Gabriel Nadeau Dubois: Québec solidaire revendique sa crédibilité économique

Publié le 31/08/2022 à 16:06

Gabriel Nadeau Dubois: Québec solidaire revendique sa crédibilité économique

Publié le 31/08/2022 à 16:06

Par La Presse Canadienne

Selon lui, Québec solidaire présente aux électeurs des positions solides en matière économique et financière. (Photo: La Presse Canadienne)

Depuis sa création, Québec solidaire (QS) s’est acquis une crédibilité certaine pour défendre plusieurs dossiers, dont la crise du logement et surtout la lutte aux changements climatiques. Mais qu’en est-il des questions économiques?

Le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, se dit prêt à prendre le pouvoir le 3 octobre et à gérer le Québec, incluant son développement économique, un domaine où le parti de gauche a semblé montrer moins d’intérêt dans le passé.

Préjugés, préjugés, préjugés, selon Gabriel Nadeau-Dubois, qui dit devoir composer avec de fausses perceptions véhiculées sur sa formation politique, notamment en matière économique, a-t-il confié lors d’une entrevue récente à La Presse Canadienne.

Selon lui, au contraire, Québec solidaire présente aux électeurs des positions solides en matière économique et financière, défendues par une équipe de plusieurs candidats chevronnés, familiers avec ces enjeux.

Il refuse par ailleurs de reconnaître que le programme du parti comporte des engagements que certains pourront qualifier de radicaux, comme l’idée de proposer une nationalisation partielle des banques.

Encore un préjugé, selon lui, car «c’est pas dans notre programme», «ni globalement, ni partiellement (de nationaliser) des banques existantes», assure-t-il.

Gabriel Nadeau-Dubois fait en fait référence à la plateforme électorale de QS, adoptée en novembre dernier, et non au programme du parti, toujours en ligne et adopté en 2019.

La plateforme est muette sur ces questions, mais à la page 19 du programme du parti, on peut lire en toutes lettres qu’afin de «concurrencer les banques privées et ainsi fournir des services de proximité et abordables pour la population, un gouvernement solidaire instituera une banque d’État, soit par la création d’une nouvelle institution, soit par la nationalisation partielle du système bancaire».

À propos de la création d’une banque d’État, il ne s’étendra pas longtemps, sauf pour dire que ce type d’institutions publiques «existe dans la plupart des États».

Le rassemblement solidaire de novembre aura été l’occasion de recentrer le message de la formation, d’arrondir les angles, voire de mettre de côté les volets plus radicaux du programme. Les membres ont choisi de faire en sorte que la plateforme soit «concentrée» sur «des enjeux près des préoccupations quotidiennes des gens», relate le porte-parole, satisfait d’avoir devant lui une feuille de route «plus pragmatique» pour un premier mandat d’un éventuel gouvernement solidaire.

N’empêche qu’il doit au jour le jour défendre un parti dont le programme officiel dit vouloir «repenser l’économie», «dépasser le capitalisme», réglementer les banques, revoir le fonctionnement du système financier, nationaliser des secteurs d’activité, et pas nécessairement miser sur la croissance économique.

«Je ne suis pas un gars d’étiquettes», réplique Gabriel Nadeau-Dubois quand on lui demande s’il est à l’aise avec ces aspects du programme. Il cite l’exemple de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda. L’important n’était pas de fermer l’usine polluante, qui menaçait la santé des enfants, mais de faire en sorte qu’elle cesse de polluer, pour le bien commun, qu’elle respecte les normes en vigueur, ce qui, dit-il, aurait dû être fait depuis longtemps, si un gouvernement s’était tenu debout.

L’important consiste à «sortir» le Québec d’une certaine vision de l’économie, explique-t-il, sa formation étant davantage axée vers l’économie sociale, de proximité, circulaire. «Faire passer les profits d’une multinationale avant la santé des gens et la qualité de l’environnement, ça oui, on veut être en rupture avec ce modèle-là. Mais pas pour mettre la clé dans la porte», résume le jeune chef, qui assure qu’il y aura de la place pour le secteur privé sous un gouvernement solidaire.

Prêt à gouverner

32 ans, nouveau papa d’un bébé de six mois, Gabriel Nadeau-Dubois deviendrait le plus jeune premier ministre de l’histoire du Québec, si jamais la population lui faisait confiance le 3 octobre. Et cela ne semble pas du tout l’intimider. Il refuse de voir son jeune âge et son expérience politique somme toute limitée comme un handicap.

Son «arme secrète» pour ne pas céder à la panique, en songeant qu’il pourrait, en théorie, chausser les souliers de premier ministre à court terme: l’équipe «exceptionnelle» autour de lui. «Cela me donne beaucoup de confiance», dit-il, ajoutant qu’il ne serait pas là s’il ne se sentait pas capable d’assumer pleinement la fonction.

La confiance en soi fait certainement partie des forces de l’ancien leader étudiant du Printemps Érable en 2012. Déjà, en 2017, à son arrivée à l’Assemblée nationale, lors d’une autre entrevue à La Presse Canadienne, il avait affirmé qu’il était là pour «déranger» et qu’il aimerait être là longtemps, sûr que son parti était prêt à former le prochain gouvernement en 2018. Il avait 27 ans, deux petites semaines d’expérience parlementaire derrière la cravate et une assurance à toute épreuve.

Cinq ans plus tard, le député de Gouin jongle avec l’idée de bâtir son équipe de transition, au cas où, et surtout à imaginer à quoi pourrait ressembler un cabinet Nadeau-Dubois, dans un mois à peine. Il assure que sous sa gouverne le pouvoir serait bien moins centralisé que ce qu’on observe avec François Legault depuis quatre ans. On parle ici en termes d’esprit d’équipe, de collégialité, de «valoriser l’expertise et les talents de tout le monde autour de la table», contrairement à François Legault, qui, selon lui, «règne sur son parti», en seul roi et maître, le pouvoir étant concentré entre les mains «d’un seul homme», lui-même.

Souveraineté: en parler autrement

Certains auront tendance à l’oublier, mais Québec solidaire est un parti souverainiste. Gabriel Nadeau-Dubois rejette les critiques de ceux qui jugent étrange qu’un parti se disant déterminé à créer un pays ne semble jamais disposé à faire la promotion de ce projet, laissant toute la place au Parti québécois (PQ).

Il paraît agacé par la question. Selon lui, c’est faux d’affirmer que Québec solidaire ne parle jamais de souveraineté. «On en parle différemment», nuance-t-il, car le projet de QS est «différent du PQ, différent du projet traditionnel» d’accession à la souveraineté, tel que défini depuis la fin des années 60.

Mais en quoi est-il si différent? Le projet solidaire, précise-t-il, «vise à transformer le système politique, à faire la réconciliation avec les peuples autochtones, à faire la transition écologique, à approfondir notre démocratie».

«C’est pas parce qu’on n’en parle pas avec les mots d’un autre parti, qu’on n’en parle pas», ajoute Gabriel Nadeau-Dubois, rappelant l’importance de «réinventer la manière» de promouvoir le projet de pays, pour notamment y faire adhérer les jeunes, peu intéressés en général par cet enjeu.

Le programme de QS prévoit essentiellement dès la prise du pouvoir créer une «assemblée constituante», soit un ensemble de personnes élues avec le mandat de rédiger un projet de constitution d’un Québec souverain, qui devrait par la suite être entériné par référendum.

 

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