ProMetic et la tempête parfaite des biotechs

Publié le 02/10/2015 à 11:11

ProMetic et la tempête parfaite des biotechs

Publié le 02/10/2015 à 11:11

Par Jean Gagnon

Plusieurs éléments rendaient le secteur de la santé vulnérable à de mauvaises nouvelles. Il n’aura fallu qu’un texte de quelques lignes d’Hillary Clinton sur Twitter pour déclencher la tempête parfaite.

À l’ouverture des marchés le 21 septembre, le Fonds négocié en bourse IBB qui réplique le secteur de la biotechnologie du Nasdaq cotait 360 $. Ce jour-là, faisant référence à d’énormes hausses de prix sur des médicaments dont la propriété avait récemment changé de mains, Hillary Clinton écrit ce gazouillis sur Twitter : « Une telle manipulation de prix sur des médicaments spécialisés est outrageuse. Demain, j’énoncerai un plan pour remédier à ce problème ».

Six jours plus tard, l’IBB cotait 290 $, une chute de près de 20 % pour ce secteur qui se voulait pourtant le plus performant des 2 dernières années.

Durant ces quelques jours, le cours de l’action de ProMetic, une biotech de Laval dont les progrès des deux dernières années lui ont valu une place dans l’indice composé S&P/TSX, est passée de 1,90 $ à 1,40 $, une chute de plus de 20 %.

Comment expliquer la chose ? Après la récession de 2009, tout le secteur de la santé était très bon marché. Et malgré une relance économique mondiale qui s’annonçait ardue, le secteur offrait alors beaucoup de croissance, rappelle Benoit Brillon, gestionnaire de portefeuilles chez Gestion de portefeuille Landry.

Ce fait n’a pas échappé aux investisseurs qui se sont rués vers le secteur. « Depuis la récession, c’est ce secteur qui a permis des surperformances chez plusieurs gros gestionnaires et hedge funds », dit M. Brillon.

Mais à la mi-août, toute la bourse fut secouée. En l’espace de six séances, l’indice S&P 500 est passé 2 100 à 1 880, une chute de 10,5 %. Le secteur des biotechs avait touché son sommet le 20 juillet et on observait déjà beaucoup de prises de profits.

La chute des bourses à la mi-août a complètement modifié la stratégie de nombreux gestionnaires et hedge funds, explique Benoit Brillon. « Depuis ce moment, ils sont en mode de réduction du risque de leurs portefeuilles », dit-il. Cela se fait généralement en vendant des titres qui ont un bêta élevé et sur lesquelles de bons profits ont été accumulés. Les biotechs étaient donc les candidates idéales.

Ce fut la tempête parfaite, explique Frédéric Dumais, porte-parole de ProMetic. « Les marchés étaient sous pression à cause du ralentissement économique en Chine et de l’hésitation de la Réserve fédérale à hausser les taux d’intérêt. Et arriva cette hausse de prix de 5 000 % sur le médicament Daraprim annoncée par Martin Shkreli, président de Turing Pharmaceuticals, qui entraîna la réaction de Mme Clinton. Tout le secteur a planté », dit-il.

Que nous réservent les prochains mois ? « La correction est si forte qu’elle change la dynamique quant aux investissements dans ce secteur », dit Benoit Brillon. « Beaucoup de gens se demandent maintenant qu’est-ce qui ne va pas ou encore qu’est-ce que je ne sais pas », ajoute-t-il.

M. Brillon gère des portefeuilles qui combinent les stratégies momentum et valeur. « Pas de doute que le secteur a perdu beaucoup de son momentum, mais il est devenu beaucoup plus intéressant sous l’aspect valeur à la suite de la baisse des cours boursiers », dit-il. « Mais il faudra probablement être patient, car passer de momentum à valeur, c’est un changement qui prend du temps à s’opérer », ajoute-t-il. Les spéculateurs vont peut-être continuer de vendre, mais les investisseurs qui détiennent les titres pour les bonnes raisons vont plutôt les conserver, et d’autres commenceront probablement à accumuler, selon lui.

Chez ProMetic, on croit que la correction du secteur est trop forte, et que les bonnes compagnies vont passer à travers, dit Frédéric Dumais. D’ailleurs, les actions de la biotech lavalloise rebondissaient hier de 23 % pour se retrouver où elles se situaient avant les commentaires de Mme Clinton. La raison du rebond est que ProMetic annonçait hier par voie de communiqué avoir eu une rencontre fructueuse avec la Food and Drug Administration américaine quant à son principal médicament, le PBI-4050.

 

 

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