Comment des employeurs maîtrisent les coûts de l'assurance collective

Publié le 12/09/2009 à 00:00

Comment des employeurs maîtrisent les coûts de l'assurance collective

Publié le 12/09/2009 à 00:00

Les entreprises québécoises font face à un défi apparemment insurmontable : freiner la hausse du coût de leur régime d'assurance collective tout en ne sabrant pas dans les avantages de ce dernier.

Certaines ont toutefois trouvé des solutions.

Un compte flexible

La firme d'ingénierie-conseil Genivar a revu son régime d'assurance collective en janvier 2008 pour mieux répondre aux besoins de ses 3 600 employés.

Ceux-ci ont maintenant le choix entre quatre options, ce qui leur donne plus de flexibilité : un premier régime offrant une couverture maximale, un deuxième offrant une protection réduite, un autre avec une protection encore plus réduite, et une quatrième option qui ne couvre rien, pour ceux déjà assurés par le régime de leur conjoint.

Les employés reçoivent une somme qui varie selon la couverture offerte par leur régime, qu'ils assignent à un compte de gestion santé, à un REER ou à un compte d'activité physique. Moins ils sont couverts, plus ils reçoivent d'argent discrétionnaire.

Ainsi, la deuxième option donne droit à un compte flexible de 400 $, la troisième, à un compte de 800 $, et la quatrième, à un compte de 1 000 $.

L'employé peut se servir de son compte de gestion santé pour se procurer un large éventail de soins et de services : médicaments, soins dentaires non assurés, massothérapie, chirurgie esthétique, etc. Pour sa part, le compte d'activité physique sert à payer des patins pour la saison de hockey, l'abonnement au gym, etc.

" Ce nouveau régime ne nous coûte pas moins cher que l'ancien, mais le fait que les montants soient limités à 400 $, 800 $ et 1 000 $ circonscrit le risque de l'employeur ", dit Éric Bergeron, conseiller principal en rémunération globale de Genivar.

Promotion du mieux-être

AXA Assurance revoit aussi son régime d'assurance collective. " Nous ne voulons pas réduire les coûts, mais nous assurer que chaque dollar sera mieux utilisé ", explique Isabeau Normandin, directrice principale, ressources humaines, de l'assureur.

Il y a trois ans, AXA a misé sur la promotion du mieux-être de ses employés afin de maîtriser la croissance des coûts de son régime à moyen et long terme.

Le mot clé de cette stratégie est la communication : information en milieu de travail sur certains cancers, ateliers de dépistage des maladies coronariennes, de la haute pression, du cholestérol, conférences sur les bienfaits de l'exercice physique, etc.

" Ça fait partie d'une série de mesures pour mieux contrôler les coûts de l'assurance maladie et ça crée un climat de travail plus favorable que d'annoncer qu'on ne remboursera plus que 80 % des dépenses au lieu de 90 %, par exemple ", ajoute Mme Normandin.

Plus de flexibilité chez Desjardins

Dès 2003, le Mouvement Desjardins a pris les devants et modifié son régime d'assurance collective pour qu'il soit plus flexible.

On a alors créé quatre niveaux de protection et adapté la prime à la situation de l'employé, selon qu'il est célibataire, en couple, et qu'il a ou non des enfants.

Puis, en janvier dernier, Desjardins a fait un ajout important, le compte de gestion santé, pour deux des quatre niveaux de protection.

" L'employé peut payer ce qu'il veut avec son compte de gestion santé ", dit Robert Desbiens, coordonnateur des avantages sociaux. Selon le type de protection choisie, le montant accordé dans le compte de gestion santé varie de 350 à 700 $ par année.

Même si moins du tiers des médicaments remboursés par le régime de Desjardins sont des génériques, la coopérative ne voit pas l'intérêt d'obliger ses employés à acheter des médicaments génériques lorsque c'est possible.

" Après étude, nous avons conclu que les économies réalisées seraient insignifiantes ", dit M. Desbiens.

En outre, Desjardins a elle aussi adopté une approche de promotion du mieux-être adaptée aux problèmes réels de ses employés. " C'est un message plus positif à envoyer à nos employés ", souligne M. Desbiens.

Augmenter la franchise sur les médicaments

De 1997 à 2006, le montant des remboursements de médicaments des employés de l'Université du Québec par Financière Manuvie a triplé, passant à 6,24 millions de dollars, soit 67 % du coût de l'assurance collective.

On comprendra que la direction de l'Université du Québec ait voulu réviser en profondeur son régime. Le résultat de cet exercice a été soumis à la quarantaine de syndicats qui se prononceront en novembre. " Notre but n'est pas de sabrer dans le régime, mais d'offrir une meilleure protection à nos employés sans augmenter les coûts, puis de mieux contrôler les hausses au cours des prochaines années ", affirme Louise Vachon, conseillère en avantages sociaux à l'Université du Québec.

La plus importante amélioration au régime touche le remboursement des services d'un psychologue et d'un psychanalyste, une modification qui coûtera 425 000 $ par année. Il a donc fallu trouver des économies ailleurs, et c'est en réduisant de 90 à 80 % les frais de médicaments remboursés qu'on a pu dégager une marge de 495 000 $.

dominique.froment@transcontinental.ca

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