Russie: taux directeur maintenu à 20% et pas de prévisions macroéconomiques

Publié le 18/03/2022 à 09:30, mis à jour le 18/03/2022 à 12:10

Russie: taux directeur maintenu à 20% et pas de prévisions macroéconomiques

Publié le 18/03/2022 à 09:30, mis à jour le 18/03/2022 à 12:10

«La crise ukrainienne n'est pas quelque chose que nous souhaitions voir» arriver, a déclaré le président chinois Xi Jinping, selon des propos rapportés par la télévision chinoise. (Photo: 123RF)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 18 mars 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici.  

12h00 | Moscou — La patronne de la Banque centrale russe a indiqué vendredi que de nouvelles prévisions sur le PIB et l’inflation seraient rendues publiques «en avril», jugeant pour l’heure «extrêmement difficile» d’en faire du fait de l’effet des sanctions.

«Il est extrêmement difficile de donner des prévisions concrètes», a déclaré Elvira Nabioullina dans un discours consacré au maintien par la banque centrale de son taux directeur à 20%, trois semaines après le début de l’offensive russe en Ukraine qui a conduit la Russie à subir une foule de sanctions dévastatrices.

«L’inflation sera cette année et vraisemblablement l’année prochaine supérieure aux précédentes prévisions» s’est-elle bornée à pronostiquer. «Le PIB baissera lors du prochain trimestre», a-t-elle ajouté, indiquant qu’elle prévoyait de présenter de nouvelles prévisions «en avril».

Un peu plus tôt, la BCR avait annoncé dans un communiqué maintenir son taux directeur à 20% après l’avoir fortement relevé le 28 février.

«Fin février, nous avons augmenté le taux directeur en premier lieu pour faire face aux risques pesant sur la stabilité financière dans le contexte des nouvelles sanctions sans précédent» infligées à la Russie, a déclaré Elvira Nabioullina. 

«Quelle est la situation aujourd’hui: le système bancaire fonctionne sans défaillance, la situation des liquidités s’est stabilisée», a-t-elle exposé.

«Pendant un certain temps, l’inflation restera élevée, mais nous ne laisserons pas se développer une spirale inflationniste», a-t-elle assuré.

«L’accélération de l’inflation fin février début mars a été provoquée par une hausse de la demande, essentiellement dans le secteur non alimentaire », a expliqué Elvira Nabioullina. «Les gens ont acheté activement de l’électroménager, des voitures, des produits électroniques, des meubles, craignant que ces produits ne soient plus disponibles en raison des sanctions imposées». 

La cheffe de la banque centrale a observé également une hausse de la consommation de céréales, de farine, de pâtes et du sucre. «Nous avons suffisamment de stocks, la production de ces denrées se poursuit», a-t-elle assuré.

 

Le taux directeur est le principal outil de lutte contre l’inflation.

Le 28 février, quatre jours après l’entrée des troupes russes en Ukraine, la BCR a relevé son taux de 9,5% à 20% pour faire face aux sanctions économiques décrétées par les Occidentaux contre Moscou.

Elle a aussi imposé des mesures drastiques sur l’achat de devises pour freiner la chute du rouble et maintient la Bourse de Moscou fermée pour éviter de la voir s’écrouler. Mais la moitié de ses réserves, environ 300 milliards de dollars US, ont été gelées dans le cadre des sanctions. 

Elvira Nabioullina a indiqué que les échanges obligataires reprendraient lundi à la Bourse de Moscou, et que la Banque de Russie achèterait des obligations émises par l’État russe, afin de contrer la volatilité sur ce marché.

La prochaine réunion du conseil d’administration de la Banque centrale se tiendra le 29 avril.

 

 

10h45 | Pékin — La Chine et les États-Unis ont la responsabilité d'aider à la paix mondiale, a déclaré vendredi le président chinois Xi Jinping à son homologue américain Joe Biden, lors d'un entretien consacré à la guerre en Ukraine.

«La crise ukrainienne n'est pas quelque chose que nous souhaitions voir» arriver, a déclaré M. Xi, selon des propos rapportés par la télévision chinoise.

«En tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et en tant que deux premières économies mondiales, il nous incombe non seulement de conduire les relations sino-américaines sur la bonne voie, mais aussi d'assumer nos responsabilités internationales et de travailler à la paix et la tranquillité dans le monde.»

Lors de cet entretien, le président américain devait appeler M. Xi à prendre ses distances avec le président russe Vladimir Poutine, dont les troupes ont envahi l'Ukraine le 24 février.

Depuis cette date, Pékin s'est gardé de condamner l'invasion russe et a mis la responsabilité du conflit sur le compte de l'OTAN.

Selon un bref compte-rendu diffusé par la chaîne publique CCTV, le président chinois a estimé que «les relations entre États ne peuvent aller jusqu'à la confrontation armée».

«Les conflits et les antagonismes ne sont dans l'intérêt de personne. La paix et la sécurité sont les biens que la communauté internationale doit avoir le plus à cœur», a-t-il déclaré à son homologue américain.

