Le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Publié le 22/03/2022 à 08:45, mis à jour le 22/03/2022 à 15:20

Le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Publié le 22/03/2022 à 08:45, mis à jour le 22/03/2022 à 15:20

«Aujourd’hui (mardi), nous nous concentrons sur l’évacuation des habitants de Marioupol», où la situation humanitaire est dramatique, a indiqué la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk dans une vidéo. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 22 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.    

 

15h00 | «Bombes superpuissantes» à Marioupol

Marioupol (sud) a été frappée mardi par deux «bombes superpuissantes», a indiqué la municipalité sans pouvoir donner de bilan. 

Quelque 200 000 civils sont toujours coincés dans la grande ville portuaire, où des chars russes sont entrés après des semaines de bombardement.

Trois couloirs humanitaires devaient être ouverts entre la ville de Zaporojie et des localités proches de Marioupol, que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de «tout simplement détruire».

La ville d’Avdiivka, toute proche de Donetsk dans l’est de l’Ukraine, a été la cible dans la soirée de lundi d’une attaque russe qui a fait au moins cinq morts et 19 blessés, a annoncé mardi une responsable ukrainienne.

 

«Jamais nous ne sous rendrons», dit le maire de Kiev

«Dans le pire des cas, nous mourrons, mais jamais nous ne nous rendrons», s’est exclamé mardi le maire de Kiev, Vitali Klitschko, devant le Conseil de l’Europe alors que les troupes russes tentent d’encercler sa ville.

La capitale ukrainienne est soumise à un nouveau couvre-feu depuis lundi soir et jusqu’à mercredi matin, le troisième depuis le début de la guerre.

Au moins une personne a été tuée mardi dans une attaque de drones sur un bâtiment de Kiev, a constaté l’AFP sur place. 

 

Nouvelles sanctions occidentales en vue

Les Occidentaux vont annoncer jeudi «de nouvelles sanctions contre la Russie et renforcer» celles qui existent déjà, a annoncé mardi la Maison-Blanche.

Washington a assuré par ailleurs que les États-Unis n’avaient «pas vu la Chine fournir de l’équipement militaire à la Russie» depuis le récent échange du président Joe Biden avec son homologue chinois Xi Jinping, tout en assurant que Washington «continuait à surveiller» de telles potentielles actions de la part de Pékin.

Le président français Emmanuel Macron a de son côté dénoncé l’usage par la Russie «d’armes explosives dans des zones densément peuplées», estimant que «tout, dans l’agression de l’Ukraine par la Russie, est inacceptable».

 

Zelensky prêt à un « compromis »

Le président ukrainien s’est dit prêt à discuter avec son homologue russe Vladimir Poutine d’un « compromis » sur le Donbass et la Crimée pour «arrêter la guerre», estimant toutefois que tout compromis devrait être ratifié par les Ukrainiens par référendum.

Le Kremlin a jugé de son côté mardi que les pourparlers en cours avec Kiev n’étaient pas assez « substantiels ».

 

Contre-offensives ukrainiennes

L’armée ukrainienne mène des contre-offensives qui ont permis, dans le sud notamment, de reprendre du terrain sur les troupes russes, a assuré mardi le porte-parole de Pentagone.

Les militaires ukrainiens «sont désormais, dans certaines situations, à l’offensive», a déclaré John Kirby sur CNN, affirmant qu’ils «pourchassent les Russes et les repoussent en dehors de zones où les Russes étaient par le passé».

 

Zelensky demande la médiation du pape

Volodymyr Zelensky a invité le pape François à jouer le rôle de médiateur dans les négociations entre Kiev et Moscou. «On apprécierait le rôle médiateur du Saint-Siège pour mettre fin à la souffrance humaine», a-t-il tweeté après un entretien téléphonique avec le pape.

Dans un discours devant les parlementaires italiens, le président ukrainien a par ailleurs mis en garde le pays sur un afflux de migrants menacés par la faim en raison de l’invasion de l’Ukraine. 

 

Nouvelle loi russe contre les «fausses informations»

Les députés russes ont validé mardi une loi prévoyant jusqu’à 15 ans de prison contre ceux qui dénigrent l’action de Moscou à l’étranger.

Aux termes d’une loi similaire récemment adoptée, la Russie a ouvert mardi sa première affaire pénale contre un célèbre journaliste pour publication de «fausses informations» sur les agissements de l’armée russe en Ukraine.

 

Plus de 3,5 millions de réfugiés

Plus de 3,5 millions de personnes ont fui l’Ukraine et les combats déclenchés par l’invasion de l’armée russe, selon le décompte de l’ONU publié mardi.

Parmi ceux-ci, près de 200 000 réfugiés ont été évacués de Pologne par le train vers d’autres pays d’accueil, a annoncé mardi la compagnie PLK qui gère le réseau ferroviaire polonais.

