Marc Dalpé. Photo : LesAffaires.com
Au moment de l'embauche de Marc Dalpé et de Jean-Marc Milette, en avril 2003, Valeurs mobilières Desjardins (VMD) aurait été au courant que certains clients détenaient des comptes extraterritoriaux (offshore).
Marc Dalpé soutient en outre que VMD l'aurait congédié parce qu'il a refusé de renégocier son entente contractuelle.
C'est ce qu'on apprend d'une déclaration sous serment produite par Marc Dalpé, dont Finance et Investissement a obtenu copie. Cette déclaration se veut une réponse aux allégations de VMD, dans une requête visant à interdire l'équipe DalpéMilette de solliciter d'anciens clients « référés » par le Mouvement Desjardins. Marc Dalpé et Jean-Marc Milette font partie d'un groupe de neuf conseillers licenciés le 3 novembre dernier parce qu'ils auraient négocié dans des comptes situés aux Bahamas à l'insu de VMD. Quatre d'entre eux disent ne rien avoir à se reprocher.
Sur les 2500 clients que compte l'équipe DalpéMilette au moment de leur congédiement, seuls quatre détiennent des comptes offshore supervisés par Marc Dalpé. Trois des quatre comptes proviendraient de clients qu'ils avaient bien avant qu'ils se joignent à VMD, soit lorsqu'ils travaillaient pour leur précédent employeur, la Financière Banque Nationale (FBN).
« Lorsque j'ai joint VMD, j'ai discuté ouvertement des comptes offshore avec mon supérieur, Jean-Pierre De Montigny, et il m'a expressément dit de continuer de superviser ces comptes offshore. Les allégations selon lesquelles nous n'avons pas dévoilé les comptes offshore à VMD sont simplement fausses », affirme Marc Dalpé dans sa déclaration, traduite librement depuis l'originale, rédigée en anglais.
Par la suite, Germain Carrières, un ancien employé de la FBN, a remplacé Jean-Pierre De Montigny comme patron l'équipe DalpéMilette. « Les comptes offshore ont été ouverts aux Bahamas dans une entité affiliée de la FBN, ce qui fait que notre patron, M. Carrières, était tout à fait au courant que d'anciens conseillers de la FBN travaillant pour VMD supervisaient des comptes détenus aux Bahamas, écrit Marc Dalpé dans son affidavit. En aucun temps, nous n'avons caché ou tenté de cacher le fait qu'un très petit nombre de nos clients avaient des comptes offshore. »
« Il n'y a rien d'illégal au fait d'avoir des comptes offshore, peut-on lire dans la déclaration, et nos patrons n'ont jamais eu de problèmes avec des comptes offshore. La seule chose que je n'ai pas dévoilée a été les noms des clients avec des comptes offshore, parce que je considèrerais que cela était dans mon obligation de respecter la confidentialité pour ces clients. »
Congédiement
Moins d'un mois avant le congédiement, Yves Néron, vice-président de VMD, aurait voulu renégocier les termes de leur entente avec VMD, allègue Marc Dalpé. « M. Néron a indiqué qu'il n'était pas très content du pourcentage de commission que VMD recevait de clients "référés" », déclare Marc Dalpé dans l'affidavit. Ce dernier refuse de renégocier, ce qui aurait causé la frustration et la déception d'Yves Néron, soutient le courtier. « Peu après [...], nous avons reçu un courriel indiquant que VMD enquêtait sur les comptes ouverts aux Bahamas », affirme Marc Dalpé.
Ce dernier soutient que ce serait ce refus de revoir à la baisse son contrat qui serait à l'origine de son renvoi, ainsi que celui de son collègue Jean-Marc Milette. Le 3 novembre dernier, jour du congédiement de Marc Dalpé, de Jean-Marc Milette et de sept autres conseillers de VMD, « une personne de VMD » lui aurait remis une lettre indiquant qu'il était renvoyé pour « manquements graves ». « La personne de VMD qui m'a rencontré m'a dit que j'avais à décider sur-le-champ de démissionner ou de quitter avec la lettre de licenciement », peut-on lire dans la déclaration.
Le 4 novembre, après que Dalpé et Milette ont été renvoyés, VMD aurait offert des postes aux membres de l'équipe DalpéMilette. Les six membres de l'équipe de Dalpé et de Milette démissionnent en bloc. « Contrairement aux allégations de VMD, nous n'avons incité aucun de nos ex-employés à démissionner », lit-on dans la déclaration.
André Chapleau, porte-parole du Mouvement Desjardins, n'a pas souhaité commenter les allégations de Marc Dalpé.
Richardson GMP
Le cabinet montréalais de Richardson GMP, qui a embauché ces derniers jours Marc Dalpé et Jean-Marc Milette, s'est dit satisfait de la vérification diligente effectuée auprès de l'équipe DalpéMilette.
« Aucun client n'a été lésé dans cette affaire, ce qui nous a donné un haut niveau de confort », indique Jean-Pierre Janson, vice-président principal de Richardson GMP.
Il ajoute que DalpéMilette a une « réputation exceptionnelle et offre un service exceptionnel ». Ancien concurrent, il dit avoir « eu connaissance de la qualité exceptionnelle des portefeuilles qu'ils géraient, qui est confirmée par le montant d'actif qu'ils géraient », note Jean-Pierre Janson, qui greffe ainsi près de 500 M$ en actif à sa société.
Par ailleurs, selon l'entente de non-sollicitation conclue jeudi entre Dalpé, Milette et VMD, aucun client figurant à la liste des clients référés par le Mouvement Desjardins, qui représentent la moitié des 960 M$ en actif sous gestion qu'avait l'Équipe DalpéMilette en novembre, ne peut ouvrir de compte auprès de Richardson GMP avant le 17 mars 2012, et ce, même s'il le désirerait.
