Des condiments canadiens qui font un pied de nez aux produits américains

Publié le 19/07/2019 à 11:35

Des condiments canadiens qui font un pied de nez aux produits américains

Publié le 19/07/2019 à 11:35

Par Catherine Charron

Le trio de condiments Canada Sauce (Photo: courtoisie)

Avec l’entièreté de sa production écoulée dès le premier week-end de son lancement en mai dernier, la saguenéenne Canada Sauce a créé un raz-de-marée dans l’industrie des condiments. Son équipe tente maintenant de répondre à la demande des épiciers de partout à travers la province.

Septembre 2018, les négociations de l'ALENA battent leur plein, et des tarifs douaniers pleuvent sur les produits canadiens. Un auditeur d'une radio locale lance à l’entrepreneur Simon-Pierre Murdock le défi de créer un ketchup québécois. Se tournant vers son associé de chez Embouteillage JSG, Jean-Sébastien Gauthier, ils se lancent dans le développement d’un tel produit.

«J’avais un paquet de questions auxquelles je voulais d’abord répondre. Est-ce qu’on allait se retrouver avec une bouteille de Ketchup à 10$ ? Est-ce que toutes les tomates étaient rachetées par Heinz?», se rappelle l’entrepreneur en série, qui disposait des infrastructures nécessaires pour faire des prototypes à faibles coûts.

Deux cents tests de goût et entre 40 000 et 50 000 dollars investis en recherche et développement plus tard, ils en sont venus à la conclusion que les recettes les plus simples à bases de produits canadiens sains étaient les plus goûteuses.

Ont suivi les recettes de relish et de moutarde pour que Canada Sauce puisse offrir le trio de condiments classiques sur les étalages des épiciers au retour du temps plus chaud.

«Après une journée, j’avais écoulé 20 000 bouteilles, avec seulement 50 points de vente», à travers le Saguenay–Lac-Saint-Jean, s’étonne encore Jean-Sébastien Gauthier.

La totalité de l’inventaire dont l’entreprise disposait s’est envolée en un week-end. «Les gens ont voté pour Canada Sauce», croit celui dont le téléphone n’a pas dérougi depuis le lancement de ses condiments.

Dès la semaine suivante, 2000 à 3000 nouvelles caisses étaient déjà commandées, et toutes les grandes chaînes d’épiciers du Québec, de même que 150 indépendants, tentaient de mettre la main sur ce trio. Le seul hic? Pour l’instant, l’entreprise est en mesure de répondre à un peu moins de 10% de ce déferlement de demandes.

De nouveaux locaux

Simon-Pierre Murdock et ses associés Nicolas Beaupré (avec qui il a fondé Mateina Yerba Maté), Jean Boivin et Jean-Sébastien Gauthier ont pourtant emménagé dans de nouveaux locaux à Chicoutimi-Nord en mars dernier. Avec l’aide de Fondaction, ils ont investi plus de 1,3 million de dollars pour rendre l'établissement conforme aux normes fédérales.

Jamais l’équipe d’associés, dont les membres travaillent aussi en parallèle dans d’autres start-up dans le secteur de l’alimentation, ne s’attendait à un tel engouement. «On ne pensait pas que le volume serait aussi élevé, on a toujours été dans les produits spécialisés», explique Simon-Pierre Murdock.

D’autant plus que la mise en marché de ce produit était destinée à remplir les carnets de commandes des périodes plus creuses d’Embouteillages JSG, qui produit des sauces pour une cinquantaine d’entreprises du Québec et de l’Ontario.

Pour tenter de suivre la cadence, Canada Sauce a injecté 400 000$ supplémentaires pour acheter notamment de nouveaux équipements qui devraient arriver d’ici les deux prochaines semaines.

Mais pas question de faire affaire avec des sous-traitants pour y arriver: «on a réussi à optimiser notre usine de production, on a embauché une quinzaine de personnes supplémentaires, on est en train d’établir un quart de travail de soir depuis quelque temps…», énumère le PDG de l’entreprise.

Tout pour gérer à l’interne «le mieux possible» cette croissance soudaine. «Je suis habitué à des croissances de 15% à 20%, mais pas de 300% à 400%, il faut s’assurer d’avoir les reins solides en termes de marges de crédits, il ne faut pas manquer d’équipement, d’encadrement de personnel. C’est une excellente leçon de vie que l’on a actuellement», observe-t-il.

Avec les nouvelles infrastructures qu’elle vient de se procurer, Canada Sauce devrait parvenir d’ici septembre ou octobre à répondre à cet important flot de demandes.

Le but étant maintenant de produire entre 2 et 3 millions de bouteilles par année en 2020. À moyen terme, ce chiffre devrait atteindre les 10 millions.

Démarrer une entreprise avec une croissance aussi rapide apporte son lot de difficultés.

Pour se concentrer sur Embouteillage JSG et Canada Sauce, Simon-Pierre Murdock a dû entre autres démissionner de son poste de PDG chez Morille Québec, qu’il a fondée en 2008 avec Jean Boivin.

Canada Sauce doit aussi jongler avec «énormément d’enjeux financiers». Elle subit aussi les contrecoups de la pénurie de main-d’œuvre, ayant eu besoin de rapidement augmenter son équipe de travailleurs. «Ça a été un gros défi, et ce l’est encore. On a besoin de cinq à 10 nouveaux employés».

Mais Simon-Pierre Murdock se réjouit d’être entouré d’associés et d’une équipe aussi «crinqués» que lui.

Des objectifs «ambitieux»

Pour l’instant le trio de condiments de Canada Sauce est distribué dans 500 points de vente, réparti à travers les IGA de partout au Québec et des épiceries de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. D’ici le mois de mars 2020, il devrait se retrouver sur les tablettes d’environ 2000 établissements de partout au Canada.

«J’ai actuellement des ententes verbales avec tous ces magasins-là, on attend que d’avoir les infrastructures nécessaires pour tout produire», dit le patron de l’entreprise.

La mayonnaise végane annoncée plus tôt cette année est mise sur la glace. Toutefois, l’équipe de Canada Sauce développe de nouveaux formats destinés aux restaurateurs pour vendre son trio de condiments en août.

D’ici trois ans, elle souhaite aussi devenir la première usine à récupérer ses pots de vitre. «Dès que l’on va avoir repris le dessus sur Canada Sauce on veut mettre en place un système de récupération des bouteilles que nous pourrions pasteurisés pour les réutiliser», décrit-il. À plus court terme, les épiceries en vrac auront aussi droit à leurs contenants de distribution Canada Sauce.

En 2022, l’équipe souhaite avoir gagné 10% à 15% des parts de marché de la vente de condiments, et réaliser un chiffre d’affaires de 20M$. «C’est ambitieux, mais les chiffres sont là», soutient Simon-Pierre Murdock.

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