Ce bébé qui bouleverse la vie financière


Édition de Mai 2016

Ce bébé qui bouleverse la vie financière


Édition de Mai 2016

L'arrivée d'un enfant chamboule la vie financière d'un couple. Comment faire face aux nouvelles obligations engendrées par un bébé.

Quand ils parlent de Rose, leur blondinette de 17 mois qui dort dans une chambre attenante au salon de leur condo de l'Île-des-Sœurs, Christopher Läkemäker et Marie-Claude Savard rient. «Elle est déjà plus riche que nous !» blaguent-ils, énumérant tout ce que leur fille a reçu depuis sa naissance : une chambre de princesse rénovée au coût de 5 000 dollars, une poussette et un banc d'auto offerts en cadeau, des jouets et des vêtements envoyés d'Italie et des Pays-Bas par la famille paternelle... La liste est longue. Et avant même d'avoir fait ses premiers pas, Rose accumulait près de 3 000 dollars dans un Régime enregistré d'épargnes études (REEE), une gracieuseté des grands-parents.

Good karma baby, souffle Christopher. Pourtant, quelques mois avant l'arrivée du bébé, ce Montréalais anglophone de 38 ans était au chômage. «C'était un peu stressant. Mais quand il s'agit d'avoir un enfant, il ne faut pas trop s'en faire avec l'argent. Ça débloque toujours», dit-il. Cela a du moins été le cas pour lui ; il a retrouvé un emploi à temps plein dans son domaine, le marketing en ligne, juste à temps pour accueillir son premier enfant.

Sa conjointe, Marie-Claude, a accouché de Rose, son seul enfant, à 42 ans. Styliste personnelle à son compte, cette brunette à lunettes a des revenus qui fluctuent au gré des contrats. Enceinte, elle se demandait souvent comment elle allait payer les factures. «Heureusement, à mon âge, j'ai des amies plus jeunes ! dit-elle. Un jour, l'une d'elles m'a dit : "Ne t'en fais pas ; ta fille sera une source d'abondance plutôt qu'une source de dépenses." Et jusqu'ici, c'est plutôt vrai.»

Le coût d'un enfant

Ce couple gagne environ 90 000 dollars par an. Et comme bien des futurs parents, ils n'avaient pas idée des frais engendrés par un enfant avant de réaliser leur projet de famille.

«Je vois des couples arriver pour une consultation en planification budgétaire. Le ventre est bien visible, l'enfant arrive bientôt... Mais personne n'en parle, comme si ça n'allait avoir aucune conséquence sur le budget familial», témoigne Olga Cherezova, conseillère budgétaire à l'Association coopérative d'économie familiale (ACEF) de l'Est de Montréal.

«Ce n'est pas surprenant. Bien des couples accueillent leur progéniture sans s'être préparés sur le plan financier, renchérit Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Gestion de patrimoine Desjardins. Comme le fait d'avoir un enfant est un projet émotif, les gens croient souvent que ça ne changera rien à leurs finances.»

Cela s'explique en partie du fait qu'on ne fait pas un bébé comme on achète un voyage à Cuba ou des électros, ajoute-t-elle. «Ce n'est pas un achat à prix fixe... Qui sait combien ça coûtera au total ?»

En effet, voilà une vaste question qui rappelle les mystères de l'enfantement. «Si l'on tenait compte du seul facteur économique, personne ne ferait d'enfants dans les sociétés modernes», écrivait en 1976 le démographe et sociologue américain Kingsley Davis dans la préface d'une des premières études américaines à avoir tenté d'accoler un coût à un poupon.

Son constat est encore pertinent aujourd'hui.

Il n'y a pas de consensus sur la question. Au Canada, les résultats de recherches menées sur ces coûts présentent des écarts importants. Les différences méthodologiques y sont pour beaucoup, mais aussi le mode de vie des parents, leurs valeurs, leur débrouillardise quand il s'agit d'économiser, et surtout, leurs revenus : plus les parents sont aisés, plus ils dépenseront pour leurs héritiers, constatent une majorité de chercheurs.

