SNC-Lavalin Aéroports tisse sa toile en France

Publié le 12/09/2009 à 00:00

SNC-Lavalin Aéroports tisse sa toile en France

Publié le 12/09/2009 à 00:00

Aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées. À l'étage des arrivées par passerelles téléscopiques, une véritable clinique est aménagée, avec ses infirmières, ses batteries de fauteuils roulants, de lits, de civières... Par ici transitent chaque année des centaines de milliers d'enfants gravement handicapés, de vieillards malades et de fervents catholiques du monde entier. Ils viennent réclamer des miracles aux sanctuaires de la fameuse grotte de Lourdes.

La gestion de l'Aéroport est l'une des dernières prises de SNC-Lavalin. Le géant québécois de l'ingénierie a accumulé cinq contrats de gestion d'aéroports régionaux en France depuis 1998, profitant de la décentralisation entreprise par l'État. Les départements et les chambres de commerce, nouveaux propriétaires des plus petites plateformes, confient des contrats de gestion à de grandes firmes de génie civil, et SNC-Lavalin est déterminée à en profiter.

En juillet, l'entreprise a gagné une autre manche en remportant la gestion de l'Aéroport de Cherbourg, en Basse-Normandie. La Chambre de commerce et d'industrie locale, qui gérait les installations depuis 50 ans, a présenté une proposition deux fois plus chère... et a perdu. " Nous n'avons aucun état d'âme, dit son président, Jean-Claude Camus. Il faut savoir évoluer. "

Avec ce nouveau contrat de six ans, SNC-Lavalin s'engage à relever une petite installation qui périclite. C'est le genre de contrats qui peuvent l'aider à prouver qu'elle est la championne de la gestion d'aéroports.

L'entreprise gère aujourd'hui cinq plates-formes régionales en France, en plus de l'Aéroport international de Malte, situé au milieu de la Méditerranée. Près de quatre millions de passagers transitent par ces installations. Et ce n'est qu'un début, selon Jean-Claude Pingat, vice-président directeur de SNC-Lavalin, chargé notamment de la division Aéroports, une toute nouvelle filiale. " Ce qu'on voudrait, c'est gagner une dizaine de plateformes régionales. Ça nous donnerait un réseau et ça nous ferait connaître des transporteurs à rabais. "

Le but ultime, c'est d'acquérir une participation dans un des 12 grands " aéroports régionaux " français, dont l'État ouvrira le capital à partir de 2013. Le plus important d'entre eux, celui de Nice, est le plus achalandé après les aéroports parisiens. En 2008, il a accueilli 10,4 millions de passagers, soit presque autant que Montréal. " Nous voulons gagner l'un de ces aéroports d'ici 2015 ", souligne M. Pingat.

Faire des miracles

D'ici là, SNC-Lavalin doit faire ses preuves dans les petits aéroports. À Tarbes-Lourdes-Pyrénées, ça veut dire attirer plus de passagers en dehors de la période des pèlerinages. Car ici, les trois quarts des passagers viennent à cette époque de l'année. En février, puis de Pâques à octobre, l'aéroport est plein à craquer. Le reste de l'année, on y entendrait une mouche voler... à défaut des avions, qui sont peu nombreux.

Le gestionnaire doit également améliorer les installations pour être en mesure de mieux accueillir ceux qui viennent à Lourdes pour les miracles. Une clientèle pour le moins...complexe.

Dans le hall des arrivées, tout est en place pour les recevoir. Ici, oubliez la France laïque. Un grand tableau représentant le pape Benoît XVI est accroché au mur. Une pièce est remplie de fauteuils roulants et de civières. " En février dernier, nous avons eu 40 enfants handicapés dans un seul Airbus A320, dit Bertrand Bilger, le nouveau directeur de l'aéroport, mis en place par SNC-Lavalin. C'était des cas très lourds. Nous voulons faire en sorte que l'aéroport soit plus confortable pour ces clients et que le transit se fasse plus rapidement. "

D'autant plus que l'année 2008 a montré les limites de l'aéroport. Pour le 150e anniversaire des " apparitions de Lourdes ", le souverain pontife est venu en visite officielle. Un événement qui a provoqué une affluence historique à l'aéroport Tarbes-Lourdes-Pyrénées.

" Ça a été fou, se remémore M. Bilger. Nous avons accueilli 700 000 personnes, alors que notre trafic habituel est de moins de 500 000 passagers. "

SNC-Lavalin doit augmenter la capacité de l'aéroport durant la période de pointe. D'autant plus que l'entreprise s'est engagée à porter l'achalandage à 800 000 passagers d'ici la fin du contrat, dans 12 ans. Pour y parvenir, SNC-Lavalin souhaite établir une liaison régulière avec la plaque tournante de Madrid, qui donnerait un meilleur accès à l'Amérique latine, continent rempli de fervents catholiques.

Tout cargo

À Paris-Vatry, la société québécoise a d'autres défis. C'est ici qu'a commencé son aventure dans les aéroports français. En 1998, un consortium dominé par SNC-Lavalin, Aéroports de Montréal (ADM) et la française Keolis achetait cette ancienne base de l'OTAN, à deux heures de route à l'est de Paris. Le département de la Marne venait de la transformer en aéroport de fret, question de profiter de l'engorgement des Aéroports de Paris, à 150 kilomètres.

À l'époque, personne ne croyait que les Montréalais allaient réussir à faire de Vatry le deuxième aéroport de fret de France, tel que promis. Issu d'ADM, Youssef Sabeh a été placé à la tête de l'aéroport dès 2000.

En mai 2000, un premier avion-cargo s'y posait. " Nous sommes maintenant le troisième aéroport de fret en France, derrière les Aéroports de Paris et Toulouse ", dit M. Sabeh.

Environ le tiers des marchandises qui transitent par Vatry sont des denrées périssables, surtout en provenance d'Afrique.

Aujourd'hui, Keolis s'est retirée de Paris-Vatry et ADM a diminué sa participation. M. Sabeh est quant à lui devenu vice-président, exploitation, de SNC-Lavalin Aéroports. À ce titre, il hérite de la gestion de l'Aéroport international de Malte et de ses trois millions de passagers. C'est la plus importante installation exploitée par la filiale. L'Aéroport dépendait auparavant directement du siège social de l'entreprise à Montréal. Il relèvera désormais de Vatry.

En plus de poursuivre son développement en France, M. Sabeh - diplômé de l'Université de Sherbrooke et de HEC Montréal - a le mandat de diriger l'expansion de la filiale en Europe et dans le monde. " On regarde du côté d'Arad, en Roumanie, dit-il. Dernièrement, nous avons eu des offres pour deux aéroports, en Hongrie et au Brésil. "

NOMBRE DE PASSAGERS ET DE TONNES DE CARGO DANS LES AÉROPORTS EXPLOITÉS PAR SNC-LAVALIN AÉROPORTS EN 2008

VANNES 800 passagers

CHERBOURG 10 000 passagers

TARBES-LOURDES-PYRÉNÉES 700 000 passagers

PARIS-VATRY

4 400 passagers

41 200 tonnes

CHALON-CHAMPFORGEUIL 400 passagers

MALTE1

3 125 000 passagers

18 227 tonnes

1 L'aéroport de ce pays, une station balnéaire réputée, est situé dans la mer Méditerranée.

Source: SNC-Lavalin Aéroports, Aéroport international de Malte

hugo.joncas@transcontinental.ca

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