60 secondes avec: Jean-Thomas Bernard, professeur à l'Université d'Ottawa


Édition du 16 Août 2014

60 secondes avec: Jean-Thomas Bernard, professeur à l'Université d'Ottawa


Édition du 16 Août 2014

Par Pierre Théroux

«Il faut arrêter les travaux du chantier de la Romaine» - Jean-Thomas Bernard, professeur à l'Université d'Ottawa

Après avoir obtenu une augmentation de 4,3 % en avril dernier, Hydro-Québec souhaite maintenant hausser ses tarifs résidentiels d'électricité de 3,9 %. Est-ce justifiable ?

Hydro-Québec demande des hausses parce qu'elle continue à gaspiller de l'argent à vouloir construire de grands projets hydroélectriques pendant qu'on a, et pour encore longtemps, d'importants surplus d'électricité et que le prix à l'exportation a plongé. En 2006, quand Québec a annoncé sa politique énergétique, Hydro-Québec pouvait exporter de l'électricité à plus de 10 cents le kilowattheure, tandis qu'aujourd'hui elle peine à obtenir 4 ¢. Il faut arrêter les travaux du chantier de la Romaine, même si ça entraîne des coûts.

Qu'en est-il du développement de la filière éolienne alors qu'Hydro-Québec invoque en partie le coût élevé de ses nouveaux approvisionnements pour justifier cette hausse des tarifs ?

Là encore, ce qui était justifiable en 2006 ne l'est plus aujourd'hui. À l'époque, la motivation était d'augmenter la production d'énergie renouvelable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et la production de l'énergie éolienne était devenue concurrentielle avec celle du gaz. Mais ce n'est plus le cas. Les importantes découvertes de gaz de schiste aux États-Unis, qui sont aujourd'hui les principaux producteurs de gaz naturel du monde, ont fait chuter les prix. C'est une forme d'énergie beaucoup plus attrayante, qui le restera encore pendant plusieurs années. De toute manière, l'objectif d'intégrer 4 000 mégawatts d'énergie éolienne dans le réseau québécois a été atteint.

On vient d'amorcer les forages pétroliers sur l'île d'Anticosti. Êtes-vous favorable à ces travaux d'exploration ?

Oui, ça vaut la peine d'aller voir le potentiel d'exploitation du pétrole. Cela dit, mes attentes sont très modestes, autant sur l'île d'Anticosti qu'en Gaspésie. S'il y avait des dépôts aussi prometteurs qu'on le dit, les grandes sociétés pétrolières auraient manifesté leur intérêt. D'autant qu'elles n'ont plus beaucoup de possibilités d'accès à des sites d'exploration et de production dans le monde qui sont, pour la plupart, sous contrôle gouvernemental.

À la une

Pierre Fitzgibbon: «Dans la filière batterie, on est rendu trop loin pour reculer»

00:00 | Les Affaires

Le superministre a rencontré «Les Affaires» en table éditoriale afin de préciser sa vision de la filière batterie.

Table éditoriale avec le PDG de Northvolt: des batteries «made in Québec» avec du contenu d'ailleurs

En table éditoriale avec «Les Affaires», Paolo Cerruti affirme qu'il faudra être patient.

Le coup de poker de la filière batterie

BILLET. À vous de juger si nous avons des chances de remporter la mise ou de perdre gros dans la partie.