Une entreprise n'a qu'une seule responsabilité sociale : augmenter ses profits, a dit l'économiste américain Milton Friedman.
Ce genre de propos était à la mode dans les années 1980, mais de plus en plus d'entreprises jugent cette conception archaïque. Parlez-en à Franck Riboud, pdg de Danone, géant français du yogourt, avec son chiffre d'affaires de plus de 15 milliards d'euros. En 2005, il a rencontré Muhammad Yunus, inventeur du microcrédit et prix Nobel de la paix. Il lui a proposé de créer une coentreprise pour combattre la faim. Ensemble, ils ont construit au Bangladesh une usine de yogourt fortifié vendu au plus bas prix possible. Danone en tire un dividende symbolique d'un pour cent... si tout va bien.
Au Québec, les centres de formation en entreprise de récupération (CFER) aiment les profits. Ils s'en servent pour remplir leur mission : préparer des adolescents qui ont de graves troubles d'apprentissage à occuper des emplois non spécialisés. " Le prétexte, c'est le développement durable ", dit Sylvie Castonguay, directrice générale du Réseau des CFER. Dans 19 " écoles entreprises ", les élèves étudient et vivent une première expérience de travail en récupérant du matériel électronique, des uniformes, de vieux matériaux... " Quand on négocie des contrats avec Bell ou Hydro-Québec pour recycler leur matériel, on ne leur fait pas de cadeaux ! ", dit Mme Castonguay. Les CFER tiennent à leurs bénéfices, car c'est leur chiffre d'affaires de six millions de dollars qui leur permet de poursuivre leur mission.
Pour eux, les profits sont un moyen, et non une fin en soi. Et tant pis pour Milton.
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