La pandémie ramène les codes QR à l'avant-scène

Publié le 28/09/2021 à 17:40

La pandémie ramène les codes QR à l'avant-scène

Publié le 28/09/2021 à 17:40

Par La Presse Canadienne

La technologie des codes QR, initialement développée pour l’industrie automobile, remonte aux années 1990. (Photo: La Presse Canadienne)

Toronto — Lorsque Sasha Steinberg a rouvert son pub après un confinement pandémique l’an dernier, elle a effacé le tableau mural énonçant les quelque 50 cidres qu’elle offre et a cessé d’imprimer des centaines de menus, pour remplacer ces options par des carrés pixelisés en noir et blanc sur les tables. 

Lorsqu’ils sont scannés avec un téléphone, les codes QR (Quick Response) du Cider House génèrent un questionnaire de dépistage de COVID-19, et les clients qui ne signalent aucun symptôme peuvent ensuite cliquer sur le menu de l’établissement de l’ouest de Toronto. 

«Cela a fonctionné comme dans un rêve», raconte Mme Steinberg. À certains égards, c’est une amélioration, a-t-elle ajouté, puisque cela réduit les tâches associées au nettoyage constant des menus et à la mise à jour du tableau. 

«Je ne pense pas que nous reviendrons à nos menus habituels à l’avenir.» 

Plusieurs autres entreprises ont pris des mesures similaires, estimant qu’il s’agissait d’une solution rentable et facile à utiliser, car la technologie QR peut créer un lien vers des sites web, des formulaires ou des applications. C’est rapide et souvent gratuit. 

La technologie des codes QR, initialement développée pour l’industrie automobile, remonte aux années 1990. Après une période de stagnation, elle effectue aujourd’hui un retour en force avec la pandémie, malgré l’apparition de problèmes de sécurité des données et de confidentialité. 

La Saskatchewan a supprimé les codes QR des dossiers de vaccination la semaine dernière, après une brèche impliquant au moins 19 codes qui affichaient les informations de santé de la mauvaise personne. 

Des semaines plus tôt, certains médias au Québec rapportaient que des codes QR avaient été volés sur des passeports vaccinaux appartenant à des membres de l’Assemblée nationale. 

De l’autre côté de la frontière, le procureur général de Floride, Ashley Moody, a prévenu que les escrocs pouvaient utiliser cette technologie pour rediriger les consommateurs vers des sites web malveillants. 

«Les risques sont là», a souligné Imran Ahmad, associé chez Norton Rose Fulbright Canada et coresponsable de la pratique de la protection des données, de la confidentialité et de la cybersécurité du cabinet. 

«Les pirates sont en constante évolution. Ils sont super sophistiqués. Ils vont trouver un moyen de vous rediriger vers un site qui peut être malveillant ou un site qui a l’air légitime, mais qui exécute de mauvaises choses en arrière-plan, peut-être à votre insu.» 

Il s’attend à ce que la mise en œuvre de passeports vaccinaux dans d’autres provinces et l’introduction de la technologie dans un plus grand nombre d’entreprises fassent de la confidentialité un sujet brûlant d’actualité. 

 

De l’industrie automobile à la vie quotidienne

Les codes de liens vers des pages web ou des applications ont fait leurs débuts en 1994, lorsque Masahiro Hara, qui travaillait pour la filiale de Toyota Denso Wave, a été invité par les constructeurs à développer des scanneurs capables de lire les codes à barres plus rapidement. 

Le site web de Denso Wave précise que les codes à barres ne pouvaient stocker à l’époque que 20 caractères alphabétiques et que les travailleurs devaient en scanner jusqu’à 1000 par jour, ce qui rendait le travail moins efficace et compliquait le suivi des véhicules et des pièces pendant la construction. 

Il a fallu un an et demi à M. Hara et à son équipe de deux personnes pour développer les codes, qui pouvaient être scannés 10 fois plus rapidement que les codes à barres et qui ont finalement été utilisés pour la gestion des stocks et le suivi des livraisons. 

