Le nouveau propriétaire du Concorde et ses associés ont investi plus de 6 millions de dollars depuis l'achat en avril pour faire regagner à l'hôtel emblématique de Québec ses lettres de noblesse. Mais loin de lui l'idée d'en faire un palace réservé à l'élite : il y aura du luxe pour ceux qui en veulent, des suites à 1 000 $ la nuit, mais aussi, en tout temps, 20 chambres à 95 $ la nuit dans l'hôtel qui a failli être transformé en résidence pour personnes âgées. L'autre acheteur potentiel, Eddy Savoie, voulait en faire une Résidence Soleil. Le conseil municipal a adopté une résolution pour bloquer toute autre vocation à l'hôtel.
Un élément clé de la relance du Concorde tient à la restauration. Le 16 octobre, le fameux restaurant qui tourne au 28e étage a été rouvert, métamorphosé. L’Astral est devenu le Ciel. [Photo: Shutterstock]
«Je suis un Beauceron d'origine. Je voulais reprendre cet hôtel des mains des Américains (Loews) et le rendre accessible à tous», fait valoir Jean-Guy Sylvain, qui en est à sa vingtième acquisition dans le domaine hôtelier.
Actionnaire principal du Concorde, M. Sylvain s'est entouré d'une équipe de sept associés qui, ensemble, possèdent plus de 5 000 chambres à Québec, Montréal et Ottawa.
«Ensemble, ça fait une force. Alors avant que ça tombe, le Concorde...» lance M. Sylvain, confiant.
S'associer à d'autres hôteliers expérimentés rassure l'entrepreneur, car les bilans financiers des dernières années affichaient des pertes de 4,2 à 5,3 millions de dollars par an. Le défi de la relance est donc important. En même temps, de tous les hôtels achetés par l'homme d'affaires au fil des ans, le Concorde était le mieux entretenu. Il y aura trois étages de chambres à rénover d'ici avril (1,5 M$), ce qui correspond à 70 des 400 chambres. Pour le reste, les corridors beiges seront tous rénovés au début de l'hiver (800 000 $). Le hall a déjà été rafraîchi pour la réouverture en mai dernier, le Wi-Fi gratuit a été mis en service partout, la literie et la lingerie sont neuves, et bientôt, l'édifice sera doté d'un éclairage architectural destiné à en faire un immeuble phare à Québec (500 000 $). Les couleurs changeront selon les saisons ou les événements.
«Après ces investissements, il faudra attendre deux ans pour savoir si on a réussi notre pari de relancer l'hôtel», considère M. Sylvain, qui n'écarte pas l'idée de transformer certaines chambres en copropriétés hôtelières si le succès ne vient pas pleinement. Il soutient que la Ville n'a pas le droit de retirer cette possibilité aux nouveaux actionnaires.
Pour l'heure, M. Sylvain est heureux du taux d'occupation atteint l'été dernier, même s'il était de 15 % à 20 % sous la moyenne des grands hôtels à Québec. Comme le Concorde a été fermé entre février et mai, avant son rachat, le cahier de réservations était vide. Le Concorde a donc été privé de la clientèle des congrès, mais les réservations individuelles ont progressé par rapport à l'été précédent.
