Une nouvelle usine pour brasser de plus grosses affaires

Publié le 21/01/2016 à 11:21

Une nouvelle usine pour brasser de plus grosses affaires

Publié le 21/01/2016 à 11:21

Guillaume Soulières. (Photo: Jérôme Lavallée)

PME DE LA SEMAINE – En 2005, un ami de Guillaume Soulières lui a rapporté une canette de cidre d’Angleterre. Le bachelier en finance tenait enfin l’idée d’affaires qu’il cherchait. Dix ans plus tard, son entreprise, Embouteillage Solar, fabrique et embouteille une centaine de boissons et s’apprête à déménager dans une usine toute neuve, construite au coût de six millions de dollars.

« Mon idée, c’était de produire un cidre sec de type bière qu’on boirait dans les occasions où on consomme normalement de la bière », dit Guillaume Soulières. Avec deux associés, il a acheté en 2006 les équipements d’une cidrerie de Lévis. Puis, pour générer des revenus pendant le développement de son cidre, il a offert un service d’embouteillage.

Le premier contrat est venu des Breuvages Blue Spike, l’entreprise derrière les boissons énergétiques alcoolisées Mojo et Octane. « Nous cherchions un embouteilleur capable de s’adapter à des contenants atypiques et à des petits volumes, raconte son cofondateur, Mathieu Gagnon-Oosterwaal. Notre embouteilleur de l’époque n’offrait pas cette flexibilité. »

C’était le début d’une longue collaboration entre les deux entreprises en même temps que le déclencheur d’un changement de cap pour Embouteillage Solar (anciennement Cidrerie Solar).

De producteur de cidre à embouteilleur

« L’embouteillage a connu une forte croissance et se trouve désormais au cœur de notre stratégie d’affaires », indique Guillaume Soulières qui a racheté l’an dernier les parts de ses associés, devenant le seul actionnaire de l’entreprise installée à Terrebonne depuis 2008.

Au cours des deux dernières années, les revenus, qui proviennent essentiellement de l’embouteillage pour autrui, ont bondi respectivement de 35 % et de 62 % pour se situer quelque part entre 20 et 30 millions de dollars en 2015, signale l’homme d’affaires qui refuse d’en préciser le montant.

En plus des boissons Mojo et Octane et de la crème alcoolisée Laura Secord qu’elle produit sous licence pour Blue Spike, son entreprise embouteille des spiritueux et des cocktails alcoolisés pour diverses entreprises. Elle fabrique aussi les boissons gazeuses à l’érable des jeunes entreprises Bec Cola et 1642 Cola.

De plus, la PME s’est lancée récemment dans la bière de microbrasserie en créant la Brasserie Les 2 frères en partenariat avec Blue Spike. « Ce concept, nous l’avons pensé ensemble, note Mathieu Gagnon-Oosterwaal. Solar s’occupe de la production et nous, du marketing. Nos deux entités sont distinctes, mais la confiance s’est établie au fil des années et notre relation est devenue presque symbiotique. »

Quant au cidre, il ne représente qu’environ 1 % de la production de Solar. Lancé en 2010 sous la marque William, il figure parmi les cidres canadiens qui se vendent le plus au pays. Mais au Québec, impossible de se le procurer. Malgré de nombreuses démarches auprès de la SAQ, Solar s’est vue refuser l’accès aux tablettes de la société d’État pour des raisons qui demeurent nébuleuses aux yeux de son propriétaire. C’est finalement dans les épiceries indépendantes que le produit sera distribué à partir de l’été prochain.

Régler les problèmes techniques

« Nous ne pouvons pas concurrencer les grands embouteilleurs sur le plan de la vitesse, mais contrairement à eux, ce n’est pas compliqué pour nous de déroger aux standards pour répondre à différents besoins », affirme Guillaume Soulières qui mise sur l’innovation pour se démarquer.

Il donne l’exemple des cocktails à base de vrais jus et sans agents de conservation de l’entreprise américaine Crafthouse cocktails. « Un gros défi technique, un projet de fou! Pour que le produit soit attrayant, il fallait trouver le moyen que la pulpe des fruits demeure en suspension au lieu de tomber dans le fond de la bouteille. Ça nous a pris un an de travail pour y arriver. »

Bec Cola, pour sa part, doit faire pasteuriser en bouteille ses boissons gazeuses, car ces derniers sont exempts d’agents chimiques de conservation. « Comme le contenu est sous pression, nous ne savions pas si le bouchon résisterait au procédé, explique Kevin Creurer, l’un des trois cofondateurs. Un consultant nous a suggéré d’aller voir Embouteillage Solar qui a fait les tests nécessaires. De plus, son usine est conforme aux normes d’Ecocert, une condition pour conserver notre certification bio. »

De la place pour croître

Pour soutenir sa croissance, la PME de 50 employés s’est agrandie plusieurs fois au cours des années, louant toujours plus de condos industriels. « Mais cette fois, c’était devenu plus intéressant de repartir à neuf pour aménager l’espace selon nos besoins », constate Guillaume Soulières.

La nouvelle usine de Terrebonne, qui devrait être fonctionnelle en février, aura une superficie de 52 000 pieds carrés. Sa capacité de production annuelle atteindra six millions de caisses, contre 700 000 actuellement. Cette année, elle devrait produire 1,2 million de caisses de boissons, soit l’équivalent de 15 à 18 millions de bouteilles ou de canettes.

« Avant, nous ne faisions que répondre aux demandes, car nous étions à la limite de notre capacité », dit l’entrepreneur de 37 ans qui se réjouit de pouvoir enfin passer en mode recherche de clients.

Embouteillage Solar a notamment approché des groupes européens pour importer et embouteiller des vins. Elle espère voir ses démarches aboutir en 2017. En attendant, elle peut compter sur un nouveau contrat avec la distillerie américaine McCormick pour embouteiller la boisson Téquila Rose. À partir de mars, elle mettra aussi en bouteilles l’eau Eska, ce qui lui procurera d’importants volumes.

De plus, elle caresse le projet d’ouvrir une boutique de vente et d’embouteillage en vrac de vins, de bières et de spiritueux, selon un concept similaire à celui de L’Entrepôt du vin en vrac qui a des magasins à Montréal et à Saint-Hyacinthe. À son nouvel emplacement, elle prévoit aussi donner pignon sur rue à la Brasserie Les 2 frères avec un concept mariant bistrot et visites guidées.

Infos en rafale :

  • Date de création : novembre 2006
  • Siège social : Terrebonne
  • Nombre d’employés : 50
  • Objectif d’ici un an : rôder la nouvelle usine et bien intégrer à ses activités de production l’embouteillage de l’eau Eska

 

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