Le Québec à l'heure des pêcheries responsables

Publié le 11/02/2010 à 16:22

Le Québec à l'heure des pêcheries responsables

Publié le 11/02/2010 à 16:22

Par lesaffaires.com
L'industrie fait certifier ses prises et les chaînes d'alimentation multiplient les produits durables. Portrait d'un secteur en transformation.

Les pêcheurs de crevettes du golfe du Saint-Laurent n'avaient plus le choix. Les Britanniques, qui achètent 40 % de leur production, veulent des fruits de mer certifiés selon des normes environnementales.

L'Association québécoise de l'industrie de la pêche (AQIP) s'est donc prêtée au jeu et a fait certifier en 2008 les crevettes du golfe en vertu du Marine Stewardship Council (MSC). Cette norme britannique est censée garantir que la pêche ne vise pas une espèce surexploitée, qu'elle ne met pas l'écosystème en danger et que ses artisans sont transparents dans leurs relations avec les autorités et les organisations non gouvernementales.

" Au Royaume-Uni, la grande chaîne de magasins Mark & Spencer a annoncé que tous ses produits de la mer viendront de pêches durables d'ici la fin de 2012 ", dit Lars Juul Pedersen, directeur général des Fruits de mer de l'Est du Québec, à Matane. Ces exigences sont aussi très répandues dans toute l'Europe du Nord. " Le mouvement gagne les États-Unis. Même au Québec, les chaînes d'alimentation l'exigent de plus en plus ", dit Jean-Paul Gagné, président de l'AQIP.

Afin de protéger son accès aux marchés, l'industrie travaille à faire certifier d'autres espèces récoltées dans le golfe. C'est le cas de la mactre de Stimpson, un mollusque pêché au large de la Côte-Nord. " Il y a des projets avec le crabe des neiges. D'ici sept à huit ans, toutes les pêches seront certifiées ", dit M. Gagné.

Toutefois, les pêcheurs de homard sont moins réceptifs, dit-il. Leurs prises sont surtout vendues au Canada; ils ne ressentent pas la pression des acheteurs européens.

Certaines espèces, comme le requin et la morue, dont la population ne se rétablit pas malgré des quotas considérablement réduits, ne peuvent pas être certifiées. Mais pour les autres poissons et fruits de mer du golfe, M. Gagné est confiant. Certains types de pêches présentent des défis particuliers. Par exemple, il sera plus difficile de faire certifier des prises qui nécessitent le dragage des fonds marins, à cause de leur impact sur l'écosystème. " C'est le cas avec la mactre de Stimpson, dit M. Gagné. Si cette espèce est certifiée, les autres devraient passer le test facilement. "

Pour pouvoir apposer le logo du MSC sur ses produits, l'industrie de la crevette s'engage à déterminer l'impact des chaluts sur l'écosystème marin. " S'il est important, les pêcheurs devront nous dire ce qu'ils comptent faire pour améliorer la situation, dit Steve Devitt, directeur de Tavel Certification, qui se charge des audits pour la certification MSC dans l'Est du Canada. Par exemple, ils pourraient devoir fermer certaines zones de pêche sensibles. "

Sur les tablettes

Les grandes chaînes d'alimentation canadiennes s'attaquent elles aussi au problème, avec quelques années de retard. Loblaw, propriétaire de la chaîne Provigo au Québec, est le leader canadien dans le domaine. " Ils se sont engagés à trouver des fournisseurs de produits certifiés ", dit Jay Lugar, chez MSC Canada.La chaîne, qui exploite aussi les bannières Provigo et Maxi, a cessé de vendre du bar du Chili, de l'hoplostète orange, du requin, de la raie et des palourdes de l'Arctique.

La marque maison de Loblaw, Le Choix du Président, compte déjà 13 produits certifiés MSC, issus de sept espèces différentes. Le saumon sauvage de la côte Ouest, par exemple, remplace le saumon d'élevage, dont la production est trop polluante, selon le MSC. " Nous travaillons pour que tous nos produits de la mer soient durables d'ici la fin de 2013 ", dit Josée Bédard, porte-parole de Provigo.

Sobeys et Walmart préciseront bientôt leurs objectifs, mais vendent déjà des produits certifiés. Chez Metro, la réflexion est moins avancée. " Nous voulons bien comprendre le problème, ne pas improviser pour plaire, dit Marie-Claude Bacon, porte-parole. Je ne suis pas prête à annoncer quoi que ce soit pour le moment. " En mai dernier, Greenpeace a qualifié la chaîne québécoise de cancre de son secteur en la matière.

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