À titre indicatif, Justice Québec a fixé les pensions alimentaires à verser en cas de séparation à 7 180 dollars pour les parents qui ont un revenu annuel de 50 000 dollars, et à 10 650 dollars pour ceux qui gagnent 100 000 dollars. Ces montants correspondent à la moyenne des dépenses annuelles nécessaires pour combler les besoins d'un enfant, selon le ministère, qui les a établies en comparant les dépenses des familles avec enfants à celles des familles sans enfant.

Si on projette donc une moyenne de 10 000 dollars par an jusqu'à la majorité, ce sont 180 000 dollars que les parents devront débourser, et ce, à condition que leur chérubin soit indépendant à 18 ans, ce qui est rarement le cas.

Baisse de revenus, hausse des dépenses

«Personne n'est jamais prêt à avoir des enfants... Alors, pourquoi attendre ? On s'arrangera bien une fois là !» C'est ce que se sont dit l'an dernier Annik Bergeron, 28 ans, et Nikolas Dumas-Gagnon, 30 ans, qui ont accueilli leur petit Charlie dans leur jumelé de Victoriaville il y a sept mois. «Comme j'ai appris que j'étais enceinte après trois mois de grossesse sans symptômes, on n'a pas eu beaucoup de temps pour se préparer», explique Annik, psychoéducatrice dans le milieu de la santé, actuellement en congé de maternité payé sous le Régime québécois d'assurance parentale (RQAP).

Le RQAP offre à la mère soit 75 % de son salaire hebdomadaire moyen pendant 15 semaines, soit 70 % pendant 18 semaines. Ensuite, toujours selon l'option choisie, les prestations parentales couvrent 75 %, 70 % ou 55 % du salaire pendant le reste du congé de maternité qui peut s'étirer jusqu'à 50 semaines.

Actuellement, Annik empoche 55 % de ses revenus. «On est plus "serrés" et on sort moins qu'avant, mais on se débrouille bien», se félicite le jeune couple, qui compte habituellement sur un revenu familial de 80 000 dollars par an. Pour arrondir le budget, Nikolas donne des cours de conduite en soirée, en plus de travailler à temps plein dans le domaine de la vente.

Le fait d'avoir du mal à joindre les deux bouts pendant la première année qui suit la naissance est chose courante, confirme Sophie Sylvain, chez Desjardins. «À cause du congé parental, alors que les revenus familiaux baissent, les dépenses, elles, augmentent. Les parents doivent combler un manque à gagner de plusieurs milliers de dollars. Ils manquent de liquidités et doivent adapter leur budget.»

Il est vrai que bébé arrive avec son lot de factures à payer : vêtements de maternité, lit, matelas, meubles, literie, doudous, table à langer, siège d'auto, porte-bébé, poussette, chaise haute, parc, barrières, chaise berceuse, jouets, pyjamas, combinaison d'hiver, tire-lait, lait maternisé, biberons, couches, alouette...

Difficile toutefois de fixer le coût total de ces dépenses, car il y a de tout à tous les prix. «Attention aux dépenses exorbitantes ! prévient la conseillère budgétaire Olga Cherezova. Il est normal de vouloir ce qu'il y a de mieux pour votre enfant, mais les petits préfèrent souvent s'amuser avec des plats en plastique qu'avec des jouets sophistiqués et coûteux.»

La dépense la plus importante est souvent l'incontournable poussette, équipement nécessaire à la mobilité de la famille. Annik et Nikolas ont payé la leur 500 dollars et ils en sont satisfaits. Le prix d'une poussette peut grimper jusqu'à 1 000 dollars.

