Voici comment les années 2010 ont marqué la mondialisation

Publié le 17/12/2019 à 11:52

Voici comment les années 2010 ont marqué la mondialisation

Publié le 17/12/2019 à 11:52

Des travailleurs dans un centre d'appels en sous-traitance au Nicaragua (Photo: Getty Images)

Avec Emily Moubayed et Willing Li. Karl.

BLOGUE INVITÉ. Le Boston Consulting Group (BCG), l’un des plus grands cabinets de conseil au monde, incarne le leadership éclairé à travers l’expertise qu’il apporte à sa clientèle mondiale. L’une de ces sphères d’influence comprend le thème de la mondialisation et du commerce mondial. Rajah Augustinraj est un expert en la matière.

En tant que directeur du bureau de BCG à Chennai en Inde et ancien ambassadeur du BCG Henderson Institute, M. Augustinraj a travaillé dans de nombreux secteurs, dont les biens industriels, la santé, l’éducation, les biens de consommation et les services financiers. Tous ont connu les tendances changeantes de la mondialisation. M. Augustinraj se concentre spécifiquement sur la confluence du nationalisme économique, des technologies numériques, du comportement des consommateurs et de la transparence des entreprises, et leur impact sur les stratégies commerciales mondiales. Son expérience lui donne un aperçu précieux des macro-tendances qui façonnent la mondialisation et les entreprises mondiales d’aujourd’hui.

« Si l’on examine l’histoire de la mondialisation au cours des 150 dernières années, on constate qu’il existe différents facteurs, tant technologiques que géopolitiques, qui expliquent la façon dont la mondialisation a évolué, explique M. Augustinraj. Le début de la mondialisation pendant le 19e siècle a été entraîné par la découverte de nouvelles routes maritimes qui ont permis le transport des matières premières et des produits finis d’un bout à l’autre du monde. Au fil du temps, les progrès technologiques et la libéralisation progressive du commerce ont conduit à l’intégration mondiale des chaînes d’approvisionnement qui a évolué dans les années 1980 et 1990. Lorsque nous regardons où nous en sommes aujourd’hui en comparaison, nous constatons que les années 2010 marquent un autre changement dramatique vers une nouvelle phase de mondialisation. »

Outre les nombreuses autres tendances macroéconomiques, l’une des évolutions importantes de la « nouvelle mondialisation » est le déplacement des pôles économiques et la croissance du nationalisme économique.

« Au cours des 30 dernières années, l’économie mondiale a été tirée par un pôle économique centré sur l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest, dit M. Augustinraj. Aujourd’hui, l’émergence de la Chine et l’influence croissante de l’Inde sur la scène mondiale modifient la façon dont les entreprises conçoivent leurs marchés de croissance, où elles ont leur siège et comment elles font des affaires. » 

L’expansion du commerce mondial vers l’Est exige également de la flexibilité de la part des chefs d’entreprise. Alors que, traditionnellement, les entreprises occidentales ont plus d’expérience avec les marchés publics et la communauté des investisseurs, il est nécessaire qu’elles se sentent à l’aise avec une plus grande participation gouvernementale dans les affaires et les marchés lorsqu’elles s’engagent dans les économies de l’Est.

« De plus en plus, nous voyons des entités gouvernementales, en particulier dans les économies émergentes, utiliser leur important pouvoir d’achat pour stimuler les occasions d’affaires et le processus de sélection, dit M. Augustinraj. L’influence des acteurs étatiques et leur capacité à mener à bout des contrats sont des raisons clés pour que les entreprises les prennent au sérieux, quelle que soit la structure de propriété de leur entreprise. »

Après 12 ans d’expérience dans l’ingénierie et la réalisation de projets d’infrastructure à grande échelle, M. Augustinraj a passé les dernières années à diriger la création de nouvelles entreprises, les transformations numériques et les efforts stratégiques de fabrication et de chaîne logistique pour de nombreuses entreprises à travers le monde. Dans cette ère de la « nouvelle mondialisation », il voit un changement par rapport au modèle multinational qui a propulsé les phases précédentes de la mondialisation. 

« Le multilocal est le nouveau multinational, dit-il. L’évolution des technologies de fabrication et d’automatisation fait qu’il est rentable de situer les activités de fabrication plus près des marchés finaux et de desservir les marchés à une plus petite échelle que jamais auparavant. » 

M. Augustinraj considère également le modèle multilocal comme une option attrayante pour les entreprises confrontées à des incertitudes commerciales, des tarifs douaniers plus élevés et des coûts logistiques transfrontaliers, en particulier avec la croissance du nationalisme économique dans le monde entier. Pour lui, le nationalisme économique et les progrès de la fabrication ne font qu’accélérer la tendance vers des installations multilocales dans les années à venir.

« Les entreprises peuvent implanter des installations de pointe dans plusieurs pays au lieu d’avoir besoin de fabriquer des produits à un seul endroit, de les expédier partout dans le monde et d’avoir à naviguer une myriade de règles commerciales et de structures tarifaires et non-tarifaires, conseille M. Augustinraj. À BCG, nous aidons nos clients du monde entier à comprendre la nouvelle dynamique commerciale, les impacts sur leurs chaînes d’approvisionnement mondiales et la façon dont leurs stratégies de fabrication et d’approvisionnement peuvent être révisées pour tirer parti des opportunités offertes par ce nouveau paysage mondial. »

M. Augustinraj souligne également la pression croissante des consommateurs, des employés et des investisseurs qui poussent les entreprises à être plus transparentes dans leurs opérations, et à considérer les impacts sociaux et environnementaux de leurs opérations en plus des revenus financiers qu’elles occasionnent.

« Je suis d’avis que cette tendance vers une préoccupation avec les impacts sociaux et environnementaux ne s’arrêtera pas de sitôt, dit-il. Un monde où les affaires sont une force bienfaisante et favorisent une croissance inclusive, une prospérité partagée et respectent la planète est un monde d’opportunité, et un que je suis inspiré d’aider à construire. »

 

Lien vers le balado (en anglais seulement)

Le présent article est une transcription condensée et modifiée d’une entrevue animée par Karl Moore, professeur agrégé à l’Université McGill, dans le cadre de l’émission The CEO Series, présentée sur les ondes de CJAD et produite par Marie Labrosse, étudiante à la maîtrise en langue et littérature anglaises à l’Université McGill. L’entrevue intégrale fait partie de la plus récente saison de The CEO Series et est disponible en baladodiffusion. Willing Li. Karl est professeur agrégé, et Emily et Willing est son étudiante à la licence en Commerce à l'Université McGill.

À propos de ce blogue

Chaque semaine, Karl Moore, professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, s’entretient avec des dirigeants d’entreprise de calibre mondiale au sujet de leur parcours, les dernières tendances dans le monde des affaires et l’équilibre travail-famille, notamment.

Karl Moore
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