Influençable ou rigide ?

Publié le 01/11/2009 à 00:00

Influençable ou rigide ?

Publié le 01/11/2009 à 00:00

Vous vous laissez influencer par vos collègues ? Au contraire, vous faites la sourde oreille lorsqu'on vous donne un avis ? Dans les deux cas, votre carrière pourrait plafonner.

On compare souvent la personne influençable à une girouette. Jean-Luc Bouchard, psychologue du travail, les appelle les yes men. "La personne influençable dépend du regard des autres. Son entourage lui dicte sa conduite. Elle cherche à plaire ou, du moins, à ne pas déplaire", dit-il. Le manque d'estime de soi et le manque d'assurance sont d'autres caractéristiques que l'on trouve chez la girouette. Elle est aussi allergique aux conflits. Elle met beaucoup de temps à se décider et se soucie des conséquences de ses décisions sur tout un chacun. "Elle consulte trop, entre autres parce qu'elle a peur de se tromper", souligne Isabelle Falardeau, psychologue et conseillère d'orientation.

Se laisser influencer par l'opinion ou par les expériences de ses confrères n'est pas mauvais en soi, concède Jean-Luc Bouchard. Le problème, avec les êtres influençables, c'est qu'ils collectent une foule d'informations sans jamais trancher ni établir leur position.

Les gens influençables sont des proies faciles pour les manipulateurs. Si une décision déplaît à la forte tête du bureau, celle-ci sait comment faire tourner la girouette de son côté. La personne influençable risque également de prendre les mauvaises décisions sans pouvoir les justifier. "Elle s'expose ainsi à une perte de crédibilité face à ses pairs et face à son personnel, dit Jean-Luc Bouchard. Quand les autres prennent les décisions à sa place, le yes man aura peut-être moins de possibilités de promotion."

La peur est l'obstacle le plus important à surmonter pour les personnes influençables : peur de l'erreur, de l'échec, de l'inconnu ou de la désapprobation. Pour les aider à en prendre conscience, la coach d'affaires Sylvie Labelle leur propose de tenir un journal. "Pendant trois semaines, écrivez chaque jour les peurs que vous avez ressenties au bureau. Chaque semaine, faites un bilan", dit-elle. Vous saurez ainsi si vous avez tendance à vouloir plaire à votre adjoint ou si vous avez peur de vous tromper. Une fois reconnues, ces peurs auront moins d'emprise sur vous.

Autre conseil pour bâillonner la peur de se tromper : arrêtez de dramatiser les conséquences, souvent anodines, de vos décisions. "La majorité d'entre elles sont réversibles", rappelle Isabelle Falardeau.

Le sous-marin blindé

Si la personne influençable se fait dicter sa conduite par les gens de son entourage, la personne rigide, elle, est plutôt indifférente à leurs opinions. Isabelle Falardeau la compare à un sous-marin blindé : rien ne peut la faire dévier de sa trajectoire... même si elle se rend compte qu'elle a tort. L'être rigide a peur d'être influencé ou manipulé par les autres. Il aime le pouvoir, et il aime sentir qu'il a les choses en main. Il peut être autoritaire, très ambitieux ou arrogant. "Il aime être dans le feu de l'action et ne tolère pas les zones grises", ajoute-t-elle.

Il écoute peu les autres et ne demande l'avis de personne. "Le rigide ne cherchera pas l'approbation de son équipe ; il semble très confiant et il maîtrise la situation", affirme Jean-Luc Bouchard.

Les personnes rigides ont l'impression que le fait de demander conseil est le signe d'une faiblesse dans leur leadership. "Les gens qui ne consultent pas leur entourage se privent d'informations importantes", indique la coach d'affaires Sylvie Labelle.

Un patron qui ne tient jamais compte des besoins ou des opinions de ses employés lors des prises de décision qui les concernent démotivera tôt ou tard ses troupes. Le patron rigide risque de perdre des joueurs. "La majorité des gens qui quittent un emploi le font à cause de leur mauvaise relation avec leur supérieur immédiat", indique Jean-Luc Bouchard. À l'ère des services, la matière grise et le savoir des employés est la richesse de l'entreprise, et un roulement élevé est un handicap à son bon fonctionnement.

Un employé rigide peut également se mettre ses collègues à dos. "Une personne rigide, c'est extrêmement démobilisateur. À la longue, plus personne ne voudra travailler avec elle", dit Sylvie Labelle. Si un employé fait fuir ses collaborateurs, la direction générale pourrait hésiter à lui confier un poste de gestion ou un projet important.

Le sous-marin blindé qui veut devenir plus souple a besoin de temps pour apprendre à se laisser porter par le courant. "Il doit y aller progressivement. Les gens rigides ont parfois peur de perdre le contrôle", prévient Jean-Luc Bouchard. Pour s'entraîner à consulter son entourage, il peut se mettre à l'essai pour des décisions sans grandes conséquences, comme l'organisation d'une activité pour souligner le départ à la retraite de la comptable. Il doit se forcer à recueillir auprès de ses collaborateurs au moins quatre idées différentes de cadeaux et de lieux où célébrer. Il considérera chacune des propositions avant de prendre sa décision. "Il comprendra alors que ce n'est pas trop menaçant de demander conseil. D'autant plus que son équipe sera contente de participer !" fait valoir Jean-Luc Bouchard.

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