Le plan du président américain Barack Obama pour relancer l'emploi aux États-Unis ne signifie pas encore la fin de l'incertitude vis-à-vis de l'économie américaine, et ce, même s'il est probable que le cirque politique des derniers mois ne risque pas de se reproduire.
Plusieurs des mesures dévoilées hier risquent d'être adoptées sans trop de mal tant par les républicains que les démocrates, pensent les économistes consultés par LesAffaires.com. Cela diminue les chances d'un affrontement aussi intense que celui qui a divisé Washington dans la crise du relèvement du plafond de la dette plus tôt cet été.
Notamment, tout le volet fiscal du projet de loi va probablement rejoindre un terrain d'entente assez facilement. « La prolongation des réductions de taxes sur la masse salariale ou les nouvelles mesures ciblées sur les taxes salariales, cette partie pourrait être acceptée par les républicains », a souligné Stéfane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale. Elles représentent environ 175 milliards $ US des mesures proposées hier.
« Environ 40 % des propositions sont des vieilles mesures renouvelées », a commenté de son côté Francis Généreux, économiste principal pour Desjardins Études économiques, et toutes ces reconductions devraient passer facilement pense-t-il.
Il reste cependant à voir ce qui adviendra du volet infrastructure (modernisations d'infrastructures de transport et d'écoles publiques, projets publics de rénovation ou de réinvestissement pour des logements sociaux ou locaux d'entreprises vacant), évalué à 140 milliards $ US. Sur ce point, les débats seront certainement plus relevés, affirment nos trois experts.
D'ailleurs, lors des négociations sur le relèvement du plafond de la dette du gouvernement, les républicains faisaient tout en leur pouvoir pour forcer au maximum une réduction des dépenses de l'État.
« On sent qu'Obama est plus combatif », a par contre rétorqué Carlos Leitao, économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, ce qui pourrait forcer la main des républicains pour atteindre un compromis à son avis.
Mais à tout événement, un flou demeure sur les moyens de financer ce plan de près de 450 milliards $ US. Obama a eu beau insister sur le fait que tout cela se financera par lui-même et n'entraînera pas de nouvelles dépenses, les réponses à ces questions ne viendront pas avant le 19 septembre. L'incertitude demeurera tant que cela ne sera pas éclairci et que certaines parties du plan ne seront pas adoptées.
« Il y a un risque politique pour au moins un an, avertit M. Marion. Même si certains éléments seront reconduits, il faudra négocier pour les nouvelles mesures. » C'est sans compter qu'un super comité du Congrès doit toujours identifier les réductions de dépenses qui ont fait l'objet de l'entente sur le relèvement du plafond de la dette.
L'important demeure « d'enlever à court terme les incertitudes quant aux mesures fiscales », insiste M. Marion, puisque qu'il faut absolument éviter de créer de nouvelles ponctions fiscales en 2012 en ne renouvelant pas certaines mesures.
Il a d'ailleurs bon espoir que cela évite à tout le moins la contraction du PIB américain qu'il craignait à cause des mesures d'austérité adoptées par Washington il y a un peu plus d'un mois.
M. Généreux émet pour sa part plusieurs doutes sur l'impact du plan Obama. « Il n'y a pas d'argent neuf, il n'y a rien qui sera injecté dans l'économie. » Plusieurs des réductions de taxes sur la masse salariale seront en fait des renouvellements de mesures adoptées il y a un an, et « cela n'a pas eu d'effet. » Aussi, même si on cherche à encourager l'embauche, rien ne dit que les entrepreneurs seront incités à passer à l'action s'ils sentent que la demande n'est pas vigoureuse et si la confiance en l'économie n'est pas au rendez-vous. À son avis, ces propositions ne donneront pas d'étincelle pour relancer l'économie, mais permettront à tout le mois d'empêcher plus de dégâts.
« Obama est allé à la limite de ce qui était possible », concède cependant M. Leitao, qui aurait aimé en voir davantage. Il soutient par contre que ces mesures auront un « effet modeste » sur l'économie. « Ce n'est pas assez, il faudrait quelque chose de plus vaste vu l'ampleur des problèmes. Mais il faut être réaliste. La Maison Blanche va aussi loin qu'elle peut aller dans ce contexte politique. » Et cette fois, ce ne sont pas uniquement les travailleurs qui sont visés par les mesures fiscales. Les entreprises seront aussi touchées, ce qui augmente les chances que les incitatifs fiscaux sur la masse salariale aient un effet.
PLUS :
Le plan Obama: "un choc électrique"
Les principaux points du plan Obama