Retour sur la décision mûrement réfléchie d'Alain Bouchard

Offert par Les Affaires


Édition du 22 Mars 2014

Retour sur la décision mûrement réfléchie d'Alain Bouchard

Offert par Les Affaires


Édition du 22 Mars 2014

Par Marie-Claude Morin

Le pdg et cofondateur de Couche-Tard, Alain Bouchard

Le pdg et cofondateur de Couche-Tard annonçait cette semaine qu'il cédera son fauteuil à Brian Hannasch en septembre. Chef de l'exploitation depuis quatre ans, cet Américain travaille pour le détaillant de Laval depuis l'acquisition de la chaîne Bigfoot en 2001. M. Bouchard ne séjournera pas beaucoup plus dans son condo en Floride pour autant, puisqu'il agira comme président exécutif du conseil. Il compte continuer de s'investir «au quotidien» et d'«accélérer la croissance par acquisitions».

LES AFFAIRES - Décrivez-nous la fonction de président exécutif du conseil telle que vous la voyez.

Alain Bouchard - C'est ce que fait un président du conseil, mais «exécutif» implique de garder un rôle au quotidien. On a parlé des acquisitions [lors de l'annonce du changement de garde], mais il y aura évidemment plus que ça. Le vice-président au développement continuera de se rapporter à moi et l'équipe de développement en Europe, de m'envoyer ses projets. Je participerai également aux revues du marché, à certaines visites, à la stratégie... Je veux être un mentor pour Brian [Hannasch] et d'autres dirigeants, ce qui m'occupera quand même beaucoup.

L.A. - De quelles autres histoires de succession vous inspirez-vous ?

A.B. - L'exemple que je connais le plus intimement est celui de CGI, puisque je siège à son CA. J'aime bien cette façon de faire : Michael Roach gère très bien l'entreprise, alors que Serge [Godin] est engagé dans les acquisitions et les dossiers stratégiques.

L.A. - Vous êtes-vous imposé des limites ? M. Hannasch voudra avoir de la place...

A.B. - Je vais agir comme coach. Évidemment, comme je suis dans les bureaux, je verrai les tensions ou les problèmes s'il y en a. Mais je n'interviendrai certainement pas avec d'autres que Brian. Ça ne serait pas sain de faire ça.

L.A. - On a vu certains fondateurs, dont Jean Coutu, revenir lorsque les choses se sont détériorées. Est-ce un scénario envisageable pour vous ?

A.B. - Ce n'est pas dans les plans, non. Je connais Brian depuis 14 ans et nous sommes des amis. Je sais très bien comment il peut gérer et je n'ai aucun doute. S'il se faisait frapper par un autobus demain matin, je reprendrais l'intérim et nous chercherions un autre pdg. Pour moi, la décision est prise et je n'ai pas l'intention de revenir en arrière.

L.A. - Depuis combien de temps évaluez-vous si M. Hannasch est la bonne personne ?

A.B. - Quand nous l'avons nommé chef de l'exploitation [en mai 2010], c'était déjà pas mal le candidat pour me succéder. Il était recommandé par Réal Plourde, un des fondateurs. J'ai dit «OK, il va se rapporter à moi pendant quelques années et, quand nous serons prêts, nous verrons avec le conseil d'administration». Ça a évolué, jusqu'à ce que nous confirmions que c'était la bonne personne.

L.A. - Habitera-t-il réellement à Montréal ?

A.B. - Il a acheté une résidence à Montréal. Évidemment, il garde celle qu'il a en Indiana. Comme il le dit lui-même, il a passé plus de nuits dans son condo [près du Centre Bell] depuis qu'il l'a acheté en novembre, qu'il en a passé en Indiana. Il pourra en passer encore plus à partir de l'automne, puisque sa plus jeune [de deux enfants] aura terminé le secondaire.

L.A. - On a vu des cas, comme celui de Domtar, où le nouveau pdg a acheté une maison au Québec, mais n'y habitait plus quelques années plus tard...

A.B. - C'est certain que le siège social reste ici, et que Brian doit diriger des gens installés ici. Alors, oui, il s'est engagé à habiter au moins en bonne partie à Montréal. Il faut toutefois comprendre que ses fonctions l'amènent à voyager beaucoup.

L.A. - Le fait qu'il ne parle pas français risque de déranger. Il dit vouloir suivre des cours. Lui avez-vous fixé des objectifs en ce sens ?

A.B. - Je ne comprends pas cette réaction-là ! Michael Roach ne parle pas français, Robert Card [pdg de SNC-Lavalin] non plus. Pourtant, ils font très bien leur travail. Le rôle du pdg n'est pas d'apprendre une langue : c'est de diriger une entreprise internationale. Nous sommes présents dans 21 pays ! Je le soutiendrai s'il suit des cours de français, mais je n'exigerai jamais ça. Moi, je veux qu'il dirige l'entreprise.

L.A. - La langue a-t-elle été une préoccupation du conseil au moment de choisir votre successeur ?

A.B. - Si j'avais trouvé un Québécois de la qualité de Brian dans notre organisation, j'aurais eu un préjugé favorable. Mais mon premier critère était le bien de l'entreprise. Brian Hannasch est clairement la meilleure personne pour diriger Couche-Tard.

L.A. - Pendant combien de temps envisagez-vous d'occuper les fonctions de président exécutif du conseil ?

A.B. - Ça dépendra de ma santé. J'adore ce que je fais, mais j'ai 65 ans. Alors, on verra comment la vie me traitera (rires).

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