«Il est plus logique de produire localement» - Harry Moser, fondateur et président de Reshoring Initiative

Publié le 10/03/2012 à 00:00, mis à jour le 05/06/2013 à 09:01

«Il est plus logique de produire localement» - Harry Moser, fondateur et président de Reshoring Initiative

Publié le 10/03/2012 à 00:00, mis à jour le 05/06/2013 à 09:01

Par François Normand

LES AFFAIRES - Comment les entreprises qui rapatrient une partie de leur production aux États-Unis resteront-elles concurrentielles, pour continuer d'exporter, par exemple, en Europe ou en Asie ?

Harry Moser - Si l'on tient compte de tous les coûts (transport, énergie, rappels de produits défectueux, contrefaçons, etc.), fabriquer aux États-Unis est beaucoup moins dispendieux qu'on ne le croit. Du reste, nous ne souhaitons pas que les entreprises américaines ferment leurs usines à l'étranger pour transférer la production sur le sol américain. Nous leur disons simplement que si elles veulent augmenter leur production pour accroître leurs ventes aux États-Unis, elles devraient investir ici. Et que si elles souhaitent vendre davantage de produits en Chine, elles devraient augmenter leur capacité de production dans ce pays. Même chose en Europe. C'est la clé dans notre économie mondialisée : il faut produire localement pour des raisons économiques, mais aussi pour des raisons de développement durable. Le transport de marchandises émet beaucoup de gaz à effet de serre.

L.A. - Que faites-vous pour convaincre les entreprises de relocaliser une partie de leurs activités aux États-Unis ?

H.M - Primo, nous faisons la promotion de la relocalisation avec des présentations, des articles, des entrevues à la télé et des études de cas. Secundo, sur notre site Web (reshorenow.org), nous offrons un outil, le Total Cost of Ownership Estimator, qui permet aux entreprises de mieux évaluer leurs coûts. Tertio, nous faisons du lobbying, principalement auprès des grandes entreprises et de leurs fournisseurs, du gouvernement américain, des milieux universitaires et des consommateurs.

L.A. - Quel est votre objectif à moyen et à long termes ?

H.M. - D'ici 5 à 10 ans, je souhaite ramener aux États-Unis un total de 3 millions d'emplois, dont un million dans le secteur manufacturier.

L.A. - Pourquoi avez-vous fondé la Reshoring Initiative, en 2010 ?

H.M. - Avant tout, pour des raisons d'intérêt national. Les États-Unis ont perdu une foule d'emplois manufacturiers depuis quelques années. Il faut stopper cette saignée ! J'ai le temps de mener ce combat : je suis retraité de l'entreprise GF AgieCharmilles, un manufacturier de machines et de moules industriels, dont j'étais le président. J'ai aussi créé l'organisme pour des raisons personnelles. Comme plusieurs membres de ma famille, j'ai travaillé à l'usine de machines à coudre Singer, à Elizabeth, au New Jersey. Or, au milieu des années 1970, elle a fermé ses portes pour délocaliser toute sa production dans des pays à faible coût de main-d'oeuvre. Ç'a été un choc. Cette blessure ne s'est jamais complètement cicatrisée...

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