 

 

6h54 | Kyiv — La ville d'Avdiivka, proche de Donetsk dans l'est de l'Ukraine, a été la cible d'une attaque russe dans la soirée de lundi, faisant au moins cinq morts et 19 blessés, a indiqué mardi Lioudmila Denissova, chargée des droits de la personne auprès du Parlement ukrainien.

«Cinq civils ont été tués et 19 blessés», a déclaré cette responsable ukrainienne sur sa chaîne Telegram, indiquant qu'Avdiivka avait été «la cible de tirs d'artillerie et de bombardements aériens (russes), détruisant complètement le village».

Avdiivka, qui abrite en temps de paix 30 000 habitants, se situe dans la banlieue nord-ouest de Donetsk, centre industriel de l'est de l'Ukraine tenu depuis 2014 par les séparatistes prorusses soutenus par Moscou.

À Lissitchansk, à 150 km au nord-est de Donetsk, deux autres personnes ont été tuées, trois blessées et huit sauvées des décombres à la suite d'une autre frappe de l'armée russe, a-t-elle poursuivi.

Dans un autre message sur sa chaîne Telegram publié plus tard dans la matinée, Lioudmila Denissova a déclaré qu'un tank russe avait tiré dans la région de Kharkiv, à l'est de l'Ukraine, sur une voiture transportant une famille avec deux enfants.

La famille aurait crié qu'ils étaient des civils et agité un drapeau blanc, en vain, selon elle. Les parents et leur fille de 9 ans sont décédés et un adolescent de 17 ans a été blessé, a-t-elle ajouté.

 

Ukraine: nouvel effort pour sortir les civils de Marioupol dévastée, Kyiv sous couvre-feu

6h53 | Kyiv — Au 27e jour du conflit en Ukraine, les autorités ont annoncé mardi un nouvel effort pour tenter d'évacuer les civils coincés dans Marioupol, grande ville portuaire du Sud ravagée par les bombardements russes, tandis que les habitants de Kyiv, sous couvre-feu, se terraient chez eux.

Dans la nuit, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est pour la première fois dit ouvert à «essayer d'aborder tout ce qui contrarie et mécontente la Russie» avec son homologue russe Vladimir Poutine pour «arrêter la guerre», s'il accepte de négocier directement avec lui.

Sur le terrain, les bombardements de l'armée russe se sont poursuivis en ce début de semaine sur nombre de villes ukrainiennes: Kyiv, Kharkiv, Marioupol, Odessa, Mykolaïv…

Confrontée à de lourdes pertes et une défense acharnée, l'armée russe a «renforcé sa présence dans l’espace aérien de l’Ukraine» lundi, a indiqué mardi l'armée ukrainienne sur Facebook. «Outre l’utilisation de drones, l’ennemi utilise des bombardiers, des avions d’attaque et de combat, des missiles balistiques et de croisière».

Des sources du renseignement américain citées par le quotidien américain New York Times avancent plus de 7 000 Russes tués depuis le début de la guerre.

 

«Un enfer glacial» 

«Aujourd’hui (mardi), nous nous concentrons sur l’évacuation des habitants de Marioupol», où la situation humanitaire est dramatique, a indiqué la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk dans une vidéo.

Des habitants ayant fui la ville ravagée ont décrit à l'ONG Human Rights Watch «un enfer glacial, avec des rues jonchées de cadavres et de décombres d’immeubles détruits», et «des milliers de personnes coupées du monde dans une ville assiégée» terrées dans des sous-sols sans eau, nourriture, électricité, ni communications.

L'ONU a également décrit une situation «extrêmement grave», avec «une pénurie critique et potentiellement mortelle de nourriture, d'eau et de médicaments».

Trois couloirs humanitaires devaient être ouverts mardi entre trois localités proches de Marioupol et la ville de Zaporojie, à 250 km au nord-est, selon Mme Verechtchouk. «Il n’y aura pas suffisamment de place pour tout le monde» mardi, mais «nous allons poursuivre l’évacuation selon le même algorithme jusqu’à ce qu’on ait sorti tous les habitants de Marioupol», a-t-elle ajouté.

Plus de 200 000 personnes se trouvent toujours dans la cité, selon Petro Andryushchenko, adjoint au maire cité par Human Rights Watch. Selon lui, plus de 3 000 civils y ont péri depuis le début des combats, mais le bilan exact reste inconnu.

Majoritairement russophone, Marioupol, stratégiquement située entre la Crimée (sud) et le territoire séparatiste de Donetsk (est), est bombardée depuis des semaines par les Russes. Le gouvernement ukrainien a rejeté un ultimatum de Moscou exigeant la reddition de la ville, où des chars russes sont entrés et les combats se poursuivent.