«Mais les jeunes familles peuvent économiser beaucoup en faisant appel à leur famille ou à leur entourage», dit Olga Cherezova. Et elles peuvent facilement trouver des aubaines dans les friperies, dans les petites annonces en ligne ou dans les magasins à grande surface. C'est là que Marie-Claude et Christopher, le couple de l'Île-des-Sœurs, économisent, notamment sur les couches ; ils paient environ 40 dollars pour 250 couches. «C'est beaucoup moins cher qu'en pharmacie», disent-ils.

De leur côté, Annik et Nikolas, de Victoriaville, s'en sont tirés à 300 dollars pour un lot de couches lavables usagées et ont acheté quelques couches neuves. «Si on se compare à des amis qui ont dépensé 3 000 dollars en couches jetables en deux ans, pour nous, c'est un choix tant écologique qu'économique», explique Nikolas.

À ces dépenses essentielles, il faut ajouter une hausse des frais d'épicerie - surtout que les fruits et légumes pour préparer des purées coûtent de plus en plus cher -, de pharmacie et de transport (essence ou taxis) pour les suivis médicaux du bambin. Sans oublier la facture d'électricité qui pourrait exploser, «surtout si vous passez vos nuits devant le poêle à stériliser des biberons !» souligne Christopher.

«Pour pallier la baisse des revenus, les couples devraient mettre de l'argent de côté avant d'avoir un enfant. Mais ce n'est malheureusement pas courant», constate la planificatrice financière Sophie Sylvain.

Travailleuse autonome sans filet, Marie-Claude avait prévu le coup, et elle avait économisé 10 000 dollars, un coussin qui a été épuisé durant son congé de maternité, en dépit des prestations du RQAP. Christopher, qui s'autoproclame «extrémiste de l'épargne», est aussi à sec depuis l'acquisition de leur premier condo l'an dernier, acheté pour accueillir sa petite famille.

Comme beaucoup d'autres, ce couple a goûté au débordement des prix de l'immobilier qui sévit depuis 15 ans au Québec, et qui pèse lourdement sur les finances des familles. L'arrivée d'un enfant signifie souvent la recherche d'un logement plus grand, idéalement avec un jardin. Certains couples se tournent alors vers l'achat d'une propriété, ce qui explique pourquoi les couples avec enfant sont en moyenne 1,5 fois plus endettés que les couples sans enfant, un ratio à peu près constant depuis 1999, selon l'Institut de la statistique du Québec.

«On a aussi dû sacrifier les restos, le lifestyle, dit Christopher. On a un cellier, mais il est vide parce qu'on n'a plus les moyens de boire du vin ! C'est normal de ne plus avoir le même train de vie avec un enfant. Par contre, ce qui nous tue, c'est la garderie.»

Le casse-tête des garderies

Au Québec, le gouvernement subventionne plus de 221 000 places à contribution réduite (7,30 $ en 2015 ; 7,55 $ en 2016) dans les centres de la petite enfance (CPE), les garderies privées et les services de garde en milieu familial subventionnés. Les parents qui ne trouvent pas de place dans ces endroits pour leur enfant peuvent l'inscrire dans une garderie non subventionnée. Ils bénéficieront alors du crédit d'impôt provincial pour frais de garde, qui peut être versé de façon anticipée tous les mois.

«Ah ! Les services de garde !» Voilà un sujet qui «crinque» Marie-Ève Potvin, mère de Léo, 5 ans, et d'Ana, 2 ans. Cette recherchiste de 36 ans dit avoir «halluciné» en magasinant plus d'une trentaine de garderies pour son fils.

«Que ce soit merveilleux ou miteux avec des pogos pour le lunch, c'est pareil. Il n'y avait rien à moins de 40 dollars par jour dans les services de garde non subventionnés.» Sa fille Ana a pour sa part toujours bénéficié d'une place subventionnée à contribution réduite.

