Ukraine: Kyiv veut encore plus de sanctions, va défendre l'Est sous pression

Publié le 06/04/2022 à 08:29, mis à jour le 06/04/2022 à 08:32

Ukraine: Kyiv veut encore plus de sanctions, va défendre l'Est sous pression

Publié le 06/04/2022 à 08:29, mis à jour le 06/04/2022 à 08:32

Par AFP

Sur le terrain, Moscou continue à mettre en place sa nouvelle stratégie: concentrer les efforts sur le Donbass, bassin minier de l'est de l'Ukraine en partie tenue depuis 2014 par des séparatistes prorusses. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 06 avril. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire. 

8h00 | Syeverodonets'k — L’Occident doit adopter mercredi de nouvelles sanctions contre Moscou après les accusations de crimes de guerre contre la Russie en Ukraine. Les sanctions ne sont toujours pas assez fortes au vu de Kyiv qui prépare la défense de l'est du pays, désormais cible prioritaire du Kremlin.

Après plusieurs trains de mesures en réponse à l'invasion de l'Ukraine, les États-Unis doivent adopter dans la journée, en coordination avec l'Union européenne et le G7, de nouvelles sanctions contre la Russie visant notamment à interdire «tout nouvel investissement» dans ce pays, selon une source proche du dossier.

Ces mesures punitives incluront en outre «des sanctions renforcées contre les institutions financières et entreprises publiques en Russie, et des sanctions contre des responsables gouvernementaux russes et leurs proches».

Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fustigé mercredi, devant le Parlement irlandais, l'«indécision» de certains dirigeants européens, pressant l'UE de durcir encore ses mesures.

«Nous ne pouvons tolérer aucune indécision après ce que nous avons traversé», a-t-il lancé, après les accusations d'exactions contre les populations civiles portées contre la Russie.

Mardi, le président ukrainien avait lancé un appel passionné au Conseil de sécurité de l'ONU, sommé d'agir «immédiatement» au regard des «crimes de guerre» commis selon lui par la Russie.

Il a fait projeter devant les diplomates des images dramatiques montrant, selon Kyiv, de nombreux cadavres des victimes civiles d'exactions filmées dans des localités récemment évacuées par l'armée russe, qui effectue un regroupement vers les zones de l'est du pays.

Kyiv espère notamment que les Européens prennent des sanctions plus fortes en matière de livraisons énergétiques, même si les effets des mesures déjà prises se font sentir, avec par exemple un effondrement des ventes automobiles en Russie, de plus de 60% sur un an au mois de mars.

L'Union européenne devra prendre «tôt ou tard» des sanctions sur le pétrole et le gaz russes, a d'ailleurs estimé mercredi le président du Conseil européen Charles Michel.

 

Fourniture d'armes

L'Ukraine sera également au menu de la réunion mercredi et jeudi à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN, qui doivent notamment discuter avec leur homologue ukrainien Dmytro Kouleba des besoins des forces armées ukrainiennes.

«Je ne veux pas donner de détails, mais la fourniture d'armes antichars et de systèmes de défense antiaérienne est examinée», a indiqué le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.

L'OTAN n'intervient militairement que pour défendre ses membres lorsque l'un d'eux est attaqué ou sous mandat de l'ONU. L'Ukraine n'en est pas membre, mais rien n'empêche les trente pays de l'Alliance de lui apporter une aide.

Moscou rejette toute accusation d'exactions, accusant les autorités ukrainiennes de préparer des «mises en scène» pour faire condamner le Kremlin.

Mais les découvertes de dizaines de cadavres, vêtus en civil, notamment dans la localité de Boutcha près de Kyiv, ont créé une onde de choc.

Le pape François a fustigé mercredi «une cruauté toujours plus horrible (y compris) contre les civils, des femmes et des enfants». La Chine, très prudente sur le conflit, a évoqué des images «profondément dérangeantes», mais a rappelé que «toute accusation doit être fondée sur des faits».

Les autorités ukrainiennes affirment de leur côté redouter la découverte d'autres massacres et que Boutcha ne soit «pas le pire».

Sur le terrain, Moscou continue à mettre en place sa nouvelle stratégie: concentrer les efforts sur le Donbass, bassin minier de l'est de l'Ukraine en partie tenue depuis 2014 par des séparatistes prorusses.

