Drapeaux rouges


Édition du 25 Novembre 2020

Drapeaux rouges


Édition du 25 Novembre 2020

Par Olivier Schmouker

MAUDITE JOB! Q – ­« Depuis qu’il nous faut nous tenir loin les uns des autres, qu’il nous faut nous voir le moins possible, j’ai l’impression que l’ambiance de travail n’est plus la même. Et même que certains accusent le coup, en tentant de le cacher. Comment savoir s’il y a des problèmes de santé mentale au sein de l’équipe que je pilote ? » – Danny

 R. – ­Cher ­Danny, la pandémie du nouveau coronavirus et ses conséquences socioéconomiques sont littéralement dévastatrices pour la santé mentale de l’ensemble de la population. La ligne ­Info-Social 811, qui répond aux problèmes psychosociaux urgents, a vu son nombre d’appels doubler, ces huit derniers mois. Il y a donc de très fortes probabilités que plusieurs membres de votre équipe n’échappent pas à ce phénomène et en soient affectés, de manière plus ou moins grave.

Manfred ­Kets de ­Vries, professeur de leadership à l’école de management ­Insead, à ­Fontainebleau, en ­France, estime que les gestionnaires doivent être hypervigilants concernant les « drapeaux rouges » que les employés lèvent ces ­temps-ci, consciemment ou pas. Car ­ceux-ci témoignent de défaillances psychologiques pouvant avoir de lourdes conséquences si jamais on ne s’en occupe pas rapidement.

À ses yeux, les principaux « drapeaux rouges » actuels sont les suivants : 

— Se mettre en retrait ;

— Perdre de l’intérêt pour ce qui auparavant suscitait de l’intérêt ;

— Peiner à se concentrer, à se motiver, à se montrer aussi efficace qu’avant ;

— Avoir du mal à prendre des décisions, à trouver des solutions aux problèmes ;

— Changer subitement d’humeur, perdre brusquement de l’énergie, perdre l’appétit.

Si vous notez un ou plusieurs de ces signes ­avant-coureurs chez l’un des employés avec qui vous êtes en contact régulier, il y a lieu d’être inquiet. Donc, d’agir sans tarder : « ­Le mieux, c’est alors d’en référer au service des ressources humaines de l’organisation, sinon à toute personne compétente en matière de soutien psychologique, préconise M. de ­Vries, car il s’agit de professionnels qui savent donner le coup de main adéquat. »

 

Où est passé le fun ?

Q. – « ­Nos réunions ­Zoom me semblent froides, impersonnelles, insipides. Pourtant, je sais que mes collègues sont des gens agréables à vivre, et même souvent drôles. Comment leur donner du pep ? » – ­Vicky

R. – ­Chère ­Vicky, il ne tient qu’à vous de pimenter un peu vos prochaines réunions virtuelles. Contactez au préalable la personne chargée d’appeler tous les participants et ­suggérez-lui d’apporter quelques nouveautés aux rencontres à venir, par exemple : 

— Faites comme nous à la rédaction du journal ­Les ­Affaires, chacun commençant son intervention par une anecdote rigolote de ce qui lui est arrivé au cours des derniers jours. Il y a celle dont le chiot bouffe les chaussures à s’en rendre malade, celui qui met des collants roses lors de ses cours de yoga virtuels pour faire rire tout le monde, ou encore celle qui ne cesse de crever les pneus de son vélo dès qu’elle part en promenade. Ça rend tout le monde humain, ça met tout le monde de bonne humeur.

— Consacrez les cinq dernières minutes de la réunion à une compétition amicale de ­Pictionary. Il suffit de choisir un thème (ex. : le titre d’une chanson, une vedette de cinéma…), de partager l’écran avec tout le monde et, à tour de rôle, chacun essaye de faire deviner aux autres ce qu’il a en tête à l’aide d’un dessin réalisé avec sa souris.

— Prenez un moment pour jouer à « ­Akikecé » (comprendre : « À qui ­est-ce ? »). Le principe est simple : avant la réunion, l’organisateur demande à chacun de lui envoyer une photo liée à un thème précis (ex. : un objet insolite auquel on tient beaucoup ou bien une photo de soi, bébé) ; et pendant la réunion, il les présente à tout le monde, les unes après les autres, l’objectif étant de deviner qui a envoyé la photo en question.

­Croyez-moi, le fun est dès lors garanti !

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