Entrevue n°220: Sir Ronald Cohen, président du comité du G8 sur l'investissement d'impact

Offert par Les Affaires


Édition du 04 Octobre 2014

Entrevue n°220: Sir Ronald Cohen, président du comité du G8 sur l'investissement d'impact

Offert par Les Affaires


Édition du 04 Octobre 2014

Par Diane Bérard
D.B. - N'est-ce pas un concept propre à la génération Millenium et à la vôtre ? Les générations intermédiaires suivront-elles ?

S.R.C. - Les générations aux deux bouts du spectre sont les plus enthousiastes, c'est vrai. Mais une tranche des personnes dans la quarantaine manifeste aussi un vif intérêt : les filles et les fils issus de grandes fortunes qui prennent la relève de leurs parents. Ils ajoutent l'impact au risque et au rendement dans leurs critères d'investissement.

D.B. - Les investisseurs d'impact seront-ils nécessairement animés de valeurs sociales et environnementales ?

S.R.C. - Probablement pas. Mais ils y souscriront par pure logique : diversifier leurs investissements et réduire leur risque. L'investissement d'impact n'est pas corrélé au marché. Si vous investissez dans des obligations d'impact social, pour un projet de réinsertion des sans-abri, par exemple, votre rendement est lié au taux de succès du projet, pas à le performance du Nasdaq.

D.B. - Selon votre rapport, d'où viendra le capital social ? Surtout des philanthropes ?

S.R.C. - Les philanthropes et les fondations agissent comme leaders du mouvement. Mais ce marché s'adresse à tous les types d'investisseurs et comprend toutes les catégories d'actifs. En France, depuis janvier 2010, les entreprises qui proposent à leurs employés un plan d'épargne entreprise ou un plan d'épargne-retraite collectif doivent offrir la possibilité d'investir dans un fonds solidaire. Ces fonds investissent surtout dans le logement, mais aussi dans la création d'emplois pour chômeurs de longue durée. Près de 800 000 salariés français ont fait ce choix.

D.B. - Que recommande votre rapport pour stimuler l'offre d'investissement social ?

S.R.C. - Nous recommandons de clarifier le mandat et les responsabilités des fiduciaires pour leur permettre de conjuguer rendements sociaux et financiers. Les fiduciaires devraient viser un rendement complet. Ainsi, on doit permettre aux gestionnaires des caisses de retraite d'investir en tenant compte de l'intérêt de leurs pensionnés.

D.B. - Et comment suggérez-vous de mettre en relation l'offre et la demande de capital social ?

S.R.C. - Cela n'arrivera pas par magie. Il faut créer des intermédiaires, comme la britannique Big Society Capital. Celle-ci s'assure que les organisations qui cherchent du financement le trouvent.

D.B. - Quelle place le Québec occupe-t-il dans l'univers de l'investissement d'impact ?

S.R.C. - Le Québec fait partie des pionniers [avec par exemple le Fonds de solidarité FTQ, Fondaction CSN et la Caisse d'économie solidaire Desjardins]. D'ailleurs, la France étudie votre écosystème.

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