Ubisoft en pleine tourmente

Publié le 27/01/2023 à 13:14

Ubisoft en pleine tourmente

Publié le 27/01/2023 à 13:14

Par AFP

Son cours de Bourse est revenu à ses plus bas niveaux de 2015-2016. (Photo: 123RF)

Paris — Appel à la grève inédit de l’ensemble de son personnel en France, chute en Bourse, jeux annulés… Le géant français des jeux vidéo Ubisoft vit une crise multiple depuis l’annonce mi-janvier de l’abaissement de ses prévisions financières pour l’exercice 2022-2023.

Le syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV) et Solidaires Informatique ont lancé un «appel à la grève» de toutes les entités françaises d’Ubisoft vendredi après-midi pour dénoncer les pratiques managériales de la direction.

De mémoire de syndicaliste, c’est la «première» grève d’une telle ampleur de l’histoire d’Ubisoft, depuis la création en 1986 de l’éditeur à l’origine de la série «Assassin’s Creed», souligne auprès de l’AFP Marc Rutschlé, représentant de section syndicale chez Solidaires Informatique.

De source syndicale, «au moins 100 personnes» ont fait grève sur le site d’Ubisoft Paris Studio, à Montreuil (Seine–Saint-Denis), tandis qu’un rassemblement était aussi prévu devant le studio de Montpellier.

«Pour nous, c’est un succès. Le message est clair pour la direction», souligne Marc Rutschlé.

Contactée par l’AFP, la direction n’a pas souhaité faire de commentaires.

Ce mouvement de revendication est assez rare dans le milieu du jeu vidéo, marqué récemment par la grève de cinq semaines des employés de l’éditeur Activision Blizzard fin 2021 qui a abouti en mai dernier à la création du premier syndicat au sein de l’entreprise américaine.

Ce qui a mis le feu au poudre chez Ubisoft? Un courriel interne envoyé par le PDG Yves Guillemot, évoquant «des ajustements structurels» à venir alors qu’Ubisoft s’est engagé auprès des marchés à réaliser 200 millions d’euros d’économies sur deux ans.

«Pour nous, cela veut dire des plans de licenciements. Et quand on parle de faire des économies, cela veut dire virer des gens et ne pas augmenter le salaire de ceux qui restent. Sachant qu’on nous met la pression en disant: +c’est à vous de faire mieux+», fustige le représentant de Solidaires Informatique.

Dans leur communiqué d’appel à la grève, les syndicats réclament notamment «l’ouverture de négociations salariales».

 

La stratégie «ne convainc pas»

Sur le plan financier, l’éditeur français a aussi chuté lourdement en Bourse depuis l’annonce mi-janvier de l’abaissement de ses prévisions financières pour tout l’exercice 2022-2023, dans un contexte de «détérioration des conditions macroéconomiques».

Ubisoft a révisé à la baisse son objectif de croissance de chiffre d’affaires sur 2022-2023, avec des ventes réduites «de plus de 10%» par rapport à l’année précédente, alors qu’il avait initialement communiqué un objectif de croissance «supérieure à 10%».

Conséquence, son cours de Bourse est revenu à ses plus bas niveaux de 2015-2016. Il a fini vendredi à 19,16 euros, en hausse de +1,75%.

«Nous sommes déboussolés par l’ampleur des difficultés rencontrées par Ubisoft», avait réagi dans une note Emmanuel Matot, analyste financier chez Oddo BHF.

«Ubisoft ne convainc pas», explique à l’AFP Charles-Louis Planade, analyste chez Midcap Partners. «Il y a une défiance claire au niveau du management, eu égard aux nombreux avertissements sur les résultats, mais aussi par le +deal+ réalisé par la famille Guillemot avec Tencent».

Les fondateurs du champion français du jeu vidéo - la famille Guillemot — ont scellé début septembre une alliance avec le géant chinois Tencent pour sécuriser leur emprise sur Ubisoft, dans un marché du jeu vidéo en pleine consolidation.

Autre élément en sa défaveur: le énième report du jeu «Skull and Bones», initialement prévu pour novembre 2022, tandis qu’Ubisoft a également indiqué avoir arrêté le développement de trois projets «non annoncés», en plus des quatre arrêts déjà annoncés en juillet 2022.

«Ce n’est pas un cas unique sur le secteur, notamment à cause de la COVID, mais on a l’impression que chez Ubisoft, c’est beaucoup plus marqué que chez les autres éditeurs», souligne encore Charles-Louis Planade.

«Après il ne faut pas oublier que la mémoire du marché est courte. Si le groupe sort une année extraordinaire l’année prochaine ou celle d’après, tout le monde aura oublié», ajoute-t-il.

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