Ce qui met cette mère en colère, c'est qu'elle ignore le coût réel des services de garde, une fois tous les crédits et toutes les déductions fiscales appliqués au provincial et au fédéral. «Pour Léo, notre comptable a finalement calculé que ça revenait à environ 15 dollars par jour. C'est tellement compliqué ! Ça ne me dérange pas que les coûts soient adaptés au revenu des familles, ni de payer plus cher, car l'éducation, c'est primordial. Mais j'aimerais mieux payer le vrai prix chaque mois et pouvoir le budgéter.»

Son exaspération a grimpé d'un cran avec l'augmentation des frais des services de garde subventionnés, qui a surpris bien des familles cette année, confirme Sylvain Moreau, associé en fiscalité au bureau de Saint-Jérôme du cabinet Raymond Chabot Grant Thornton.

En plus du tarif journalier de base de 7,30 dollars par enfant, les parents doivent désormais verser une contribution supplémentaire calculée selon leurs revenus. Pour le premier enfant, selon les revenus familiaux, cette contribution a varié de 0,70 dollar à 12,70 dollars par jour pour 2015.

Cependant, lors du dépôt du budget en mars dernier, le gouvernement du Québec a annoncé une réduction de 50 % de la contribution additionnelle exigée pour un second enfant inscrit dans un service de garde subventionné, applicable aussi pour 2015. Aucune cotisation supplémentaire n'est exigible pour les enfants suivants - seul le tarif journalier de base continue alors de s'appliquer pour ceux-ci.

En plus de complexifier le budget des familles, cette cotisation additionnelle n'est payable qu'une fois l'an, pendant la période des déclarations de revenu, et peut donc entraîner une dette envers le gouvernement. «Il faut prévoir cette dépense dans son budget, conseille Sophie Sylvain. Des calculateurs en ligne permettent d'estimer la somme à mettre de côté.»

Les dépenses «plates» obligatoires

Cependant, cela ne s'arrête pas là. À la naissance, l'enfant amène avec lui d'autres frais incontournables souvent ignorés des parents.

Ces derniers doivent prévoir une panoplie de contrats, qu'il s'agisse notamment du testament, du mandat de protection en cas d'inaptitude ou de l'assurance vie. Non seulement ces produits financiers sont coûteux, mais ils exigent qu'on pense à des éventualités sinistres : la maladie, les accidents, la mort. Rien à voir avec les joies de la naissance !

«Malheureusement, on dirait que les gens ont peur de mourir en allant faire faire leur testament ! Bien des parents repoussent cette tâche», remarque Sophie Sylvain.

Dès la naissance de Rose, Marie-Claude a fait préparer son testament et un mandat de protection chez un notaire pour 500 dollars environ. Christopher n'a toujours pas fait l'exercice. «Mais c'est sur ma liste», promet-il.

Pour leur part, Marie-Ève et son conjoint de fait, qui sont parents depuis cinq ans, n'ont toujours ni testament ni mandat de protection.

«La volonté est là, mais cette dépense, qui varie de 500 à 1 500 dollars, rebute souvent les nouveaux parents, qui sont nombreux à amputer leur budget après l'arrivée d'un enfant», constate la notaire Denise Archambault, coauteure du livre de finances personnelles Les bons comptes font les bons couples. Or, sans testament ni mariage, une personne pourrait voir ses enfants hériter des avoirs de son conjoint si celui-ci mourait.

Dans cette éventualité, une assurance vie permet de combler le manque à gagner et les besoins de l'enfant. Une police d'assurance invalidité ou maladies graves permet aussi de pallier une perte du revenu importante en cas d'arrêt de travail prolongé.

Mais quelle place prennent ces protections dans le budget ?

