Crise : spéculation excessive et absence de réglementation expliquent le désastre

Publié le 19/09/2008 à 00:00

Crise : spéculation excessive et absence de réglementation expliquent le désastre

Publié le 19/09/2008 à 00:00

Par Stéphane Desjardins
La conférence a débuté par un panel réunissant M. Coxe ainsi que Clément Gignac, économiste en chef à la Banque Nationale, Jim L. Goodfellow, un des principaux dirigeants de Samson Bélair Deloitte Touche, et Yvan Allaire, président de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques.

D’entrée de jeu, M. Coxe a fait le lien entre la déconfiture de la firme Long Term Capital management et la situation actuelle des Lehman Brothers et autres Bear Stearns de ce monde. Il a affirmé que ces firmes évoluaient sans le nécessaire encadrement de la réglementation bancaire, ce qui a mené aux excès liés aux Collateralized Dept Obligations (CDO) et autres hypothèques à risque. « La crise des sub primes, c’est comme si on vous avait vendu un aqueduc avec 5% d’eau provenant des égouts en vous disant que ce n’est pas grave puisque 95% de l’eau est potable! ».

Pour M. Coxe, la solution à la crise actuelle va venir en partie des économies émergentes, où le taux d’épargne est élevé. « Et où les mathématiques financières sont moins sophistiquées que sur Wall Street » a-t-il lancé à la blague.

Clément Gignac, pour sa part, a mentionné qu’il n’y a pas si longtemps, c’était plus facile d’acheter un condo d’un million de dollars à Tampa que de se procurer une carte Master Card à la Banque Nationale! « L’économiste Kenneth Galbraith a déjà donné la recette d’une crise financière, dit-il. Il vous faut de l’innovation financière sur Wall Street (les CDO), l’accès facile au crédit (les sub prime) et le manque de transparence des participants (les inscriptions hors bilan, les fonds de couverture et le manque de diligence des agences de notation). »

« Les bas taux d’intérêt ne sont pas à la source de cette crise, mais Il a écorché au passage Alan Greenspan, l’ex-dirigeant de la Federal Reserve Américaine, pour son laissez-faire en matière de réglementation des marchés. Attendez-vous à un meilleur encadrement du monde de la finance, notamment chez les fonds de couverture et les produits financiers sophistiqués, a-t-il ajouté.

« La crise actuelle n’est pas une dépression, mais une récession. Elle va permettre de nettoyer les excès de Wall Street. Il ne faut donc pas céder à la peur », a-t-il conclu.

Pour Jim Goodfellow, les entreprises canadiennes qui passeront au travers sans se faire avaler par leurs compétitrices seront celles dont les dirigeants et administrateurs auront compris les véritables règles du jeu dans une économie planétaire. « Malheureusement, très peu de ces dirigeants ont cette mentalité : leurs firmes ne sont pas encore de classe mondiale! », a-t-il lancé.

« Le meilleur ami des fonds de couverture et des activistes financiers, c’est la réglementation découlant de la loi de Sarbanes Oxley, affirme Yvan Allaire. Pendant que les conseils d’administration planchaient sur leur rôle de fiduciaires, ils oubliaient la stratégie et la rentabilité. » Ce qui a transformé de nombreuses sociétés en proies faciles pour les vautours de la finance.

M. Allaire estime que les sociétés qui connaîtront du succès seront celles dont les administrateurs seront avant tout crédibles et légitimes, avant d’être indépendants. « Cette légitimité et cette crédibilité passeront par un engagement total des administrateurs envers leur firme », dit-il. Mais ce dernier constate que, bien souvent, les administrateurs sont moins bien préparés que les hedge funds pour s’assurer du succès des entreprises qu’ils administrent.

« Sarbanes Oxley a créé une nouvelle race d’administrateurs plug and play » a critiqué Jim Goodfellow.

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