Mooney: Ce qu'il faut craindre après 4 bonnes années

Publié le 01/04/2013 à 08:53, mis à jour le 01/04/2013 à 09:58

Mooney: Ce qu'il faut craindre après 4 bonnes années

Publié le 01/04/2013 à 08:53, mis à jour le 01/04/2013 à 09:58

Photo: Bloomberg

BLOGUE. Le marché boursier américain a connu un premier trimestre 2013 spectaculaire, sans tambour, ni trompette. L’indice S&P 500 s’est apprécié de 10,6% (rendement total) pendant les trois premiers mois de l’année alors que le Dow Jones bondissait de 11,9% et l’indice Nasdaq de 8,2%.

Voilà une pertormance quasi irréelle dans un monde où les obligations gouvernementales de 10 ans offrent un rendement inférieur à 2%. Le marché canadien, avec un gain de 2,5% durant le trimestre, a réalisé ce qui est une performance acceptable dans ce contexte, si on ne le compare pas aux bourses américaines.

Ce qui fait qu’on se retrouve en avril 2013, après quatre années de marché haussier. Il y a bien eu ce qu’on peut appeler le marché baisser de 2011, mais comme les principaux indices ont terminé en hausse, ce fut tout de même une bonne année.

«Ça peut pas durer. Le marché est dû pour une méchante correction», m’a lancé un investisseur la semaine dernière. Ce qui m’a fait réagir en lui expliquant que ce n’est pas ce que je crains vraiment.

En effet, l’investisseur à long terme ne se préoccupe pas de ce que bien des observateurs nomment des «corrections». Ces dernières font partie de la réalité boursière, sont imprévisibles et ne représentent que du bruit si on a une perspective de plusieurs années.

Ce qu’un investisseur devrait craindre le plus, ce sont les excès d’enthousiasme, les élans et les bulles de spéculation qui peuvent affecter certains secteurs, certains pays ou l’ensemble des marchés boursiers.

Pourquoi les craindre? Parce qu’ils sont précurseurs de rendements décevants et pas à peu près. Par exemple, après la folie Internet qui a atteint son paroxysme en 2000, l’indice Nasdaq a perdu 70% de sa valeur. Treize années plus tard, cet indice est toujours 1800 points moins élevés qu’à son sommet, soit à 35%.

La Bourse japonaise a atteint un sommet en 1989 et l’indice Nikkei est encore à une année-lumière de ce sommet.

En fait, on peut dire que plus la spéculation est grande, plus le dommage est grand et durable.

Maintenant, malgré la belle performance des indices depuis 2009, et l’éclatant début d’année, je ne vois aucun signe encore d’excès ou d’euphorie à la Bourse américaine. En fait, c’est le contraire dans un sens car depuis quelques semaines, ce sont les secteurs dits défensifs, comme la santé (des titres tels Walgreen et Johnson & Johnson sont à des sommets), qui attirent l’argent des investisseurs.

Vous remarquerez également que le Dow Jones a mieux fait au premier trimestre que l’indice Nasdaq (3% de plus), ce qui démontre que les investisseurs choisissent d’investir en Bourse par le biais des gros titres moins spéculatifs.

Vous me direz que cela est sensé dans un monde où la croissance économique demeure faible et les craintes de rechute encore palpables. Et c’est justement la formule magique empêchant les investisseurs de s’emballer.

Vu de ce côté, je dirais que c’est le marché haussier le plus craint et le moins enthousiasmant de ma carrière. Et c’est de bon augure quant à sa durabilité.

Bernard Mooney

 

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