Selon le dernier rapport sur la compétitivité du Forum économique mondial, le Canada est passé du 15e au 13e rang des pays recensés.
Ce gain s'explique surtout par les bonnes évaluations du Canada en matière de marchés financiers (4e), de la performance de nos systèmes d'éducation et de santé (7e) et de l'efficacité de notre marché du travail (7e). Ces critères de base sont importants, et nous pouvons nous en réjouir. Par contre, nos résultats sont très décevants quant aux critères liés directement à la productivité : nous sommes au 18e rang pour ce qui est de la disponibilité et de l'utilisation des technologies ; au 19e en ce qui concerne la performance de notre système d'éducation supérieure ; au 22e en ce qui a trait à notre capacité d'innover ; et au 22e également quant à l'intelligence d'affaires.
Ce portrait peu reluisant n'est pas nouveau. En effet, les études ne manquent pas pour tenter d'expliquer cette sous-performance par rapport aux 10 meilleurs pays, selon les deux derniers critères mentionnés ci-dessus : la Suisse, le Japon, l'Allemagne, les États-Unis, la Finlande, les Pays-Bas, la Suède, Israël, le Royaume-Uni et le Danemark.
Il faut certes faire mieux, mais comment ? Nos gouvernements ont créé plusieurs programmes pour stimuler l'innovation. Ceux-ci visent entre autres à : accroître la disponibilité du capital de risque, financer la recherche fondamentale, multiplier les crédits fiscaux aux entreprises qui font de la R-D, financer des équipements dans les universités, accorder des bourses aux étudiants des cycles supérieurs, soutenir les incubateurs d'entreprises naissantes et réduire les impôts sur les bénéfices. Malgré ces initiatives, nos entreprises investissent toujours trop peu dans la R-D, la machinerie, l'équipement et les technologies, de même que dans les efforts stimulant l'innovation.
Conscient de cette lacune, Justin Trudeau a promis d'investir 200 millions de dollars par année pendant trois ans pour soutenir les incubateurs et les accélérateurs d'entreprises ainsi qu'un réseau national émergent d'innovations. Il s'est également engagé à ajouter 100 M$ par année pendant trois ans sous forme d'aide à la recherche dans les PME afin d'en faire des chefs de file mondiaux. Ces engagements paraissent louables, mais on devra s'assurer de bien comprendre les besoins des entreprises et les interventions à mener si on veut éviter le gaspillage.
Quelques pistes
La panoplie des programmes déjà à la disposition des entreprises est impressionnante, certes. Toutefois, certains dispositifs existants pourraient être davantage exploités, alors que d'autres voies pourraient être explorées.
Il faut une meilleure collaboration entre les acteurs du milieu des sciences et les entreprises. La science provient surtout de la recherche fondamentale et appliquée qui se fait dans les universités et les centres de recherche qui leur sont affiliés. Malheureusement, 50 % des chercheurs n'auraient aucun intérêt pour les retombées économiques de leurs recherches, lesquelles ne sont pas toujours bien ciblées, d'ailleurs. La recherche fondamentale est importante à moyen et à long terme, mais il faut aussi que les chercheurs, notamment les étudiants à la maîtrise et au doctorat, aient davantage l'occasion de travailler sur des projets de recherche appliquée issus de besoins réels de sociétés établies et d'idées d'entrepreneurs qui veulent propulser leur PME sur les marchés. Actuellement, il manque de connexions entre les entrepreneurs et les chercheurs, et de moyens pour faciliter le passage de ces derniers dans les entreprises. C'est une piste que doit étudier le gouvernement Trudeau.
Dans certains pays, le lien entre universités et entreprises s'établit au moyen d'organisations intermédiaires de recherche (OIR) indépendantes, financées à la fois par les fonds publics et le secteur privé. Servant de ponts entre les universités et les entreprises, ces OIR échappent aux contraintes associées à la structure universitaire. Elles peuvent en outre intervenir plus librement en matière de partenariats et de commercialisation.
Nous avons développé au Québec des centres de recherche appliquée précompétitive, dont les résultats sont probants. C'est le cas de l'Institut national d'optique dans la photonique, du Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale du Québec dans l'aérospatiale, du CQDM dans la recherche de médicaments et du MEDTEQ dans les technologies médicales. Les Centres d'excellence de l'Ontario ont une approche semblable pour de nombreux secteurs d'activité, y compris les technologies de l'information et des communications. Au lieu de chercher à réinventer, il faut octroyer plus de ressources à ces organisations.
Enfin, on doit également s'attaquer à l'enjeu de la commercialisation de nos technologies face aux géants étrangers (Google, Amazon, Facebook, Apple, etc.), en particulier de celles de nos PME qui, souvent, doivent vendre le fruit de leurs découvertes à des sociétés étrangères, faute de protection et de moyen. L'innovation résulte de la rencontre de la science et de l'entrepreneuriat. Il faut les réunir davantage.
J'aime
Selon des informations de la Ville de Montréal, les prix des soumissions des entrepreneurs en construction sont actuellement inférieurs de 9 à 12 % à ceux de 2014. Par ailleurs, les prix des matériaux achetés par la Ville sont en baisse de 10 % par rapport à ceux de 2014. Ces réductions s'ajoutent à la chute de 20 à 30 % du coût des chantiers de construction depuis les horreurs révélées à la commission Charbonneau.
Je n'aime pas
Dix-huit mois après avoir été élus, neuf députés ont déjà quitté l'Assemblée nationale. L'un d'eux est parti pour une raison de santé, mais les autres, par manque d'intérêt pour leur poste. Coût des indemnités de départ : 776 000 $, selon Adrien Pouliot, chef du Parti conservateur du Québec. Chaque élection tenue pour les remplacer coûte 500 000 $. À quand une réforme de leur système de rémunération ?
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