«La crise n'est pas terminée», selon Mark Carney

Publié le 13/12/2010 à 14:01, mis à jour le 13/12/2010 à 15:38

«La crise n'est pas terminée», selon Mark Carney

Publié le 13/12/2010 à 14:01, mis à jour le 13/12/2010 à 15:38

Par Olivier Schmouker

Mark Carney envisage des ajustements «douloureux». Photo : Bloomberg.

«La crise n'est pas terminée. Elle vient d'entrer dans une nouvelle phase», a déclaré aujourd’hui à Toronto le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.

De quelle crise économique parlait-il, alors que, techniquement, la récession est terminée au Canada depuis la fin de 2009? «Le monde entier est submergé par les dettes, si bien que l’assainissement des banques, des ménages et mêmes des États va exiger des années. Résultat : le rythme et la variabilité de la croissance à l’échelle du globe se modifient sans cesse, et le Canada n’est pas épargné par le phénomène», a-t-il expliqué devant l'Economic Club of Canada.

Ainsi, l’ajustement «douloureux» de la demande mondiale et son incidence sur le système monétaire international renforcent les stratégies de bas taux d'intérêt mises en œuvre par les grandes économies de la planète, et pourraient nécessiter «de nouvelles phases d'assouplissement quantitatif». En conséquence, le Canada, comme d’autres pays, va devoir apprendre à vivre avec des taux directeurs bas, et ce pendant longtemps.

«Les taux directeurs dans les grandes économies pourraient demeurer très bas pendant une période prolongée - une possibilité mise en relief par la récente reconduction de politiques monétaires non traditionnelles aux États-Unis, au Japon et en Europe», a-t-il dit.

Or, une longue période de bas taux d'intérêt peut avoir un impact majeur sur le comportement, entre autres, des ménages et des investisseurs. Le gouverneur parle d’ailleurs d’un facteur pouvant «fausser» leur comportement… «L'expérience indique que des périodes prolongées de taux inhabituellement bas peuvent embrouiller l'évaluation des risques financiers, provoquer une quête de rendement et retarder les ajustements des bilans», a-t-il indiqué.

C’est pourquoi M. Carney a tenu à faire une mise en garde : «Ce n'est pas parce que les taux sont bas aujourd'hui que ce sera nécessairement le cas demain. Lorsqu'elle se produit, la réévaluation des risques peut être impitoyable : plus l'excès de confiance est grand, plus l'heure des comptes est brutale».

D’où l’importance, selon lui, de «ne pas pécher par excès de confiance». «Des conditions de financement bon marché ne représentent pas une stratégie de croissance à long terme. La politique monétaire continuera d'être formulée en fonction de l'atteinte de la cible d'inflation. Nos institutions ne devraient pas être leurrées par un faux sentiment de sécurité compte tenu des bas taux d'intérêt actuels», a dit M. Carney.

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