Par exemple, un couple non fumeur dans la trentaine peut souscrire une assurance vie de 300 000 dollars pour 162 dollars par mois environ (1 950 $ par an), estime Maud Salomon, conseillère en sécurité financière, représentante autonome. Pour le même prix, des parents réduisent la prime d'assurance vie pour ajouter une police d'assurance invalidité ou maladies graves qui couvre notamment le cancer, explique-t-elle. «On survit de plus en plus à la maladie, mais dans quel état financier ? Les gens craignent d'avoir à vendre leur maison ou de perdre leur fonds de retraite s'ils tombent malades.» De nombreux parents assurent aussi leur enfant, remarque-t-elle. Une assurance vie de 10 000 dollars qui couvre au minimum les frais funéraires coûte environ 60 dollars par an, et une assurance maladies graves, 310 dollars par an environ.

Prestations familiales : un petit coup de pouce

Depuis que Marie-Claude a repris ses activités professionnelles, Rose fréquente une garderie familiale non subventionnée qui coûte 37 dollars par jour, soit 750 dollars par mois. «C'est presque une autre hypothèque !» souligne- t-elle. Heureusement, chaque mois, elle en récupère une partie grâce aux versements anticipés du crédit d'impôt provincial pour garde d'enfant, auquel seuls les parents qui envoient leurs enfants en garderie non subventionnée sont admissibles.

Ce qui aide aussi à garder les finances du couple à flot, ce sont les prestations familiales reçues depuis la naissance de Rose. Longtemps connues sous le nom d'allocations familiales, ces prestations sont non imposables et sont calculées en fonction du revenu des parents et du nombre d'enfants.

D'abord, au moyen de quatre paiements par an, le gouvernement provincial verse le Soutien aux enfants, qui varie selon le revenu du ménage de 671 à 2 392 dollars en 2016 pour le premier enfant mineur.

Ensuite, le fédéral verse chaque mois la Prestation fiscale canadienne pour enfants de moins de 18 ans (PFCE) ; le montant annuel de base pour 2016 est de 1 471 dollars par enfant. Toutefois, cette prestation diminue quand le revenu familial atteint 44 701 dollars, et n'est plus versée quand le revenu dépasse le seuil des 118 251 dollars (pour un ou deux enfants) et de 157 601 dollars (pour trois enfants ou plus). Le Supplément de la prestation nationale pour enfants, de 2 279 dollars pour le premier enfant, est pour sa part réservé aux familles dont le revenu est inférieur à 26 021 dollars.

À cela s'ajoute la Prestation universelle pour la garde d'enfants (PUGE), une aide financière fixe, mais imposable, versée à tous les parents d'un enfant mineur (160 $ pour les enfants de moins de six ans, 60 $ pour les enfants de six ans et plus), quel que soit leur revenu familial.

Cependant, à partir de juillet 2016, ces trois mesures fédérales seront fondues en une seule, l'Allocation canadienne pour enfants (ACE), un nouveau système simplifié et plus généreux annoncé dans le dernier budget fédéral. Modulée en fonction du revenu, cette aide financière non imposable s'élèvera à un maximum de 6 400 dollars pour les enfants de moins de six ans et à 5 400 dollars pour les enfants de six ans et plus. À compter d'un revenu familial de 30 000 dollars, la prestation diminue progressivement, et disparaît lorsque le revenu atteint un certain seuil, qui varie selon le nombre et l'âge des enfants.

Selon le calculateur mis en ligne par le gouvernement fédéral, l'ACE cesse d'être versée quand le revenu familial atteint 188 000 dollars pour une famille qui compte un enfant de moins de six ans, et 207 000 dollars pour une famille qui a deux enfants de moins de six ans.

Le défi de l'épargne

Marie-Ève Potvin épargne autant que possible les prestations familiales reçues dans un compte destiné à ses enfants. «J'y ai accumulé 4 000 dollars jusqu'à présent.» C'est la seule épargne qu'elle a amassée depuis qu'elle est maman.

L'épargne est un des premiers postes budgétaires négligés après l'arrivée d'un enfant, confirme Sophie Sylvain, de Desjardins. De leur côté, Annik et Nikolas voudraient bien épargner davantage, mais impossible pour l'instant de faire plus que rembourser leurs prêts étudiants, cotiser un peu à leur REER et accumuler la mise de fonds qui leur permettra d'acheter une maison plus spacieuse pour accueillir un deuxième enfant, le cas échéant.

