Développer le tourisme grâce au numérique


Édition du 15 Octobre 2016

Développer le tourisme grâce au numérique


Édition du 15 Octobre 2016

Sahil Khoja, Jules Kamanzi, Julien Mbony (de gauche à droite), de Swipecity, veulent vendre aux villes et aux organismes touristiques et culturels les données récoltées grâce à leur application.

Au départ, les fondateurs de la jeune pousse Swipecity, de Québec, désiraient créer une application pour faire découvrir et pour promouvoir des commerces sur les appareils mobiles. Mais rapidement, les entrepreneurs se sont tournés vers la mise en valeur de la culture locale auprès des touristes.

Ce virage a été entrepris lors du Hackathon des Journées de la culture, en septembre 2015. L'équipe de Swipecity y a gagné une bourse de 2 000 $. Elle a ensuite reçu une aide financière de 15 000 $ du Lab culturel, relevant de Culture pour tous, consentie dans le cadre du Plan culturel numérique du Québec.

En avril dernier, l'entreprise a lancé une version pilote de son application sur Android pour la ville de Québec, téléchargée à ce jour par 415 utilisateurs. Un visiteur qui la télécharge et se promène dans le Vieux-Québec reçoit une notification sur son appareil mobile lorsqu'il passe près de l'un des 20 monuments ou attractions dotés d'une borne signalétique installée à proximité. L'alerte l'invite à lire un texte informatif écrit sur un ton ludique. Cette formule vise les touristes qui ne sont pas portés vers les applications proposant des parcours à suivre.

«Il y a des gens qui veulent juste se promener librement, visiter et découvrir par eux-mêmes», indique Julien Mbony, président de Swipecity, tout en précisant que leur offre peut aussi être complémentaire à d'autres services.

Des données précieuses sur les visiteurs

La jeune PME prévoit lancer en 2017 la version améliorée de l'application. Elle espère notamment y ajouter l'offre culturelle. Le plan d'affaires prévoit engranger des revenus auprès d'établissements, comme des salles de spectacle, qui voudraient payer pour voir leurs activités affichées dans l'application.

Mais surtout, les villes constituent la clientèle cible de Swipecity. Comme un échange d'information se produit entre l'appareil mobile et les bornes signalétiques, des données sont récoltées et permettent d'obtenir des statistiques, par exemple le nombre de touristes qui se promènent à un endroit selon le moment de la journée ou la provenance des visiteurs. L'entreprise envisage de vendre ces données aux villes et aux organismes touristiques et culturels intéressés.

«On essaie d'intégrer la ville intelligente», dit Julien Mbony, qui planifie des discussions avec des administrations municipales et des organismes publics dans les prochains mois.

L'importance d'une action coordonnée

Mohamed Reda Khomsi, professeur au Département d'études urbaines et touristiques à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, s'est penché sur le mariage entre la ville intelligente et le tourisme, en analysant plus particulièrement le cas de Montréal. Il croit que, «pour l'amélioration de l'expérience touristique, il faut que les acteurs travaillent de façon coordonnée, qu'il y ait une certaine synergie».

À ses yeux, «le problème, c'est que de nombreux acteurs développent des applications sans que ce soit intégré à un projet global».

L'organisme Montréal en Histoires a tout de même collaboré avec la Ville de Montréal et le Palais des congrès à la création du réseau Wi-Fi du Vieux-Montréal, qui sert entre autres au parcours Cité Mémoire. Lancé en mai 2016, ce parcours met en scène une vingtaine de tableaux multimédias et donne accès à son application de réalité augmentée, disponible depuis juillet 2015. «On a travaillé avec eux pour déployer la fibre optique», indique Martin Laviolette, directeur général et producteur délégué à Montréal en Histoires. D'autres discussions sont à prévoir, car l'organisme à but non lucratif veut prolonger le parcours vers le centre-ville et le canal Lachine.

L'application Montréal en Histoires, offerte en français, en anglais, en espagnol et en mandarin, a été téléchargée par 80 000 utilisateurs : 80 % d'entre eux proviennent du Canada, 10 %, des États-Unis, 5 %, d'Europe, et 5 %, d'autres régions du monde.

S'il concède que les réalisations de Montréal en Histoires ont probablement pesé beaucoup dans le choix de l'Intelligent Community Forum dans la désignation de Montréal comme la ville intelligente de 2016, Mohamed Reda Khomsi constate que dans l'argumentaire, «il n'y avait pas vraiment de dimension touristique pour dire que l'application va nous permette de chercher tel type de touriste ou telle clientèle».

Il constate que les projets mis de l'avant par le Bureau de la ville intelligente de Montréal visent surtout les citoyens, et que ses consultations ont peu impliqué les acteurs du tourisme. Il souligne que développer une ville intelligente ne stimule pas automatiquement l'attractivité d'un lieu comme destination voyage.

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