Claes: électrifier le déneigement, un Dragon à la fois

Publié le 20/12/2023 à 12:00

Claes: électrifier le déneigement, un Dragon à la fois

Publié le 20/12/2023 à 12:00

Par Dominique Talbot

Viviane Chabot, cofondatrice de l’entreprise Claes Équipement avec Michael Claes (Photo: courtoisie)

Pour tout l’automne, Les Affaires vous présente SOLUTION START-UP, une rubrique dédiée aux jeunes entreprises innovantes du Québec. Vous découvrirez des entreprises qui ont franchi l’étape de l’«accélération». C’est un rendez-vous chaque semaine, tous les mercredis à 12h.

SOLUTION START-UP. L’histoire devait commencer sur les tarmacs des aéroports. C’est plutôt sur les routes du Québec que le dragon électrique de Claes Équipement souffle le chaud sur le froid de l’hiver. 

«Nous avons commencé avec notre série d’équipements par le déneigement aéroportuaire. Nous avons rencontré plusieurs obstacles pour commercialiser. [Ensuite], nous avons fait un parcours entrepreneurial avec l’incubateur Propolys, de Polytechnique Montréal, et on nous a plutôt conseillé de nous tourner vers le marché municipal. Michael est retourné en conception l’hiver dernier et c’est là que nous avons construit le Dragon électrique», raconte Viviane Chabot, cofondatrice de l’entreprise avec Michael Claes. 

Le Dragon électrique, c’est une souffleuse détachable haute puissance, électrique il va sans dire. Conçue par la jeune entreprise de la Côte-de-Beaupré, dans la région de Québec, elle vise à remplacer celles à essence arrimées à de la machinerie lourde, déployées sur les routes du Québec depuis des décennies. 

Comme l’explique Viviane Chabot, cette souffleuse n’était pas la première idée de Michael Claes quand il s’est lancé dans l’aventure de l’entrepreneuriat en 2018. À cette époque, il cherchait plutôt à révolutionner l’industrie du déneigement aéroportuaire. 

«On ne lâche pas, car ces produits sont déjà conçus et prêts à aller en fabrication. […] Mais c’est plus facile de pénétrer le marché, d’avoir un produit minimum viable, avec le Dragon électrique», fait-elle valoir. 

Cet équipement, Michael Claes l’a conçu en moins d’un an. «Michael maîtrise ça sur le bout de ses doigts. Il a fait la conception d’équipements industriels de déneigement pendant 10 ans. Il a une bonne expertise là-dedans», souligne-t-elle. 

Il n’est peut-être pas encore prêt à la commercialisation, mais les attentes, et les espoirs, sont élevés. Et signe de l’appétit du marché, des municipalités ont déjà manifesté de l’intérêt. 

«Notre premier client, c’est la Ville d’Alma. Ils nous ont fait un bon de commande pour un test à l’hiver 2024. Ils vont débourser 25 000$ pour faire ce test, dit Viviane Chabot. C’est une preuve qu’ils adhèrent à notre projet.» 

Un autre test aura lieu à Victoriaville, cette fois par l’entremise du Centre de gestion de l’équipement roulant du ministère des Transports du Québec. Autre test à 25 000$. 

«Nous avons certains objectifs pour ces tests. Nous voulons évaluer la capacité volumétrique de projection de la neige. Aussi, nous voulons estimer la quantité de gaz à effet de serre qui seront éliminés», explique l’entrepreneure, qui vient justement du secteur des sciences de l’environnement. 

Ce n’est pas un hasard, puisque les changements climatiques sont au cœur des préoccupations de cette dernière, et aussi des produits que Claes Équipement souhaite commercialiser au cours des prochaines années. 

«Pour une seule souffleuse détachable conventionnelle, pour 1000 heures d’utilisation dans une année, c’est environ 105 tonnes de gaz à effet de serre. Notre Dragon pourrait éliminer ça.» 

Et l’autonomie de la batterie dans tout ça? « C’est la même durée d’utilisation que les autres équipements à essence, mais ce n’est pas la même logistique. On estime que nos modules de batteries ont une durée d’utilisation de trois à quatre heures. Ce sont des batteries assez puissantes de 350 kilowattheures», répond Viviane Chabot. «On peut avoir deux modules de batteries. On peut laisser la deuxième dans le camion du signaleur, par exemple. Faire l’échange de la batterie prend cinq minutes. C’est moins long que d’aller faire le plein.» 

Dès l’année prochaine, ces derniers projettent la fabrication et la vente de 15 Dragons électriques, à environ 250 000$ chacun. (Photo: courtoisie)

Des investisseurs aussi se sont pointé le bout du nez, après des années où le couple assurait la survie de Claes en réalisant des mandats professionnels à l’extérieur de la jeune pousse. Une membre de la famille et deux autres personnalités d’affaires ont injecté près de 600 000$ dans le projet de Viviane Chabot et de Michel Claes. 

Dès l’année prochaine, ces derniers projettent la fabrication et la vente de 15 Dragons électriques, à environ 250 000$ chacun. Et finalement, après des années à y rêver, un premier modèle d’équipement de déneigement aéroportuaire pourrait aussi passer des plans de conception à la réalité de la fabrication. 

 

Sur son X

Après avoir refusé un «très bon emploi» dans les sciences de l’environnement, plus question pour Viviane Chabot de regarder en arrière. «Je ne suis pas si bien que ça à travailler 35 heures par semaine dans quelque chose qui est "toujours pareil". J’ai refusé un excellent emploi pour me lancer dans cette entreprise. Les entrepreneurs ont besoin de créer et de résoudre les problèmes. Quand j’étais plus jeune, je surveillais les problèmes environnementaux et ça m’allumait.» 

«Je suis sur mon X en ce moment. Je n’ai jamais regretté. Moi, être en mode survie, ça me donne de l’énergie», ajoute-t-elle. 

Et dans cinq ans, avec Michael Claes, où se voient-ils? «Notre usine sera bâtie et notre série aéroportuaire sera lancée. Nous aurons un beau réseau de clients en Amérique du Nord et nous commencerons à regarder vers l’Europe.»

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