La recette du succès des rues commerciales prospères

Publié le 11/07/2009 à 00:00

La recette du succès des rues commerciales prospères

Publié le 11/07/2009 à 00:00

Après avoir sondé son monde, il y a quelques semaines, Catherine Raymond, directrice générale de la Société de développement commercial du centre-ville de Trois-Rivières, a conclu que la récession semblait sur les commerçants comme l'eau sur le dos d'un canard. " Il n'y a pas de signes de ralentissement, dit-elle, contrairement à ce qu'on observe dans les centres commerciaux. Les commerçants me disent que c'est une très bonne année. "

Rien de miraculeux là-dedans. Le succès du centre-ville de Trois-Rivières est dû à une série d'initiatives qui l'ont rendu agréable à fréquenter.

À l'instar de 250 centres-villes et rues principales au Québec depuis deux décennies, et sous l'impulsion de l'organisme Rues principales, il a fait peau neuve. Et ça a marché. Ce qui n'est pas toujours le cas. Car tout est dans la façon de brasser des ingrédients déjà bien connus, dit le professeur Jacques Nantel, secrétaire général de HEC Montréal. " Il y a littéralement une recette, dit-il. C'est comme pour un gâteau quatre-quarts, elle est simple, mais il ne faut pas manquer d'un seul ingrédient ", dit-il. Sinon le gâteau ne lève pas.

Avoir l'appui de la ville

Il y a 15 ans, le centre-ville de Trois-Rivières faisait peur, raconte Catherine Raymond. Entre les murs placardés, les édifices incendiés et les commerces tournant au ralenti, vivait une faune clairsemée et pauvre. " Disons qu'on n'allait pas s'y promener le soir ", dit-elle.

Ce fut le point de départ de la revitalisation. " Mais ça ne se fait pas tout seul, explique Mme Raymond. La Ville et les gens d'affaires doivent embarquer, c'est un vrai travail d'équipe. " Ce travail d'équipe est essentiel à la réussite de toute revitalisation urbaine, dit Jacques Nantel.

" C'est la clé du succès. Sans vision politique, on ne va nulle part ", renchérit Guy Drouin, directeur général du Commissariat au commerce de Drummondville.

Il y a 15 ans, tout comme à Trois-Rivières, le centre-ville de Drummondville fermait littéralement à 17 heures. " Il n'y avait ni café, ni resto, ni boulangerie ", dit Guy Drouin. Le tiers des locaux commerciaux étaient vacants et les commerces survivants perdaient des clients au profit des centres commerciaux.

" C'était la panique totale. Petit à petit, on est allé chercher ce qu'on n'avait pas. " Surtout, la Ville a entrepris de rénover les immeubles désuets ou sinistrés et a embelli les espaces publics.

" La revitalisation échoue lorsque les dissensions l'emportent ", dit Jacques Nantel. Il cite les cas de Sherbrooke, Saint-Jérôme et Joliette, chacune dotée d'un centre-ville fort potable, et qui n'arrivent à rien par manque de vision commune. Le rôle le plus important de la Ville, selon M. Nantel, outre " offrir suffisamment de places de stationnement ", est d'appuyer la revitalisation des infrastructures et de les entretenir, et d'offrir un aménagement urbain beau et convivial : enfouir les fils électriques, installer des lampadaires discrets et esthétiques, mettre des bancs, élargir les trottoirs afin de permettre l'installation de terrasses et la promenade de piétons sont autant d'incontournables.

Le bâti urbain, même inesthétique, n'a pas tant d'importance, ajoute Jacques Nantel. Car, dans une rue, tout se passe à la hauteur des yeux. " Il suffit d'accorder de l'importance à la vitrine, et ça, ça se travaille. "

La tâche sera plus facile si les commerçants de la rue sont aussi propriétaires de leur immeuble, observe Danielle Pilette, professeure au Département d'études urbaines et touristiques de l'École des sciences de la gestion (ESG) de l'UQAM.

" Ils investiront à leur tour, dit-elle. Par ailleurs, la Ville négocie avec un interlocuteur à la fois. "

Employés transférés

Depuis le début de la revitalisation de son centre- ville, Drummondville y a transféré tous ses employés municipaux, rénovant les édifices laissés vacants, dont l'ancienne Banque Molson, sur la rue Heriot, qui abrite depuis quelques semaines les bureaux du Commissariat au commerce.

Elle a aussi restauré l'hôtel de ville en respectant son style art déco. En fait, les seuls employés qui ont quitté le centre-ville sont ceux des travaux publics, qui occupaient un vaste terrain rempli de camions lourds qui gâchaient le paysage qu'on essayait d'embellir.

Des employés au centre-ville, cela signifie autant de ventres affamés le midi, comme en témoignent les terrasses des rues Heriot ou Lindsay, bondées en ce jeudi midi pourtant gris, de 5 à 7 entre collègues et de clients d'un coiffeur ou d'un dentiste. " Ça devient un centre de vie ", dit Guy Drouin.

martine.turenne@transcontinental.ca

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