 

Biden veut que Xi choisisse son camp

9h38 | Washington — Que la Chine choisisse enfin son camp et se détourne de la Russie: c'est l'enjeu, considérable, de la conversation vendredi entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping.

L'échange entre les deux chefs d'État, le quatrième depuis que le démocrate de 79 ans est devenu président des États-Unis, a débuté à 9h03, heure du Québec, selon la Maison-Blanche.

Joe Biden le mène depuis la «Situation Room», cette pièce ultra-sécurisée de la Maison-Blanche d'où les États-Unis conduisent leurs opérations les plus risquées et leurs négociations les plus ardues.

Wendy Sherman, numéro deux de la diplomatie américaine, a exposé on ne peut plus clairement l'enjeu de la conversation, vendredi sur CNN: «Nous voulons que le Parti communiste chinois, qui est une puissance très importante sur la scène internationale (…) comprenne que son avenir est avec les États-Unis, avec l'Europe, avec d'autres pays développés et en développement. Leur avenir ce n'est pas de soutenir Vladimir Poutine.»

 

Avertissement

Des propos conciliants, mais qui font suite à un ton plus menaçant jeudi du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

«Nous sommes préoccupés par le fait qu'ils envisagent d'assister directement la Russie avec de l'équipement militaire qui serait utilisé en Ukraine. Le président Biden va parler au président Xi demain, et lui dira clairement que la Chine portera une responsabilité pour tout acte visant à soutenir l'agression russe, et que nous n'hésiterons pas à lui imposer des coûts», a déclaré le secrétaire d'État à la presse.

«Nous voyons avec préoccupation que la Chine réfléchit à apporter à la Russie une assistance militaire directe», a-t-il ajouté.

C'est l'avertissement le plus clair lancé par les États-Unis depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, eux qui avaient déjà reproché à la Chine son «alignement» avec la Russie.

Pour Joe Biden, les deux superpuissances sont certes vouées à se livrer une concurrence impitoyable sur le plan économique et stratégique, mais en maintenant un dialogue suffisant pour que cet affrontement ne soit pas facteur de chaos au niveau international.

Mais cette vision du président américain ne résisterait pas à un soutien ouvert de la Chine à la Russie, se manifestant par des livraisons d'armement, ou par des accords économiques et financiers donnant à Moscou les moyens de contourner en partie au moins les très sévères sanctions occidentales.

 

«Amitié sans limites»

Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, le régime communiste chinois, soignant sa relation avec Moscou et partageant avec la Russie une profonde hostilité envers les États-Unis, s'est abstenu d'appeler le président russe Vladimir Poutine à retirer ses troupes d'Ukraine.

Mais l'«amitié sans limites» professée par Pékin et Moscou est mise à l'épreuve par la guerre, le régime du président Xi Jinping semblant avoir été surpris par la résistance ukrainienne et par la vigueur des sanctions étroitement coordonnées entre les États-Unis et leurs alliés, destinées à couper la Russie des échanges économiques et financiers mondiaux.

Xi Jinping «doit arbitrer entre diverses priorités. Il accorde beaucoup d'importance au partenariat avec la Russie, mais il ne veut pas saper les relations avec l'Occident», dont la Chine dépend «pour son accès à certaines technologies de pointe», a expliqué à l'AFP Ryan Hass, expert auprès de l'institut de recherche Brookings, et ancien conseiller du président Barack Obama pour la Chine.

«Les intérêts de la Chine et de la Russie ne sont pas alignés. Poutine veut dynamiter le système international alors que le président Xi se voit comme l'architecte d'un nouvel ordre international», analyse encore l'expert. 

 

La Russie taxe Google et YouTube d'activités «terroristes»

9h26 | Moscou — Le régulateur russe a taxé vendredi le géant américain Google et son service vidéo YouTube d'activités «terroristes», première étape vers un possible blocage du site comme l'ont été Twitter, Instagram et plusieurs médias ces dernières semaines.

Selon Roskomnadzor, le gendarme russe des télécoms, des utilisateurs de YouTube «diffusent des publicités avec des appels à mettre hors service les communications ferroviaires de la Russie et du Bélarus», pays allié de Moscou duquel est menée l'offensive sur le nord de l'Ukraine.

«Les activités de l'administration de YouTube sont de nature terroriste et menacent la vie et la santé des citoyens russes», a affirmé Roskomnadzor, cité par l'agence de presse Interfax.

Dénonçant la «position clairement antirusse» de Google, le gendarme russe a dit exiger que la société américaine «cesse de diffuser les vidéos anti-russes dans les plus brefs délais».

La Russie a déjà bloqué l'accès aux populaires réseaux sociaux Instagram, Facebook et Twitter et engagé des poursuites contre le groupe Meta, l'accusant de propager des «appels au meurtre» contre les Russes.

La Russie est un des pays les plus restrictifs en matière de liberté de la presse et d'expression, et la situation s'est encore détériorée ces dernières semaines avec le blocage de la plupart des médias indépendants qui subsistaient après le déclenchement de l'offensive contre l'Ukraine le 24 février.

 

À la page suivante, l'AIE a dévoilé vendredi des mesures pour réduire la consommation de pétrole

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