Nouvelle démographie, nouveau marché du travail


Édition du 25 Février 2017

Nouvelle démographie, nouveau marché du travail


Édition du 25 Février 2017

Par Mia Homsy

Mia Homsy

Tous les sondages le prouvent : devant la santé, l'éducation, l'environnement et l'identité, l'emploi est LA priorité des Québécois. Les politiciens gagnent ou perdent des élections selon leur capacité de convaincre la population qu'ils vont créer des emplois et faire baisser le chômage.

Pourtant, la réalité est bien plus nuancée. Le marché de l'emploi dépend de plusieurs variables qui ne relèvent pas du gouvernement, notamment le vieillissement de la population, le prix des ressources naturelles et la vigueur de l'économie mondiale.

L'année 2016 a été une très bonne année pour le Québec, et surtout pour le Grand Montréal, tant sur le plan de la vigueur du marché du travail que sur celui de la qualité des emplois. En novembre 2016, à 6,2 %, le taux de chômage a atteint un creux historique. En matière de création d'emploi, 2016 a été parmi les meilleures années de la dernière décennie : les emplois créés ont été principalement des postes à temps plein et dans le secteur privé, et le travail temporaire et le chômage de longue durée ont diminué. Bref, il y a lieu de se réjouir, peu importe les chiffres qu'on utilise et le regard qu'on y porte.

Cependant, à ce portrait positif, il faut apporter un important bémol. Une nouvelle réalité s'installe pour au moins une décennie, et elle influencera considérablement la dynamique du marché du travail. La population québécoise vieillit, et de nombreuses personnes partent à la retraite. Cela a pour effet de réduire le bassin de travailleurs disponibles et fait baisser artificiellement le taux de chômage.

Quelle en est la conséquence ? L'année 2016 marque un changement de paradigme sur le marché de l'emploi. L'objectif n'est plus tant de créer des emplois que de s'assurer d'avoir assez de monde pour combler les besoins de main-d'oeuvre. Les employeurs cherchent désespérément des travailleurs dans divers domaines (informatique, jeux vidéo, comptabilité, santé et services sociaux, etc.). Trouver de la main-d'oeuvre est devenu la priorité des employeurs. La meilleure façon de garantir des emplois n'est plus de chercher à en créer artificiellement, mais plutôt de tout mettre en oeuvre pour que les employeurs dénichent les talents dont ils ont besoin.

Le bassin de main-d'oeuvre «privilégié» par les employeurs est déjà grandement sollicité. Le taux de chômage des non-immigrants (natifs) de 25 à 64 ans détenant un diplôme universitaire est autour de 3 % à Montréal, soit plus faible qu'à Toronto et à Vancouver.

Des changements s'imposent tant du côté des employeurs que du gouvernement et des citoyens. Les employeurs devront miser sur les immigrants, les étudiants internationaux et les travailleurs de plus de 60 ans. Le gouvernement, lui, devra ajuster ses politiques et assouplir le système d'éducation pour assurer un meilleur arrimage entre les besoins et les formations offertes. Enfin, les citoyens devront valoriser la formation et l'éducation avant la création d'emploi.

Le vent a déjà tourné. Sommes-nous prêts à adapter rapidement nos comportements à ces mutations du marché du travail ? L'année 2017 nous le dira.

Mia Homsy est directrice générale de l'Institut du Québec (IdQ) depuis sa fondation en février 2014.

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