Comment l'expansion du règne animal pourrait influencer votre entreprise

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Février 2022

Comment l'expansion du règne animal pourrait influencer votre entreprise

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Édition du 16 Février 2022

Par Catherine Charron

Les dépenses des ménages pour leurs compagnons ont augmenté durant la pandémie. (Photo: Martin Flamand)

 

Au Québec, en 2021, on comptait environ 3 250 000 animaux de compagnie répartis dans 52 % des ménages de la province, une première selon l’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux. Et la tendance à la hausse n’est pas près de s’essouffler.
En effet, selon un sondage mené en novembre 2021 par la société spécialisée en étude de marché Narrative Research, près de 20 % des répondants canadiens laissaient entendre qu’ils prévoyaient accueillir un nouveau compagnon au cours de la prochaine année. Un chiffre qui fait écho à ce qui a été observé au pays en 2020 et en 2021, où 18 % et 15 % des foyers ont adopté une bête.
Soulignons que 39 % des familles n’en avaient pas avant la première vague de COVID-19. 
Tous les acteurs de l’industrie des animaux de compagnie avec qui « Les Affaires » s’est entretenu brossent un portrait similaire à celui de Narrative Research et ne s’attendent pas à ce que la demande se mette au pas. « Les éleveurs nous racontent que les délais [pour obtenir un de leurs petits] ne cessent de s’allonger ; ils sont maintenant de deux ans, et ça ne modère pas », rapporte Andrée Bellefeuille, fondatrice du fabricant de gâteries haut de gamme pour chiens Todd et Paul.
L’entrepreneure de la région de Trois-Rivières révèle que la pandémie a alimenté de façon « exponentielle » son chiffre d’affaires et sa production, qui ont doublé en deux ans. La demande est telle qu’elle a même engagé une représentante commerciale pour distribuer ses biscuits dans l’ensemble de la province. « Notre clientèle cible est les 18 à 55 ans, et c’est là qu’il y a eu une explosion de l’adoption de chiens. Ces nouveaux parents sont soucieux de ce qu’ils vont offrir à leur animal », observe-t-elle.
Des données de Statistique Canada lui donnent raison. Entre le troisième trimestre de 2019 et de 2021, les dépenses des ménages pour leurs compagnons sont passées de 1444 $ à 1813 $, tandis que celles qui ont été défrayées en soins vétérinaires ont crû de 997 $ à 1220 $.
Cette hausse de la demande n’a pas manqué d’exercer des pressions supplémentaires sur le secteur de la médecine vétérinaire, qui souffrait déjà d’une pénurie de main-d’œuvre avant mars 2020. De plus, les protocoles sanitaires mis en place ont réduit leur offre de services.
« Lorsqu’on adopte un jeune animal, c’est là où il y a plus d’interventions, comme la vaccination, des chirurgies. Il y a aussi une plus grande ouverture à permettre au vétérinaire de pousser plus loin dans la recherche de diagnostic avec des appareils et des traitements plus spécialisés », souligne le président de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, Dr Gaston Rioux.
Une portée de points de vente
Les commerçants ont également profité de l’engouement des Québécois pour Fido. Entre 2016 et 2020, les ventes au détail d’aliments pour animaux de compagnie au Canada ont bondi selon un taux de croissance annuel composé de 5,8 %, passant de 3,4 milliards de dollars (G$) à 4,2 G$, indiquent des données d’Euromonitor International. 
Dans son analyse sectorielle sur l’industrie des animaux de compagnie au pays, Statistique Canada souligne que la « résilience » notée est en grande partie attribuée au fait que les maîtres de ces bêtes, isolés et coincés à la maison pour la plupart, ont réorienté leurs dépenses vers leur fidèle compagnon. 
« Ce sont des membres de la famille. Et du moment où tu le considères comme tel, tu veux en prendre soin, bien le nourrir ou lui offrir des jouets. Il y en a pour qui l’animal était leur seule présence. Ça a aidé le marché en général », observe le président du Groupe Legault, qui possède la bannière Mondou, Martin Deschênes. 
Les deux dernières années ont été particulièrement fastes pour l’organisation, qui a inauguré six adresses et mis la main sur le détaillant Ren’s Pet, son pendant en Ontario et dans les Maritimes. La prochaine année sera tout aussi chargée, à cause de l’étalement de son réseau de boutiques autant au Québec qu’à l’extérieur, et aussi de l’ouverture de ses installations de production d’aliments secs à Drummondville au deuxième trimestre de 2022.
Si différents chantiers étaient amorcés avant la première vague de COVID-19, Martin Deschênes concède que plusieurs d’entre eux se sont accélérés au cours des 18 derniers mois. « Ce sont de gros investissements qui se préparent. […] Ça fait quatre ans qu’on travaille sur le projet d’usine avec la famille Désilet. Même chose avec l’acquisition en Ontario. On voulait déjà aller à l’extérieur du Québec », raconte-t-il.
Le PDG du franchiseur Chico, Pierre Charbonneau, fait un constat similaire. « Le Groupe Chico a une bonne recette, et en plus, on se trouve dans un secteur d’activité demandé, contrairement à d’autres pour qui la pandémie a été plus difficile. »
En 2020, 14 boutiques se sont ajoutées à son réseau, 16 ont ouvert en 2021, et une quinzaine d’autres sont dans le pipeline, affirme celui qui a fondé l’entreprise dans les années 1980.
Nombreuses bouches à nourrir
Pierre Charbonneau comme Martin Deschênes précisent toutefois que l’augmentation des dépenses était déjà observée chez les maîtres d’animaux de compagnie avant le début de la pandémie, mais qu’elle s’est accélérée depuis, principalement à cause du plus important nombre de bêtes dans la province. 
La demande pour certains produits a grandement fluctué au cours des derniers mois. Au moment où les Québécois accumulaient le papier de toilette, ils collectionnaient aussi les biens de subsistance, comme la nourriture ou la litière. « On voulait sauver les meubles », résume Martin Deschênes. Puis, disposant de plus de liquidités et ayant plus de temps à consacrer à leur compagnon, ce sont vers les jouets et les produits de confort que les propriétaires se sont tournés.
Aujourd’hui, les deux dirigeants d’entreprise constatent une hausse similaire des ventes, d’un rayon du magasin à l’autre. Cette explosion génère néanmoins son lot de défis, les détaillants ayant eux aussi à jongler avec les bris de la chaîne d’approvisionnement.
Statistique Canada s’attend à ce que l’augmentation de la richesse des Canadiens, le changement de la composition des ménages et le vieillissement de la population, notamment, alimentent « l’innovation et [le] développement de produits, surtout pour les petits animaux de compagnie, qui ont besoin de moins d’espace et d’entretien », écrit-on.
« Les Affaires » n’est pas parvenu à déterminer si cette forte hausse de la demande a créé un vent de nouvelles incorporations au Québec. Mondou, qui tente d’offrir une place aux biens québécois sur ses tablettes, ne semble pas avoir observé un tel phénomène.
Chose certaine, les Canadiens, eux, répondront présents à l’appel, car d’ici 2025, Euromonitor prévoit que les ventes au détail de l’industrie des animaux de compagnie devraient atteindre 5,3 G$. Après tout, leurs petites bêtes pandémiques se tiendront à leurs côtés pour les 10 prochaines années.

