Le dollar faible favorise les start-up canadiennes


Édition du 13 Février 2016

Le dollar faible favorise les start-up canadiennes


Édition du 13 Février 2016

La faiblesse du dollar canadien, qui a perdu 15 % de sa valeur par rapport au dollar américain depuis mai 2015, ne frappe pas toutes les entreprises de la même manière. La plupart des start-up technos en bénéficient en raison de leur structure de coût souvent caractérisée par des dépenses en dollars canadiens et des revenus en dollars américains. Le dollar faible donne ainsi la possibilité aux start-up d'augmenter leurs marges et d'attirer l'attention des investisseurs américains. À plus long terme, toutefois, l'impact du dollar faible sur l'écosystème technologique canadien est moins clair.

«C'est une situation avantageuse, car les revenus que je fais en devises étrangères valent beaucoup plus en dollars canadiens», lance Laurent Maisonnave, pdg de Seevibes, une start-up montréalaise spécialisée dans la publicité sur les médias sociaux. La baisse du dollar canadien permet en effet à cette PME de faire plus de kilométrage avec ses revenus en devises étrangères, qui représentent aujourd'hui 40 % de ses recettes. Douze des quatorze employés de Seevibes sont établis au Québec et, donc, sont payés en dollars canadiens.

Le phénomène qui rend les ingénieurs payés en dollars canadiens attrayants est le même que celui qui rend les start-up canadiennes comme Seevibes attrayantes aux yeux des investisseurs étrangers, car elles sont plus abordables. «On devient attrayant tant sur le plan des services offerts que sur celui de l'investissement», note Laurent Maisonnave, dont l'entreprise a obtenu 1,2 million de dollars canadiens en capital de risque, grâce à trois rondes de financement.

Aujourd'hui, toutefois, les start-up canadiennes sont nombreuses à aller chercher du financement en dollars américains. Les quatre investissements réalisés par le fonds montréalais iNovia depuis le début de l'année ont d'ailleurs été faits en devises américaines. «Les sociétés canadiennes peuvent être valorisées en dollars américains, car la plupart de leurs revenus sont dans cette devise, explique Chris Arsenault, associé principal d'iNovia. C'est un avantage pour elles, parce que leurs dépenses se font en dollars canadiens.» iNovia s'est préparée à cette nouvelle réalité en visant une capitalisation supérieure pour son quatrième fonds, annoncé en janvier, qui atteint 175 M$ CA.

Le revers de la médaille

Pour les start-up canadiennes, la faiblesse du dollar est une bénédiction. En ce qui concerne l'écosystème technologique dans son ensemble, toutefois, son impact reste incertain. À cause de cette faiblesse, les fonds canadiens en capital de risque comme iNovia feront face à une concurrence accrue en provenance des États-Unis, tout en courant un risque de change important.

«C'est une situation plus difficile pour les capital-risqueurs canadiens, qui devront payer leurs bailleurs de fonds en dollars canadiens d'ici cinq à sept ans, dit Chris Arsenault. Quel sera le taux de change à ce moment ?»

L'affaiblissement potentiel des capital-risqueurs canadiens pourrait notamment amener davantage de start-up à déménager au sud de la frontière. De plus, les start-up canadiennes financées en dollars canadiens auront plus de mal à procéder à des acquisitions à l'étranger. Ainsi, la faiblesse du dollar pourrait contribuer à amplifier le phénomène qui conduit les start-up canadiennes à déménager aux États-Unis ou à être vendues avant d'avoir atteint la maturité.

Pour Brian King, professeur spécialisé en capital de risque à HEC Montréal, la faiblesse du dollar n'aura pas le même effet sur toutes les start-up : «La baisse du dollar canadien, ça devrait être positif pour la plupart des start-up, explique le professeur. Par contre, ça pourrait causer plus de difficultés à celles qui sont financées en dollars canadiens et qui voudraient faire une acquisition aux États-Unis ou acheter de l'équipement en Chine.»

Suivez Julien Brault sur Twitter @julienbrault

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