L'Union européenne a qualifié lundi les «bombardements indiscriminés» sur la ville, qui «tuent tout le monde», de «crime de guerre majeur» et décidé de doubler son soutien financier pour les achats d'armements envoyés à Kyiv.

Le président ukrainien a accusé la Russie de «tout simplement détruire» Marioupol. «Ils la réduisent en cendres, mais nous leur survivrons», a-t-il assuré lundi soir.

À Kyiv, touchée dimanche soir par une puissante frappe russe — la plus puissante jusque-là, selon habitants et secouristes — qui a détruit un centre commercial, tuant huit personnes, et secoué toute la capitale, un nouveau couvre-feu est entré en vigueur lundi soir jusqu'à mercredi 7h00 (1h00, heure du Québec).

Selon Moscou, le centre commercial Retroville était «inopérant» et servait de dépôt d'armements. L'AFP a vu, sous leur linceul de plastique, six cadavres vêtus d'effets militaires.

Depuis le début du conflit le 24 février, «65 habitants (…), dont quatre enfants, sont morts» et environ 300 personnes, dont 16 enfants, ont été blessées dans «les bombardements des militaires russes», selon le maire Vitali Klitschko.

Un think tank américain, l'Institute for the study of war (ISW), a prévenu que les Russes «se préparent à déployer davantage» d'artillerie autour de la capitale, qu'ils n'ont toujours pas réussi à encercler, «repoussés par une résistance ukrainienne féroce».

Dans tout le pays, au moins 117 enfants ont été tués depuis le début de l’invasion russe, a indiqué mardi le parquet général d’Ukraine. Et 548 établissements scolaires ont été endommagés, dont 72 complètement détruits, selon la même source.

 

Défections russes

Dans le Nord-Est, l'état-major de l'armée ukrainienne a affirmé mardi que près de 300 soldats russes avaient fait défection près d’Okhtyrka, dans la région de Soumy, assurant que les troupes russes n’avaient que pour trois jours de munitions, de nourriture et de carburant.

Dans le Donbass (est), en proie à un mouvement séparatiste prorusse depuis 2014, au moins 124 civils ont été tués dans la région de Lougansk depuis le début de l'invasion, a indiqué l’administration régionale sur Facebook.

Le ministère russe de la Défense a fait état mardi de la prise d’une dizaine de villages du Donbass par les séparatistes prorusses.

Dans une interview à plusieurs médias, le président ukrainien s'est dit prêt à discuter de la Crimée et du Donbass, tout en prévenant que l'Ukraine serait «détruite» avant de se rendre.

Mais mardi matin, le Kremlin a jugé que les pourparlers en cours n'étaient pas assez «substantiels». «Un certain processus (de négociations) a lieu, mais nous souhaiterions qu'il soit plus énergique, plus substantiel», a dit à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe.

«La question de la Crimée et du Donbass est une histoire très difficile pour tout le monde», a estimé M. Zelensky dans son interview. Il faut «des garanties de sécurité» et la fin des hostilités, et «une fois que ce blocage sera levé, parlons», a-t-il à propos de la presqu'île annexée par la Russie en 2014 et de la région de l'Est ukrainien.

Le président ukrainien a dit vouloir parler directement à son homologue russe. Tout en prévenant: «Nous devons tout faire pour que le Donbass et la Crimée nous reviennent (…) Une question de temps? Oui. Mais l'arrêt de la guerre, maintenant, c'est ça la question».

Près de 3,5 millions de personnes — essentiellement des femmes et des enfants — ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, selon l'ONU.

Plusieurs sessions de tractations entre Kyiv et Moscou se sont déroulées en présentiel et par visioconférence depuis le déclenchement de la guerre, sans résultat pour l'heure.

Le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov a admis que «la situation est très difficile» face à «un ennemi très supérieur numériquement et la menace d'une invasion terrestre de l'armée» du Bélarus, allié de Moscou.

Des armes chimiques et biologiques seront-elles utilisées par les Russes? Moscou a suggéré que l'Ukraine en détenait, ce qui est «un signe clair qu'il (Vladimir Poutine) envisage d'utiliser ces deux types d'armes», a estimé le président américain Joe Biden lundi soir, estimant que son homologue russe était «dos au mur».

Moscou avait plus tôt déclaré que Joe Biden avait conduit les relations russo-américaines «au bord de la rupture» par ses déclarations «indignes» visant Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de «criminel de guerre». L'ambassadeur américain a été convoqué lundi.

La fin de semaine sera marquée par une intense activité diplomatique. M. Biden participera jeudi à Bruxelles à un sommet extraordinaire de l'OTAN, une réunion du G7 et un sommet de l'UE, avant de séjourner vendredi et samedi en Pologne, principal pays d'arrivée des réfugiés ukrainiens.

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