car le Bloc ne formera jamais le gouvernement, contrairement au Parti libéral.

Enfin, les électeurs ne sont pas aidés par les demi-vérités, les lieux communs, les promesses irréalistes et même les mensonges des politiciens. Les grands enjeux sont négligés.

Quant aux médias, ils carburent aux incidents, aux pelures de banane et autres éléments secondaires de la campagne susceptibles d'alimenter la controverse et d'accroître les auditoires. Rien de cela ne sert la démocratie, ce qui explique le ras-de-bol des électeurs et leur absentéisme des bureaux de scrutin. Cela est un peu déprimant, mais il faut tout de même voter. Car c'est à la fois une responsabilité et un grand privilège que bien des peuples paieraient cher pour avoir.

MON COMMENTAIRE

J'aime

L'Unité permanente anticorruption créée par Québec réalisera sa première enquête sur l'administration de la Ville de Montréal. Cela fait des années que des irrégularités graves sont constatées dans la gestion de la Ville : vente de terrains à des prix de faveur, incurie dans la gestion des appels d'offres (compteurs d'eau, agence de sécurité), espionnage des courriels d'élus, de gestionnaires et du vérificateur général, congédiements inexpliqués de cadres supérieurs, etc. Un grand ménage s'impose.

Je n'aime pas

Le cas du jeune Dany Villanueva montre que la Loi sur l'immigration du Canada a besoin d'être resserrée. Un an après qu'un tribunal eut ordonné la déportation de M. Villanueva vers le Honduras, son pays d'origine, cet ex-membre de gang de rue utilise tous les recours juridiques pour éviter cette expulsion. Celui-ci a déjà fait de la prison pour avoir commis un vol qualifié et a brisé plusieurs conditions exigées lors de sa remise en liberté (couvre-feu, abstinence de drogue, non-fréquentation de membres de gang de rue, etc.). Il vit de l'aide sociale et profite de l'aide juridique pour sa défense. Le comportement de ce parasite est indigne du pays qui l'a accueilli.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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