Ukraine: des «centaines» de personnes sous les décombres d'un théâtre bombardé à Marioupol

Publié le 18/03/2022 à 07:49, mis à jour le 18/03/2022 à 13:21

Ukraine: des «centaines» de personnes sous les décombres d'un théâtre bombardé à Marioupol

Publié le 18/03/2022 à 07:49, mis à jour le 18/03/2022 à 13:21

Aucun bilan global précis n'a été fourni même si le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'«environ 1 300» militaires ukrainiens. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 17 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.    

 

13h15 | Lviv — Des « centaines » de personnes étaient toujours vendredi sous les décombres d’un théâtre bombardé par les forces russes à Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, selon le président ukrainien, et des missiles russes ont frappé les abords de Lviv, la grande ville jusqu’alors épargnée de l’ouest du pays.

Alors que les Occidentaux tentent de renforcer encore la pression sur la Russie pour faire cesser la guerre, le président américain Joe Biden a eu un entretien téléphonique de près de deux heures avec son homologue chinois Xi Jinping pour le mettre en garde contre toute assistance à Moscou.

Deux jours après le bombardement d’un théâtre à Marioupol, Volodymyr Zelensky a annoncé que « plus de 130 personnes ont pu être sauvées ». 

« Mais des centaines d’habitants de Marioupol sont toujours sous les décombres », a-t-il ajouté dans une vidéo, alors même que l’armée russe a annoncé se battre désormais dans le centre-ville de ce port sur la mer d’Azov, assiégé depuis des jours.

Selon le conseil municipal de Marioupol, le bombardement a fait au moins un blessé grave, mais pas de morts. 

« Selon des informations préliminaires, il n’y a pas de morts. Mais il y a des informations sur une personne très gravement blessée », a indiqué le conseil sur Telegram. 

Volodymyr Zelensky a promis la poursuite des opérations de secours « malgré les bombardements » qui se poursuivent dans cette ville.

L’armée russe a affirmé vendredi avoir réussi à pénétrer dans la ville et y mener des combats, aux côtés de troupes de la « république » séparatiste de Donetsk. Ces troupes « resserrent leur étau d’encerclement et combattent les nationalistes dans le centre de la ville », a affirmé à Moscou le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

La prise de Marioupol serait un important tournant dans le conflit et permettrait à la Russie d’assurer une continuité territoriale entre ses forces venues de la Crimée annexée, et les troupes du Donbass.

Les autorités ukrainiennes avaient accusé mercredi l’aviation russe d’avoir « sciemment » bombardé un théâtre de Marioupol où étaient réfugiés des centaines d’habitants, ce que la Russie a démenti.

La mairie de Marioupol a signalé que la situation était « critique » en ville avec des bombardements russes « ininterrompus » et des destructions « colossales ». 

 

Des missiles contre Lviv

Près de Lviv, à des centaines de kilomètres à l’ouest, « des missiles ont frappé le quartier de l’aéroport », a écrit sur son compte Facebook Andriy Sadovy, le maire de cette grande ville située près de la frontière polonaise, jusque-là épargnée par les combats. 

Il a assuré que la frappe n’avait pas touché directement les installations aéroportuaires, mais une usine de réparation d’avions, sans faire de victime.

« C’est une frappe sur la ville de Lviv, un hub humanitaire où se trouvent plus de 200 000 déplacés » et cela montre « qu’ils se battent non pas contre des militaires, mais contre la population », a affirmé Maksym Kozytsky, le gouverneur régional de Lviv, faisant état d’un blessé léger.

Un journaliste de l’AFP a vu un panache de fumée se dégager dans les airs au-dessus de la zone.

« Nous avons entendu l’alarme. Nous avons été avertis, mais (…) nous ne nous sommes pas mis à l’abri, car nous n’avons peur de rien », a affirmé Olga, 56 ans. « La nuit, nous prions pour toutes nos villes soumises à l’attaque vicieuse de Poutine. »

 

Entretien Xi-Biden

Lors de son entretien avec Joe Biden, le président chinois a assuré que la Chine et les États-Unis ont la responsabilité d’aider à la paix mondiale.