 

Au Québec, en 2021, on comptait environ 3 250 000 animaux de compagnie répartis dans 52% des ménages de la province, une première selon l’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux. Et la tendance à la hausse n’est pas près de s’essouffler.

En effet, selon un sondage mené en novembre 2021 par la société spécialisée en étude de marché Narrative Research, près de 20% des répondants canadiens laissaient entendre qu’ils prévoyaient accueillir un nouveau compagnon au cours de la prochaine année. Un chiffre qui fait écho à ce qui a été observé au pays en 2020 et en 2021, où 18% et 15% des foyers ont adopté une bête.

Soulignons que 39 % des familles n’en avaient pas avant la première vague de COVID-19. 

Tous les acteurs de l’industrie des animaux de compagnie avec qui Les Affaires s’est entretenu brossent un portrait similaire à celui de Narrative Research et ne s’attendent pas à ce que la demande se mette au pas. «Les éleveurs nous racontent que les délais [pour obtenir un de leurs petits] ne cessent de s’allonger; ils sont maintenant de deux ans, et ça ne modère pas», rapporte Andrée Bellefeuille, fondatrice du fabricant de gâteries haut de gamme pour chiens Todd et Paul.

L’entrepreneure de la région de Trois-Rivières révèle que la pandémie a alimenté de façon «exponentielle» son chiffre d’affaires et sa production, qui ont doublé en deux ans. La demande est telle qu’elle a même engagé une représentante commerciale pour distribuer ses biscuits dans l’ensemble de la province. «Notre clientèle cible est les 18 à 55 ans, et c’est là qu’il y a eu une explosion de l’adoption de chiens. Ces nouveaux parents sont soucieux de ce qu’ils vont offrir à leur animal», observe-t-elle.

Des données de Statistique Canada lui donnent raison. Entre le troisième trimestre de 2019 et de 2021, les dépenses des ménages pour leurs compagnons sont passées de 1444$ à 1813$, tandis que celles qui ont été défrayées en soins vétérinaires ont crû de 997$ à 1220$.

Cette hausse de la demande n’a pas manqué d’exercer des pressions supplémentaires sur le secteur de la médecine vétérinaire, qui souffrait déjà d’une pénurie de main-d’œuvre avant mars 2020. De plus, les protocoles sanitaires mis en place ont réduit leur offre de services.

