Chute du prix du pétrole, un danger bien réel pour l'économie canadienne

Publié le 09/12/2015 à 11:14

Chute du prix du pétrole, un danger bien réel pour l'économie canadienne

Publié le 09/12/2015 à 11:14

Par Jean Gagnon

(Photo: Bloomberg)

La décision vendredi dernier de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de ne pas réduire sa production a eu un effet néfaste sur le prix du pétrole. Et cela crée un danger bien réel pour l’économie canadienne.

Aux Études économiques de Desjardins, on se demande même si les politiques monétaire et fiscale au Canada ne devront pas être encore plus expansionnistes pour contrer la dégringolade du prix de l’or noir.

Si on retourne 12 mois en arrière, on se souviendra que la plupart des économistes prévoyaient une remontée du prix du pétrole en deuxième moitié d’année. Cela devait permettre de meilleures performances boursières, surtout au Canada, lors du deuxième semestre.

Mais on est bien loin de là, et il semble que l’OPEP vient de planter le dernier clou dans le cercueil de l’économie et de la bourse canadienne pour la fin de cette année et le début de 2016.

Au moment d’écrire ces lignes, le prix du WTI (pétrole léger américain), la principale référence de ce côté-ci de l’Atlantique, venait de tomber en bas de 38 $US le baril.

L’idée que le prix du WTI glisse maintenant jusqu’à 30$ n’est certainement pas farfelue, admet Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. «Il n’est pas impossible que l’on teste ce niveau», dit-il. Et s’il devait se maintenir là, ne serait-ce que durant quelques mois, les conséquences seraient néfastes, selon lui. «La conséquence serait d’accentuer les difficultés du secteur de l’énergie et d’entraver sérieusement la croissance économique du pays», dit-il.

Ce n’est pas le scénario de base des économistes de Desjardins qui prévoient plutôt que le prix du pétrole se rétablira quelque peu en 2016 une fois que l’essentiel de la correction sera achevée.

Mais, il faut aussi avoir un scénario alternatif, compte tenu du risque que le prix du pétrole demeure très faible, explique M. Durocher. «Dans ce scénario alternatif, la Banque du Canada pourrait devoir intervenir de nouveau avec une réduction additionnelle des taux d’intérêt directeurs, et, à terme, par des mesures non traditionnelles», dit-il. «Mais aussi, la politique fiscale pourrait être encore plus expansionniste, alors que le dollar canadien pourrait descendre sous la barre de 0,70 $US», ajoute-t-il. L’économiste accorde présentement 30% de chance à ce scénario alternatif de prévaloir.

Déjà les indicateurs financiers démontrent l’important stress auquel est soumis le secteur de l’énergie au Canada. L’indice S&P/TSX Energy de la Bourse de Toronto a fondu de moitié depuis que le prix du pétrole a amorcé sa chute en juin 2014, note Matthieu Arseneau, économiste principal, Financière Banque Nationale. «L’indice est actuellement plus bas qu’il ne l’était au plus fort de la crise financière en mars 2009», ajoute-t-il.

Quant à lui, le dollar canadien se négocie actuellement à 0,7403 $US, en baisse de 21% depuis que le prix a commencé à baisser il y a un an et demi.

À la Financière, on maintient pour l’instant la cible de 50$ pour le prix du pétrole à la fin de 2016. «Mais entretemps, le niveau d’accommodement de la Banque du Canada pour soutenir l’économie aura peut-être à s’ajuster», conclut Matthieu Arsenau.

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