Une question au Salon bleu rédigée par l'intelligence artificielle

Publié le 06/04/2023 à 13:07, mis à jour le 06/04/2023 à 18:06

Une question au Salon bleu rédigée par l'intelligence artificielle

Publié le 06/04/2023 à 13:07, mis à jour le 06/04/2023 à 18:06

Par La Presse Canadienne

Le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, veut réfléchir au cadre éthique de l’intelligence artificielle. (Photo: La Presse Canadienne)

Québec — Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, rencontrera mercredi des experts concernant les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle, même si l’opposition demande plutôt un débat public à l’Assemblée.

«Très soucieux des enjeux sociaux» de cette avancée technologique majeure, le ministre a fait savoir en Chambre jeudi qu’il allait en discuter la semaine prochaine, en réponse à ce qui serait d’ailleurs la première question rédigée par un outil d’intelligence artificielle.

«Pouvez-vous nous indiquer les mesures concrètes que votre ministère prévoit de mettre en place pour encourager l’utilisation de l’intelligence artificielle et les entreprises et les industries tout en assurant la protection des travailleurs?» a demandé le député libéral Frédéric Beauchemin, en ajoutant: «en passant, cette question a été entièrement préparée par ChatGPT».

M. Fitzgibbon a indiqué qu’il voulait par cette rencontre mercredi réfléchir au cadre éthique de l’intelligence artificielle. Les représentants des partis d’opposition ont aussi été invités.

«On veut avoir un exercice non partisan», a-t-il affirmé.

«Il ne s’agit pas de ne plus investir en intelligence artificielle, au contraire, nos entreprises doivent en bénéficier. Mais il est clair que l’encadrement éthique doit être mieux défini.»

Rappelons que des sommités en matière d’intelligence artificielle ont signé une lettre ouverte pour demander un moratoire de six mois sur l’entraînement des systèmes.

«Nous sommes très soucieux des enjeux sociétaux qui ont été décrits dans la lettre qui a été signée par plusieurs signataires, particulièrement quand les machines remplacent les humains.»

Le Parti libéral (PLQ) et Québec solidaire (QS) réclament plutôt des consultations en bonne et due forme au parlement.

«Les Québécois veulent aussi comprendre ce qui se passe avec l’intelligence artificielle, ils veulent aussi entendre le débat», a dit M. Beauchemin, qui a rappelé qu’il avait déposé une demande pour qu’une commission parlementaire discute de ces enjeux.

«On a un processus qui est prévu ici à l’Assemblée nationale pour qu’il soit public, pour que les Québécoises et les Québécois puissent avoir des réponses à leurs inquiétudes, pour que toutes personnes qui veulent participer puissent déposer un mémoire», a renchéri le député Haroun Bouazzi, de QS.

Les porte-parole des partis d’opposition ont soulevé des exemples concrets de questions éthiques qui se posent.

M. Beauchemin a soulevé des «biais» possibles comme «le racisme, le sexisme», mais aussi le recours à ces logiciels à des fins de «désinformation», ou encore, des risques pour la confidentialité des données, etc.

M. Bouazzi a quant à lui cité les experts qui parlaient «d’un grave risque pour la société et l’humanité».

Il a soulevé la question de l’attribution de la responsabilité quand les choix ou les répercussions deviennent funestes.

«Quand une voiture (à conduite automatisée) décide d’écraser un piéton plutôt qu’entrer dans un poteau, qui est responsable? Quand une personne dépressive se fait suivre par une intelligence artificielle décide de mettre fin à sa vie, qui est responsable?»

Selon lui, ces questions méritent un «vrai débat public» au parlement et non une seule rencontre avec des experts.

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