«Lorsqu’on adopte un jeune animal, c’est là où il y a plus d’interventions, comme la vaccination, des chirurgies. Il y a aussi une plus grande ouverture à permettre au vétérinaire de pousser plus loin dans la recherche de diagnostic avec des appareils et des traitements plus spécialisés», souligne le président de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, Dr Gaston Rioux.

 

Une portée de points de vente

Les commerçants ont également profité de l’engouement des Québécois pour Fido. Entre 2016 et 2020, les ventes au détail d’aliments pour animaux de compagnie au Canada ont bondi selon un taux de croissance annuel composé de 5,8%, passant de 3,4 milliards de dollars (G$) à 4,2 G$, indiquent des données d’Euromonitor International. 

Dans son analyse sectorielle sur l’industrie des animaux de compagnie au pays, Statistique Canada souligne que la «résilience» notée est en grande partie attribuée au fait que les maîtres de ces bêtes, isolés et coincés à la maison pour la plupart, ont réorienté leurs dépenses vers leur fidèle compagnon. 

«Ce sont des membres de la famille. Et du moment où tu le considères comme tel, tu veux en prendre soin, bien le nourrir ou lui offrir des jouets. Il y en a pour qui l’animal était leur seule présence. Ça a aidé le marché en général», observe le président du Groupe Legault, qui possède la bannière Mondou, Martin Deschênes. 

Les deux dernières années ont été particulièrement fastes pour l’organisation, qui a inauguré six adresses et mis la main sur le détaillant Ren’s Pet, son pendant en Ontario et dans les Maritimes. La prochaine année sera tout aussi chargée, à cause de l’étalement de son réseau de boutiques autant au Québec qu’à l’extérieur, et aussi de l’ouverture de ses installations de production d’aliments secs à Drummondville au deuxième trimestre de 2022.

Si différents chantiers étaient amorcés avant la première vague de COVID-19, Martin Deschênes concède que plusieurs d’entre eux se sont accélérés au cours des 18 derniers mois. «Ce sont de gros investissements qui se préparent. […] Ça fait quatre ans qu’on travaille sur le projet d’usine avec la famille Désilet. Même chose avec l’acquisition en Ontario. On voulait déjà aller à l’extérieur du Québec , raconte-t-il.

Le cofondateur du franchiseur Chico, Pierre Charbonneau, fait un constat similaire. «Le Groupe Chico a une bonne recette, et en plus, on se trouve dans un secteur d’activité demandé, contrairement à d’autres pour qui la pandémie a été plus difficile.»

En 2020, 14 boutiques se sont ajoutées à son réseau, 16 ont ouvert en 2021, et une quinzaine d’autres sont dans le pipeline, affirme celui qui a fondé l’entreprise dans les années 1980. Précisons que depuis le 25 février 2022, Chico fait partie de la société ontarienne Pet Value Holdings Limited.

 

Nombreuses bouches à nourrir

Pierre Charbonneau comme Martin Deschênes précisent toutefois que l’augmentation des dépenses était déjà observée chez les maîtres d’animaux de compagnie avant le début de la pandémie, mais qu’elle s’est accélérée depuis, principalement à cause du plus important nombre de bêtes dans la province. 

La demande pour certains produits a grandement fluctué au cours des derniers mois. Au moment où les Québécois accumulaient le papier de toilette, ils collectionnaient aussi les biens de subsistance, comme la nourriture ou la litière. «On voulait sauver les meubles», résume Martin Deschênes. Puis, disposant de plus de liquidités et ayant plus de temps à consacrer à leur compagnon, ce sont vers les jouets et les produits de confort que les propriétaires se sont tournés.

Aujourd’hui, les deux dirigeants d’entreprise constatent une hausse similaire des ventes, d’un rayon du magasin à l’autre. Cette explosion génère néanmoins son lot de défis, les détaillants ayant eux aussi à jongler avec les bris de la chaîne d’approvisionnement.

Statistique Canada s’attend à ce que l’augmentation de la richesse des Canadiens, le changement de la composition des ménages et le vieillissement de la population, notamment, alimentent «l’innovation et [le] développement de produits, surtout pour les petits animaux de compagnie, qui ont besoin de moins d’espace et d’entretien», écrit-on.

Les Affaires n’est pas parvenu à déterminer si cette forte hausse de la demande a créé un vent de nouvelles incorporations au Québec. Mondou, qui tente d’offrir une place aux biens québécois sur ses tablettes, ne semble pas avoir observé un tel phénomène.

Chose certaine, les Canadiens, eux, répondront présents à l’appel, car d’ici 2025, Euromonitor prévoit que les ventes au détail de l’industrie des animaux de compagnie devraient atteindre 5,3 G$. Après tout, leurs petites bêtes pandémiques se tiendront à leurs côtés pour les 10 prochaines années.

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