Les codes ont finalement fait leur apparition dans d’autres industries, mais ne sont devenus omniprésents pour les consommateurs qu’au milieu des années 2000. 

C’est à ce moment-là que l’utilisation des téléphones intelligents a fait un bond en avant et a fait des utilisateurs une cible pour les spécialistes du marketing. Les distributeurs de films ont mis des codes QR sur des affiches pour les relier aux bandes-annonces et BlackBerry les a promus comme un moyen d’échanger rapidement ses coordonnées sur son service de messagerie. 

Mais plusieurs utilisateurs de téléphones intelligents n’avaient toujours pas d’accès à Internet ou de plan de données, et la technologie de lecture des codes QR n’était pas aussi sophistiquée qu’aujourd’hui — alors qu’il ne suffit plus que d’orienter l’appareil photo d’un téléphone vers le code à lire. 

La technologie a fait du surplace jusqu’à ce que les mesures pandémiques créent un créneau parfait pour son utilisation. Les gens sont maintenant plus nombreux à vouloir éviter de manipuler des objets comme des menus, des stylos, des formulaires ou des appareils partagés. 

«J’utilisais à peine un code QR avant la pandémie et maintenant, non seulement je les utilise, mais je sais très bien les utiliser», a observé Sylvain Charlebois, directeur d’un laboratoire analytique en agroalimentaire à l’Université Dalhousie, à Halifax. 

Un récent sondage qu’il a mené a révélé que trois Canadiens sur cinq ont utilisé des codes QR dans un restaurant ou une épicerie au cours du mois précédent. 

Cela signifie qu’environ 40% des Canadiens n’utilisent pas les codes QR, mais M. Charlebois a souligné que ce pourcentage était beaucoup plus faible parmi les millénariaux et membres de la génération Z. 

Il estime en outre que l’utilisation des codes QR augmentera encore, puisque les détaillants et les entreprises alimentaires voient de plus en plus la richesse des données qu’ils peuvent fournir et leur facilité d’utilisation. 

«Vous ne savez jamais que vous avez réellement besoin de quelque chose jusqu’à ce que vous le voyiez ou l’utilisiez bien», a-t-il avancé.  

 

Problèmes de cybersécurité 

Cependant, il prévient que les entreprises et les consommateurs doivent être prudents, car n’importe qui peut générer un code QR, ce qui soulève des problèmes de cybersécurité puisque certains peuvent les utiliser pour duper ou arnaquer. 

«Les gens scannent tout et tiennent pour acquis que les choses sont sûres, mais si (les codes QR) doivent être utilisés plus souvent, nous devrions commencer à réfléchir à l’authenticité», a-t-il affirmé. 

Mme Steinberg a déjà commencé à y penser. Au Cider House, elle conserve certains menus en papier scellés dans une couverture en plastique lavable pour les invités qui n’utiliseront pas de codes QR ou qui ne sont pas des utilisateurs aguerris de téléphones intelligents. 

Le menu et le système de filtrage qu’elle utilise proviennent de Canatrace, qui indique sur son site web qu’il se conforme à la législation canadienne sur la protection de la vie privée, n’utilise les informations personnelles qu’en cas d’exposition à la COVID-19 et supprime les données de son système après 30 jours. 

M. Ahmad recommande aux entreprises à la recherche d’un service de code QR de consulter des documents de présentation technique vérifiant les politiques de confidentialité du fournisseur, et de se renseigner auprès d’autres entreprises utilisant déjà ces produits au sujet de leur expérience. 

Il serait étonnant de voir les codes QR des restaurants utilisés de manière malveillante. Mais les clients qui remarquent qu’une entreprise comme une banque utilise un code QR et estiment que cela sort de l’ordinaire ne devraient pas hésiter à appeler leur succursale pour demander si le code est légitime. 

Pour les utilisateurs qui scannent un code offrant du contenu malveillant ou ceux qui ont des inquiétudes après avoir saisi des informations, M. Ahmad recommande de contacter le Centre antifraude du Canada ou une entreprise de surveillance du crédit, qui peut enquêter sur les activités anormales dans les comptes financiers. 

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