Les troupes russes «vont se réarmer, recevoir des renforts (…) pour lancer une nouvelle offensive très concentrée dans la région du Donbass», a averti mardi M. Stoltenberg, évoquant «une phase cruciale de la guerre».

Des journalistes de l'AFP ont constaté mercredi matin des pilonnages réguliers sur Severodonetsk, 100 000 habitants avant le conflit, la ville la plus à l'est tenue par l'armée ukrainienne dans le Donbass, tout près de la ligne de front.

Un bâtiment était en feu et de très rares civils étaient visibles dans les rues, courant se mettre à couvert dès que les frappes reprenaient.

Un convoi humanitaire de l'ONU a pu atteindre la ville mardi, apportant nourriture et couvertures pour quelque 17 000 personnes, ainsi que quatre générateurs électriques pour les hôpitaux de la ville.

À Vougledar, ville de 15 000 habitants à 50 kilomètres au sud-ouest de Donetsk, deux civils ont été tués et cinq blessés dans le bombardement d'un centre de distribution d'aide, selon le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kirilenko.

Le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a de son côté appelé les habitants à quitter la zone: «Évacuez tant que c'est sûr (…) Tant qu'il y a des bus et trains, profitez de cette possibilité. Hier, les Russes ont endommagé les communications ferroviaires (…) C'est encore un signal du danger. Mettez-vous et vos proches en sécurité».

 

«Surprises»

Un peu plus loin, les forces ukrainiennes se préparaient à défendre une route reliant Izioum, récemment prise par les forces russes, aux villes voisines de Sloviansk et Kramatorsk, capitale de fait de l'Est contrôlé par Kyiv.

Encombrée d'obstacles antichars, la route est entourée de tranchées creusées au bulldozer. Pièces d'artillerie et autres engins blindés plus ou moins enterrés parsèment les environs et la forêt est truffée d'abris et autres matériels.

«Les Russes s'activent, nous savons qu'ils se préparent à attaquer», a expliqué à l'AFP un officier supérieur, évoquant une multiplication des vols d'hélicoptères russes au-dessus du front.

«Nous sommes prêts. (…) Nous leur avons préparé quelques surprises», a ajouté ce vétéran de la guerre de 2014, blessé deux fois.

La logistique ukrainienne est également visée. Selon le ministère russe de la Défense, cinq dépôts de carburant qui fournissaient les forces ukrainiennes dans les régions de Kharkiv et Mykolaïv, ainsi que dans le Donbass et près de Dnipro (est) ont été détruits dans la nuit par des missiles.

Les frappes aériennes russes ont visé au total 24 sites militaires ukrainiens, selon le ministère.

 

Ma mère ou mes petits-enfants

Les forces russes continuent également à consolider leurs positions sur la bande côtière le long de la mer d'Azov, dans le sud de l'Ukraine, pour relier les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Les combats se concentrent notamment toujours sur la grande ville portuaire de Marioupol, dont le maire qualifiait mardi à la situation comme ayant «dépassé le stade de la catastrophe humanitaire».

Quelque 120 000 habitants sont toujours coincés, selon lui, et les évacués, après un éprouvant voyage de 200 kilomètres, se retrouvent dans des centres d'accueil à Zaporojie, dans les terres.

Angela Berg, une énergique femme de 55 ans, a tout laissé dans l'enfer de Marioupol, y compris sa mère, trop âgée pour ce périple.

«Un homme armé d'une mitraillette nous a forcés à nous coucher au sol devant notre immeuble de 12 étages, sur des bouts de verre brisé. Puis ils ont commencé à tirer dessus avec des chars, l'immeuble a pris feu. Et l'homme à la mitraillette tirait sur les gens qui tentaient de sortir», a-t-elle raconté à l'AFP.

«Ils ne nous ont rien laissé récupérer jusqu'à ce que tout ait brûlé ni affaires ni documents», a-t-elle ajouté, précisant qu'elle a dû abandonner sa mère et sa belle-sœur invalide pour sauver le reste de sa famille, dont sa petite-fille de trois mois, malade.

«C'est la plus pénible décision que j'aie jamais prise. J'ai dû choisir entre ma mère et mes petits-enfants».

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