Les indices «intelligents» : la nouvelle recette de la performance


Édition du 27 Août 2015

Les indices «intelligents» : la nouvelle recette de la performance


Édition du 27 Août 2015

Par Richard Guay
D'ailleurs, l'équipe de recherche de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) étudie ses résultats depuis plusieurs années. «Les rendements des indices intelligents sont clairement plus intéressants», nous affirme Patrick Savaria, directeur de la recherche à la CDPQ. Les résultats de l'équipe de la Caisse, obtenus sur plusieurs années et dans plusieurs pays, sont tellement intéressants que la CDPQ songe à les utiliser.

Notons que pour mettre en place une stratégie «intelligente», il n'est pas nécessaire de faire des prévisions. Il suffit d'utiliser les informations contenues dans les états financiers des dernières années (valeur comptable, dividendes, ventes) ou de mesurer la volatilité des dernières années. Dans l'approche considérée par la CDPQ, il n'est même pas nécessaire de faire des prévisions sectorielles. En fait, Patrick Savaria affirme que «les rendements à long terme sont de premier quartile même lorsque le poids de chacun des secteurs industriels est maintenu au même niveau que celui d'un indice traditionnel».

Autrement dit, l'accent est mis sur le poids individuel des entreprises dans les secteurs, et ce poids est établi selon des données fondamentales comme celles-ci : la 1) valeur comptable, 2) les ventes, 3) les bénéfices, 4) les dividendes et 5) les flux monétaires des dernières années. C'est suffisant pour construire un indice et un portefeuille qui dégage des rendements de premier quartile !

Comment fonctionne un indice intelligent

Pour mieux illustrer l'impact d'un indice «intelligent» sur le rendement, faisons appel à un exemple simplifié.

Prenons seulement deux titres (A et B) qui ont chacun versé en 2014 un dividende de 2 $, qui ont une valeur fondamentale de 50 $ en 2015, valeur qui atteindra 55 $ en 2016. Considérons également que les investisseurs évaluent mal les titres en 2015. Plus précisément, le prix du titre A est à 40 $ (sous-évalué puisque sa valeur fondamentale est à 50 $), tandis que le prix du titre B est à 60 $ (surévalué puisque sa valeur fondamentale est à 50 $).

Notons que les investisseurs ne savent pas en 2015 que le titre A est sous-évalué et que le B est surévalué. Les investisseurs font l'erreur de maintenir le prix du titre A à 40 $ (en prévoyant par exemple que les bénéfices de 2016 seront décevants). Pour le titre B, les investisseurs font l'erreur de le maintenir à 60 $ (en prévoyant par exemple que les bénéfices de 2016 seront élevés).

Selon les promoteurs de la méthode des indices intelligents, les prix vont converger en 2016 vers leur valeur fondamentale de 55 $. Ainsi, le rendement du titre A sera de 37,5 % (de 40 $ à 55 $) alors que le rendement du titre B, de - 8,3 % (de 60 $ à 55 $).

Passons maintenant au rendement des deux indices. Le tableau précise que le poids des titres au sein de l'indice traditionnel est proportionnel au prix des actions, c'est-à-dire 40 % pour le titre A (= 40 $ dans un marché de 100 $) et 60 % pour le titre B. Ainsi, le rendement de l'indice traditionnel sera de 10 % (= 40 % x 37,5 % + 60 % x - 8,3 %).

Que fait de mieux un indice intelligent, déjà ? Il n'utilise pas le prix en Bourse pour déterminer le poids. Dans notre exemple, l'indice intelligent utilise plutôt les dividendes de 2014. Puisque les dividendes ont été les mêmes pour les deux entreprises, leur poids sera égal (à 50 %) et le rendement de l'indice intelligent sera de 14,6 % (= 50 % x 37,5 % +50 % x - 8,3 %). C'est 4,6 % de mieux que l'indice traditionnel.

Richard Guay est professeur titulaire en finance à l'ESG UQAM et ancien président de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

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