Promouvoir le «bon» rassemblement extérieur pour éviter ceux à l'intérieur

Publié le 31/03/2021 à 13:51

Promouvoir le «bon» rassemblement extérieur pour éviter ceux à l'intérieur

Publié le 31/03/2021 à 13:51

Par La Presse Canadienne

(Photo: Ryan Remiorz pour La Presse canadienne)

Des images d’amis assis, à distance, à une table de patio ou discutant aux deux extrémités d’un banc de parc. La nouvelle campagne publicitaire de l’Agence nationale de santé publique britannique envoie un message clair : si vous voulez socialiser, socialisez dehors!

Alors que des journées plus chaudes commencent à poindre au Canada, des experts estiment qu’il serait temps d’adopter une rhétorique similaire. Bien qu’aucun rassemblement ne soit entièrement sans risque de contracter le SRAS-CoV-2, les experts rappellent que les dangers de transmission diminuent considérablement à l’extérieur.

Le beau temps amène souvent son lot de publications sur les médias sociaux de photos de jeunes gens, surtout, dans des endroits surpeuplés — parcs, plages et promenades —, avec des légendes courroucées et des commentaires acerbes de « ceux qui suivent les consignes ».

Le docteur Kwadwo Kyeremanteng, médecin aux soins intensifs et aux soins palliatifs à Ottawa, affirme que la « honte en ligne » est non seulement inutile, mais dangereuse. « Quelles sont les répercussions, pour un jeune de 21 ans, d’être humilié de la sorte pour avoir été dehors avec des amis, en se conformant aux recommandations de la santé publique ? », dit-il. « Je préfère voir ça que de les voir se rassembler à l’intérieur (en cachette) pour éviter d’être humiliés et ridiculisés. »

Le docteur Kyerementang croit que les orientations de santé publique pourraient bénéficier d’un passage à un volet « réduction des risques », qui promeut des comportements sécuritaires, à un volet « comportements à risque », qui identifie les gestes non sécuritaires. Cela permettrait aux gens de « demeurer des êtres humains » et de maintenir des liens sociaux qui peuvent améliorer la santé mentale.

Après un an de restrictions variables et de périodes de confinement en montagnes russes, le docteur Kyerementang estime que les gens ont du mal à comprendre ce qui est maintenant autorisé et ce qui ne l’est pas.

 

Mélange de craintes et d’espoir 

Certains citoyens sont également confrontés à des émotions conflictuelles de peur et d’espoir à ce stade de la pandémie, ajoute Hilary Bergsieker, professeure agrégée de psychologie à l’Université de Waterloo. 

Alors que l’efficacité des vaccins a apporté un certain soulagement et beaucoup d’espoir, la menace imminente de nouveaux confinements, alors qu’une troisième vague s’accélère dans certaines parties du pays, signifie que des citoyens pourraient passer un printemps difficile.

« La phase de rester à la maison, sauver des vies, ’on ne fait rien’, ce n’est pas une stratégie de politique publique éprouvée », estime la professeure Bergsieker. Comme si on voulait promouvoir la santé sexuelle en prônant l’abstinence.

La professeure de psychologie affirme que le risque relativement faible de transmission à l’extérieur peut permettre une « approche plus réaliste » des orientations politiques, qui donnerait aux gens une certaine liberté de socialiser de manière plus sûre. Mais la santé publique doit être claire sur les niveaux de risque associés à certaines activités, croit-elle. « Ce à quoi nous devons penser, à ce stade-ci, c’est la réduction des méfaits et non l’élimination des méfaits. »

Et si la socialisation en plein air à faible risque remplace les rassemblements à l’intérieur à risque plus élevé, ce sera une victoire de santé publique, estime le docteur Zain Chagla, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université McMaster. « On parle potentiellement d’un ou de deux cas qui pourraient résulter de milliers d’interactions à l’extérieur, alors que nous devrions (examiner) le type d’interactions à l’intérieur qu’on évitera en permettant aux gens de se voir à l’extérieur. »

 

Même chose pour les variants 

Alors que des variants plus transmissibles, qui constituent un nombre croissant des nouveaux cas à travers le pays, ont conduit certains à se demander si les interactions extérieures sont aujourd’hui plus risquées qu’avant, les experts rappellent que le risque de transmission est toujours faible à l’extérieur.

Cela ne veut pas dire que nous devrions abandonner complètement le masque, souligne le docteur Ilan Schwartz, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de l’Alberta. La distanciation physique et le masque, dans certains cas, devraient encore être de rigueur à l’extérieur, a-t-il déclaré.

Selon le docteur Chagla, le masque peut être utile pour participer à une manifestation, par exemple, lorsque les gens crient et sont proches les uns des autres. Mais le masque n’est probablement pas nécessaire en croisant quelqu’un sur le trottoir.

Ainsi, l’Institut national de la santé publique du Québec recommande le port du couvre-visage ou du masque médical dans les lieux publics extérieurs « où il est difficile de maintenir la distanciation physique ». 

Et ces recommandations ne changent pas selon qu’on ait affaire ou non à des variants, selon le docteur Schwartz. « Nous n’avons aucune preuve que des variants ont des propriétés physiques différentes qui permettraient aux particules virales de parcourir de plus grandes distances », a-t-il rappelé. 

« Tant que les gens suivent les directives de santé publique — qu’ils ne se rassemblent pas trop près dans un trop grand groupe —, il y a vraiment un risque exceptionnellement faible de transmission à l’extérieur. »

 

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