Égalité et équité au travail: les femmes gagnent en pessimisme

Publié le 24/11/2021 à 08:00

Égalité et équité au travail: les femmes gagnent en pessimisme

Publié le 24/11/2021 à 08:00

Par Catherine Charron

Si un certain progrès est salué, la majorité trouve que ce changement prend trop de temps selon un sondage de Randstad. (Photo: Christina @wocintechchat.com pour Unsplash)

Bien que la promotion d’un milieu de travail où hommes et femmes sont égaux soit monnaie courante, force est de constater que la gent féminine est bien loin de souhaiter crier victoire, et ce, même au Québec.

C’est du moins ce qui émane d’une étude menée par la société spécialisée en solutions RH Randstad à l’automne 2021 pour souligner le 10e anniversaire de son programme «Les femmes transforment le lieu de travail».

«Depuis le mouvement #Metoo, on parle d’avancement de l’égalité et de l’équité envers les femmes, or […], elles n’en ressentent pas encore tant que ça les effets», observe avec un peu de surprise Marie-Noëlle Morency, l’instigatrice de ce projet, en marge de la publication de ces résultats le 23 novembre 2021.

Si une majorité reconnaît un certain progrès, plus de 60% des 1000 Canadiennes actives sur le marché de l’emploi sondées ont toutefois laissé entendre que ce changement prend trop de temps.

«Les grands discours, ce n’est plus assez. Il faut que ça se reflète dans les politiques, grâce à des gestes concrets», souligne en entrevue avec Les Affaires la directrice principale, marketing & communications, qui constate une lassitude croissante en 10 ans chez les travailleuses à l’égard du traitement qui leur est réservé.

Et cette déception est encore plus commune chez les femmes de couleur, qui sont plus nombreuses à croire que leur employeur ne souhaite pas réellement être équitable à l’égard de tous ses salariés.

En effet, 46% d’entre elles estiment carrément que leur rémunération est moindre que celle de leurs collègues aux responsabilités similaires. Elles sont aussi plus nombreuses (63%) à avoir l’impression de s’être vues refuser une promotion. Dans l’ensemble de l’échantillon, ce chiffre atteint 46%.

Les employées sont mitigées quant aux perspectives de progression dans leur organisation. Alors que 70% des femmes sondées pensent qu’il existe des «opportunités d’avancement équitables pour les personnes d’origines et d’identités diverses», près de la moitié d’entre elles ne croient pas que les promotions sont remises aux individus les plus qualifiés.

«Ça ne signifie pas nécessairement qu'elles sont accordées de façon injuste. Ça veut dire que c’est un enjeu de communication, de clarté et de transparence dans le processus, nuance Marie-Noëlle Morency. Peut-être aussi que les femmes, en partant, n’ont pas l’impression qu’elles vont l’avoir, par manque de confiance en soi, ou dans la procédure.»

Les deux tiers des employées sondées disent avoir été victime ou témoin d’une forme de préjugé inconscient, comme les microagressions, un manque de flexibilité, moins de possibilités d’avancement, ou de rémunération pour un travail égal. Encore, de ce nombre, ce sont les femmes de couleur qui sont surreprésentées.

L’inégalité des sexes serait aujourd’hui plus sournoise. On n’exclut plus bêtement les femmes du marché du travail, mais on recherche par exemple des qualités plus masculines dans des descriptions de tâches, ou on refuse un poste de gestionnaire à une mère, car elle ne serait pas en mesure d’être présente à tous les 5@7.

«Comme le racisme et la discrimination systémique, ce sont des biais tellement ancrés, qu’on ne se rend même plus compte qu’on les perpétue», souligne Marie-Noëlle Morency.

 

Passer à l’action

Si le tiers des salariées sondées estiment que leur employeur prend les grands moyens pour remédier à la situation et soutenir la diversité, l’équité et l’inclusion au boulot, la moitié n’en est pas convaincue.

«Si de petits pas ont été faits pour aborder ces enjeux, il reste encore beaucoup à faire pour que toutes les femmes, les femmes de couleur, les mères et les jeunes femmes aient le sentiment d'être entendues, vues, reconnues et correctement rémunérées pour leur travail», écrit dans un communiqué la cheffe de la diversité de Randstad Canada, Carolyn Levy.

Il est grand temps que les équipes de direction fassent un réel examen de conscience, et qu'elles ne se satisfassent plus d’avoir simplement le sentiment que leur environnement de travail est équitable, si elles souhaitent réellement donner l’impression à leurs employées qu’elles sont sur un même pied d’égalité que leurs homologues masculins. Voici quelques pistes de solutions pour entamer votre démarche, afin d'apporter les corrections nécessaires:

– Misez sur un leadership transparent.

– Brosser un portrait de l’état de la situation, en étant à l’affût des plafonds de verre.

– Revoyez vos processus d’embauche, de promotion, et d’accompagnement de carrière.

– Tendez l’oreille, via des groupes de discussion où les femmes et les personnes issues des minorités pourront se confier dans un contexte sécuritaire.

– Communiquez les résultats de vos observations en toute transparence.

– Répétez l’opération régulièrement pour déceler toute discrimination.

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