Nikolas verse aussi 50 dollars par mois dans le Régime enregistré d'épargnes études (REEE) de Charlie. «C'est peu, mais on sait qu'on sera capables de verser cette somme chaque mois. On mettra davantage plus tard.»

Le chiffre magique à retenir : 2 500 dollars par an. C'est cette cotisation qui permet d'être admissible aux subventions maximales versées tous les ans dans le REEE par les deux paliers gouvernementaux : l'Incitatif québécois à l'épargne-études (250 $ par an, 3 600 $ à vie) et la Subvention canadienne pour l'épargne-études (500 $ par an, 7 200 $ à vie).

Certaines familles à faibles revenus peuvent aussi réclamer le Bon d'études canadien (BEC) (500 $ à l'ouverture du REEE, plus 100 $ par an jusqu'à ce que l'enfant atteigne ses 15 ans) sans que les parents aient à contribuer eux-mêmes au régime.

Cotiser ne serait-ce que 100 dollars par mois à un REEE dès la naissance, soit 1 200 dollars par an, est très avantageux, affirme Sophie Sylvain. «Après 17 ans, les parents auront épargné 20 400 dollars de leur poche et auront profité de 7 395 dollars en subventions. Si l'on tient compte d'un taux d'intérêt de 4,4 %, ce REEE vaudra donc 42 000 dollars, par rapport à 28 000 dollars pour la même somme investie hors REEE au même taux de rendement, soit une différence de 14 000 dollars.»

L'attrait principal du REEE est que le capital investi appartient toujours à celui qui a ouvert le compte - seuls les subventions obtenues et les intérêts devront obligatoirement servir à financer les études de l'enfant. Ainsi, un parent peut un jour retirer sans pénalité son capital pour renflouer un REER qui aurait été négligé, par exemple.

Quant à l'épargne-retraite des parents, même s'il est recommandé de commencer tôt, il ne faut pas se culpabiliser si on retarde cet effort jusqu'au moment où l'on aura une plus grande marge de manœuvre. «Se serrer la ceinture à outrance risque d'imposer un stress inutile aux parents», souligne la conseillère budgétaire Olga Cherezova.

L'essentiel, quand on fonde une famille, est d'éviter l'endettement excessif, de craquer pour une maison trop luxueuse pour ses moyens ou de considérer une voiture neuve comme une nécessité. Il importe également de se constituer un coussin de sécurité, dans un compte d'épargne libre d'impôt (CELI) par exemple. Et de sortir sa calculette de temps à autre ! En effet, la facture de la parentalité change aussi vite qu'un enfant grandit. Bientôt, les nouveaux parents devront adapter leur budget pour tenir compte des frais liés à la rentrée scolaire, du service de garde de l'école, des innombrables lunchs, des cours de piano ou de l'inscription à l'équipe de soccer du quartier, etc., et ce, jusqu'au bal de finissant !

Et encore, c'est si le cher petit ne se transforme pas en Tanguy...

Le coût d'un enfant selon...

Justice Québec

2016: Contributions alimentaires à verser : 7 180 dollars pour les parents qui ont un revenu annuel de 50 000 dollars ; 10 650 dollars pour ceux qui gagnent 100 000 dollars et plus par an.

Étude de l'Institut Fraser

2013 : De 3 000 à 4 500 dollars - qui ne couvrent que les besoins essentiels. Cette somme ne tient pas compte des frais de garde et des activités parascolaires, entre autres.

Enquête du magazine canadien MoneySense

2012: Une moyenne de 12 500 dollars par an

Estimation de l'ACEF de l'Est de Montréal

2008: De 1 100 dollars (allaitement, couches lavables, achat d'équipements usagé et dons) à 13 300 dollars, soit 5 200 dollars en moyenne.

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