Les étudiants se tirent dans le pied, selon Michel Leblanc

Publié le 10/04/2012 à 10:30, mis à jour le 10/04/2012 à 15:23

Les étudiants se tirent dans le pied, selon Michel Leblanc

Publié le 10/04/2012 à 10:30, mis à jour le 10/04/2012 à 15:23

Par François Normand

Michel Leblanc, , président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, se prononce sur la grève étudiante. 

Quel effet la grève étudiante aura-t-elle sur les entreprises si elle dure longtemps ?

Le gouvernement pourrait prolonger la session pour maintenir l’intégrité de la formation scolaire. Cela priverait les entreprises d’un important bassin de main-d’œuvre. L’été dernier, 360 000 étudiants occupaient un emploi au Québec, du commerce de détail à la restauration, en passant par l’hôtellerie. Ces emplois sont stratégiques pour l’industrie touristique. Ils permettent aussi aux travailleurs permanents de prendre de longues vacances durant la saison estivale. Sans les étudiants, les entreprises devront faire des acrobaties pour gérer les vacances de leurs employés réguliers. Les emplois d’été sont aussi très importants pour les étudiants : en 2009, la Chambre a estimé qu’un étudiant pouvait percevoir en moyenne 6 700 $ durant son été. Si un jeune gagne 10 $ de l’heure, soit pratiquement le salaire minimum, il peut payer en une semaine la hausse supplémentaire de 325 $ de droits de scolarité qu’il devra assumer l’année suivante. Cela montre à quel point les étudiants se tirent actuellement dans le pied avec cette grève.

 Que doit faire le gouvernement pour y mettre fin ? Doit-il mettre de l’eau dans son vin ?

Non, il doit ni céder ni faire de compromis. C’est souvent le problème que nous avons au Québec : les élus reculent trop souvent lorsqu’un groupe de pression manifeste fort. Le gouvernement a pris la bonne décision en augmentant les droits de 325 $ par année durant cinq ans. Ce n’est pas du tout exagéré. Les étudiants disent qu’il y aura une catastrophe... Mais il n’en y a pas dans les autres provinces canadiennes, où le taux de fréquentation des universités et les droits de scolarité sont plus élevés qu’ici. Et dans cinq ans, les droits de scolarité au Québec seront encore moins élevés qu’ils ne le sont en moyenne au Canada.

Que faire alors ? Laisser la situation se dégrader ?

Il y a encore des moyens d’accommoder les étudiants et de réduire leur inquiétude face à leur endettement. Québec fait bien par exemple de permettre aux étudiants de rembourser leurs dettes en fonction de leurs revenus une fois sur le marché du travail. Certains pays européens le font, comme le Royaume-Uni. Le gouvernement pourrait aussi moduler la hausse des droits en fonction des champs d’études, en ajustant les prêts et bourses en conséquence. Les étudiants en philosophie, en sciences politiques ou en économie arrêteraient ainsi de subventionner les étudiants en médecine ou en médecine vétérinaire, qui gagneront un jour des revenus très élevés. n

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