Un conflit « n’est dans l’intérêt de personne », a-t-il affirmé, selon la télévision chinoise. « La crise ukrainienne n’est pas quelque chose que nous souhaitions voir » arriver, a-t-il ajouté.

Wendy Sherman, numéro deux de la diplomatie américaine, avait exposé clairement l’enjeu de la conversation, vendredi sur CNN : « Nous voulons que le Parti communiste chinois, qui est une puissance très importante sur la scène internationale (…) comprenne que son avenir est avec les États-Unis, avec l’Europe, avec d’autres pays développés et en développement. Leur avenir ce n’est pas de soutenir Vladimir Poutine. »

Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, le régime communiste chinois, partageant avec la Russie une profonde hostilité envers les États-Unis, s’est abstenu d’exhorter le président russe Vladimir Poutine à retirer ses troupes d’Ukraine.

Mais la Chine a peut-être déjà commencé à prendre ses distances avec Moscou, car, d’après des diplomates à l’ONU, la Russie a renoncé jeudi soir à tenir le lendemain un vote au Conseil de sécurité sur une résolution liée à la guerre en Ukraine, faute de soutien de ses plus proches alliés.

Joe Biden n’a pas mâché ses mots à l’égard de Vladimir Poutine, le traitant de « voyou » et de « dictateur sanguinaire » après l’avoir qualifié la veille de « criminel de guerre ».

Le président ukrainien a imploré une nouvelle fois jeudi les Occidentaux d’aider à « arrêter cette guerre », au moment où des frappes russes faisaient au moins 27 morts dans l’est du pays.

« Un peuple est en train d’être détruit en Europe », a-t-il dit, ovationné par les députés du Bundestag allemand auxquels il s’est adressé par visioconférence.

Outre Marioupol, les bombardements se poursuivent aussi à Kyiv et à Kharkiv, deuxième ville du pays, dans le nord-est, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre.

Selon le service d’urgence ukrainien, des tirs russes ont frappé « un établissement d’enseignement supérieur » et « deux immeubles d’habitations voisins », faisant un mort et 11 blessés à Kharkiv vendredi.

La capitale s’est vidée d’au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants. Selon la mairie, 222 personnes, dont 60 civils, ont été tuées à Kyiv depuis le début de l’invasion.

 

« Désinformation »

Aucun bilan global précis n’a été fourni même si le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d’« environ 1 300 » militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.

D’après le décompte au 16 mars du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) en Ukraine consulté par l’AFP, soulignant que ses chiffres sont probablement très inférieurs à la réalité, au moins 780 civils — dont 58 enfants — ont été tués en Ukraine et plus de 1 250 blessés.

Au siège de l’ONU, à New York, les six pays occidentaux membres du Conseil de sécurité ont dénoncé l’utilisation de cette instance par Moscou pour diffuser de « la désinformation » et de la « propagande », avant une dixième réunion de cette instance depuis l’invasion.

Trois semaines après le début de son offensive, Moscou ne donne aucun signe de répit dans son offensive et accuse Kyiv de « faire traîner » les pourparlers entre les belligérants.

Le président Poutine a célébré vendredi, dans le stade Loujniki de Moscou, plein à craquer, les huit ans de l’annexion de la Crimée ukrainienne. 

Au son des « Russie, Russie » scandée par la foule, il a salué « l’héroïsme » de soldats russes qui « combattent, qui agissent, lors de cette opération militaire côte à côte, et qui, s’il le faut, couvrent de leur corps » leur camarade pour couper la trajectoire « d’une balle ».

Depuis le 24 février, plus de 3,2 millions d’Ukrainiens ont pris les routes de l’exil, dont près des deux tiers vers la Pologne, parfois seulement une étape avant de continuer leur exode.

Les besoins humanitaires en Ukraine se font « de plus en plus urgents », avec plus de 200 000 personnes privées d’eau rien que dans la région de Donetsk et de « graves pénuries » de nourriture, d’eau et de médicaments dans des villes comme Marioupol ou Soumy, a déclaré vendredi un porte-parole du HCR, Matthew Saltmarsh.

 

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