Immobilier : les avis divergent sur l'impact des mesures Flaherty

Publié le 17/01/2011 à 17:25, mis à jour le 17/01/2011 à 22:30

Immobilier : les avis divergent sur l'impact des mesures Flaherty

Publié le 17/01/2011 à 17:25, mis à jour le 17/01/2011 à 22:30

Photo: LesAffaires.com

Les analystes ne s’entendent guère sur l’impact qu’auront les nouvelles mesures de resserrement des règles d’emprunts hypothécaires annoncées ce matin par le gouvernement fédéral.

Si les uns s’attendent à bien peu de réactions des consommateurs, d’autres au contraire, s’attendent à ce que les consommateurs se précipitent en masse dans leur institution financière afin de contracter un emprunt avant que n’entrent en vigueur les nouvelles mesures.

Trois mesures

Ce matin, le ministre Flaherty a annoncé que la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL) ne garantirait plus les hypothèques au-delà d’un amortissement maximum de 30 ans.

Ottawa fixera également à 85%, plutôt qu’à 90%, la somme qu'un propriétaire peut emprunter au moment du refinancement de son hypothèque. Enfin, le gouvernement n'assurera plus dorénavant les marges de crédit garanties par des propriétés.

Les deux premières mesures entreront en vigueur le 18 mars 2011, alors que la dernière n’entrera en vigueur que le mois suivant, le 18 avril prochain.

Entre frénésie et réflexion

Atul Shah, analyste chez BMO Capital Markets, soutient qu’il ne serait pas surpris de constater une augmentation temporaire des demandes hypothécaires en réaction aux nouvelles mesures de Jim Flaherty.

Il en va de même de Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Ce dernier est convaincu que les consommateurs réagiront, provoquant possiblement même une nouvelle frénésie immobilière dans certains marchés.

Ce dernier pense en particulier au marché de la revente des résidences plus modestes qui, en raison de règles hypothécaires plus contraignantes, pourrait profiter d’un rebond d’intérêt des consommateurs et de ses prix de vente.

«Le fait de réduire de 35 à 30 ans l’amortissement d’une hypothèque peut créer facilement un surplus de remboursement hypothécaire mensuel de 100$. Ce n’est pas rien pour plusieurs ménages qui devront rapidement trouver des solutions autres de se loger.»

«Si plusieurs pourraient accepter de réduire la taille dela résidence de leurs rêves, d’autres pourraient au contraire en venir à préférer la location», prévient-il.

Prudence chez Desjardins

Le Mouvement Desjardins se montre beaucoup plus modéré, estimant que les mesures présentées par le gouvernement fédéral n’affectera finalement qu’une faible portion de ses clients.

Seulement 5,4% de son portefeuille hypothécaire serait lié à des prêts de plus de 30 ans, et seulement 15% de son volume de prêt serait le résultat de refinancement hypothécaire, explique Nathalie Genest, porte-parole du Mouvement Desjardins.

C’est cette prudence qui lui vaudrait la performance enviable qu’on lui connaît : seulement 0,47% de ses prêts sont considérés comme « mauvais », comparativement à 1,5% dans la moyenne des institutions financières canadiennes.

Cela dit, Mme Genest salue le geste du gouvernement fédéral comme la majorité des gens de l’industrie aujourd’hui.

Éduquer les consommateurs

Il en va de même du côté d’Option consommateurs, même si l'association souhaiterait aussi voir les institutions financières resserrer les critères au moment d'évaluer la capacité budgétaire des citoyens, en prenant en compte toutes leurs dépenses et non seulement les paiements de crédit attendus.

Selon la porte-parole de l'organisation, Caroline Arel - qui reconnaît qu'il faut freiner les niveaux d'endettement des consommateurs -, les Canadiens doivent se préparer davantage à l'achat d'une propriété.

"On a perdu l'habitude d'épargner, de planifier à long terme, et on a l'impression que de plus en plus quand on a besoin de quelque chose, qu'on désire quelque chose, c'est facile d'y accéder. Je pense que l'accession à la propriété c'est juste un reflet de notre société de consommation, où l'on est de moins en moins prêt à attendre quelques années avant de s'acheter une maison", a estimé Mme Arel, avocate et responsable du service budgétaire d'Option consommateurs.

Avec La Presse canadienne

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