Prix du pétrole, la hausse est-elle soutenable?

Publié le 20/05/2016 à 10:47

Prix du pétrole, la hausse est-elle soutenable?

Publié le 20/05/2016 à 10:47

Par Jean Gagnon

Photo: Bloomberg

Bien que peu de gens le prédisaient, il n’y a pas si longtemps. Le prix du pétrole s’est approché de 50 $US en début de semaine, et ce même si les facteurs saisonniers ne sont pas nécessairement favorables à cette époque de l’année. Cela annonce-t-il des niveaux encore plus hauts au cours des prochains mois ?

Certains analystes semblent le croire et modifient substantiellement leurs prévisions quant au prix du pétrole. C’est le cas de Goldman Sachs qui prédisait, il y a à peine quelques mois, que le prix du pétrole tomberait sous la barre des 20 $. Lundi, les analystes de la banque américaine changeaient leur fusil d’épaule. Ils prévoient maintenant que le baril de pétrole se négociera au-dessus de 50 $ durant la deuxième moitié de l’année.

De même pour l’analyste technique Craig Johnson de Piper Jaffray. La tendance baissière en place depuis juin 2014 est en train de s’inverser, explique-t-il en entrevue à CNBC. « La moyenne mobile de 50 jours vient de passer au-dessus de celle de 200 jours, ce qui confirme le changement de tendance », dit-il.

Et lorsque la tendance s’inverse de cette façon, souvent le mouvement prend de la vitesse. « On a le sentiment que le momentum haussier est suffisamment fort pour amener le prix du pétrole au-dessus de 50 $ », dit Jim Rittersbusch, de la firme de consultants Ritterbusch & Associates de Chicago, spécialiste des marchés du pétrole.

Si la remontée du prix du pétrole est aussi forte, c’est aussi parce qu’il avait trop baissé, croit Benoit Brillon, gestionnaire chez Gestion de portefeuille Landry. « On voit clairement que le ressort avait été trop étiré. Le pétrole à 25-26 $, c’était trop bas », dit-il.

À preuve, le prix a remonté à un moment où les facteurs saisonniers ne sont pas nécessairement favorables. « Nous n’en sommes pas encore à l’été période où les besoins de pétrole seront encore plus importants », dit le gestionnaire.

Selon lui, on est revenu à un point d’équilibre grâce à la diminution de la production du pétrole de schiste aux États-Unis. La production des pays hors de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) a diminué de 1,4 million de barils par jour, ce qui a compensé pour le laissez-faire des pays de l’OPEP quant aux quotas de production.

Après une telle remontée, il ne faudrait pas se surprendre d’assister à un peu de volatilité à court terme. « Il faut maintenant consolider ces gains », dit M. Brillon.

Mais à moyen terme, la direction demeure à la hausse, selon lui. La nouvelle fourchette de fluctuations pour le prix du brut est de 45 $ à 65 $. Toutefois, en l’absence d’un événement extérieur comme une guerre au Moyen-Orient, on ne retournera pas de sitôt au-dessus de 100 $. « Le niveau de 65-70 $ devrait être le sommet pour quelques années », dit-il.

À court terme, le prix du pétrole ne peut plus aller beaucoup plus haut, croit également Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins. Certains facteurs tels les incidents en Alberta ont réduit l’offre, mais il s’agit là de facteurs temporaires.

Il y a également la prochaine décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui pourrait impacter négativement le prix du pétrole, selon M. D’Anjou. « Une hausse de taux d’intérêt en juin renforcerait le dollar américain, ce qui ferait faiblir les prix des commodités », dit-il.

Mais, chez Desjardins, on ne peut pas nier le momentum dont profite le prix du pétrole. « Notre cours cible pour la fin de l’année est de 50-52 $, mais on pourrait le réviser à la hausse bientôt », dit-il.

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