Entrevue n°255 : Maya Winkelstein, directrice, Open Road Alliance


Édition du 22 Août 2015

Entrevue n°255 : Maya Winkelstein, directrice, Open Road Alliance


Édition du 22 Août 2015

Par Diane Bérard

«Notre fondation comble des lacunes du secteur philanthropique» - Maya Winkelstein, directrice, Open Road Alliance.

La fondation Open Road Alliance est atypique. Elle ne finance que des projets qui ont frappé un mur. Les ONG frappent à sa porte plutôt que de retourner voir leur donateur initial. Les 3,5 millions de dollars américains qu'Open Road Alliance a accordés depuis mai 2013 ont permis de boucler 50 projets et de sauver les 22 M$ US déjà investis par d'autres fondations. J'ai rencontré Maya Winkelstein au Askoka Future Forum, à Washington.

Diane Bérard - Votre fondation philanthropique corrige les lacunes des autres fondations. Expliquez-nous.

Maya Winkelstein - Open Road Alliance finance des projets qui ont rencontré des difficultés en cours de réalisation et qui ne peuvent continuer sans financement additionnel.

D.B. - Quelles lacunes avez-vous décelées ?

M.W. - D'abord, un manque de financement flexible pour les projets qui sont à mi-parcours. La plupart des CA de fondations se réunissent une ou deux fois par année pour examiner les demandes. Si votre ONG manifeste un besoin en dehors de cette période, il faut attendre. Ensuite, un manque de variété d'instruments financiers, comme de la dette à faible coût. Nous offrons ce produit depuis 2014, nous l'appelons le «don remboursable» (recoverable grant).

D.B. - En plus des dons traditionnels, Open Road Alliance offre des dons remboursables. Cela ne va-t-il pas à l'encontre de l'esprit philanthropique ?

M.W. - Nous nous sommes posé la question. Nous ne savions pas comment le marché réagirait. Si c'était approprié. Si nous devions nous en tenir aux dons. Mais il fallait explorer cette avenue, car pour nous, chaque don doit être un investissement. Nous ne faisons pas la charité. Nous visons un effet de levier maximum pour chacun de nos dollars. Les dons remboursables nous permettent de réutiliser l'argent plusieurs fois pour aider plusieurs ONG. La réaction s'est avérée bonne. Le don remboursable force l'ONG à établir un budget sur trois ans et à adopter une approche d'affaires.

D.B. - Dans quelles circonstances le don remboursable s'applique-t-il ?

M.W. - Il permet de combler les problèmes de liquidités à court terme. L'ONG sait qu'elle recevra une subvention dans trois mois. En attendant, elle doit couvrir ses dépenses quotidiennes et payer ses employés. Pour croître, plusieurs ONG développent des modèles hybrides, où elles vendent certains produits ou services. Pour les lancer, elles doivent bâtir une plateforme Web, acheter de l'équipement ou recruter un directeur des ventes, par exemple. Le don remboursable finance le lancement de ces activités. Il sera remboursé à partir des revenus générés. Ces dons sont remboursables en moyenne en deux ans et demi.

D.B. - En finançant des projets qui ont frappé un mur, n'investissez-vous pas du bon argent après du mauvais ?

M.W. - Les projets que nous choisissons de financer sont bien conçus et ils répondent à un besoin réel. Mais nous vivons dans un monde rempli d'incertitude. Les choses ne tournent pas toujours comme nous l'avions prévu. Nous le constatons chaque jour dans notre vie personnelle et professionnelle. Pourquoi en serait-il autrement dans le monde philanthropique ? Notre univers est victime de doubles standards. Pourtant, nous sommes soumis aux mêmes aléas que les autres secteurs.

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