Les Z devront être épaulés de différentes façons dans leur cheminement vers les rôles de gestionnaires. (Photo: 123RF)

Le succès d’un gestionnaire repose souvent sur l’environnement favorable dans lequel il a évolué. Il n’est donc jamais trop tôt pour qu’une organisation commence à s’adapter afin d’accueillir à des postes de gestionnaires des personnes de la génération Z. Pour démontrer aux futurs leaders que leur carrière a un sens, l’employeur doit les accompagner, leur donner accès à de la formation et à de la rétroaction, affirme Karl Moore. Il suggère cinq avenues aux entreprises pour y parvenir.

1- Donnez-leur de la rétroaction

Bien qu’ils aient horreur des examens et des questionnaires, les membres de la génération Z raffolent de la rétroaction, constate Robert Dutton. Or, «s’ils sont chanceux, ils vont être évalués une fois par année. Ça crée une grande frustration, puisqu’ils souhaitent s’améliorer».

Donnée plusieurs fois par année, elle doit «faire évoluer [l’employé] dans l’entreprise afin qu’il ait une meilleure contribution», ajoute François Bellavance, directeur des études à HEC Montréal.

2- Soyez authentique dans votre démarche

Guy Cormier prévient que les Z ont le flair pour détecter la «bullshit», d’où l’importance de faire preuve d’authenticité dans son désir d’octroyer plus de place aux jeunes au sein de son entreprise.

Elle peut par exemple préciser dans quelle mesure les points de vue qu’elle aura collectés 1 2 auprès d’eux influenceront sa prise de décision.

Un patron doit donc leur accorder des responsabilités qui vont leur donner l’impression «d’être engagés», ajoute Karl Moore. Son conseil:«faites en sorte qu’ils se sentent inclus.»

La clé, croit Guy Cormier, c’est de connaître ses biais inconscients à l’égard de ce groupe d’âge. «Tout au long de ma carrière, j’ai toujours été trop jeune pour les postes que j’ai occupés. C’est pourquoi j’ai développé le réflexe d’aller vers les autres, de les consulter et de les écouter.»

3- Permettez-leur de bien s’entourer

En se retrouvant avec de grandes responsabilités plus tôt dans leur carrière que leurs prédécesseurs, les Z devront être épaulés de différentes façons.

En s’entourant de mentors, les futurs leaders se nourriront de leur expérience. Le maillage intergénérationnel est facilité, soutient Pierre Graff. «Ça permet d’éviter les conflits, car il y a peut-être un «clash»entre les valeurs actuellement». Pas besoin d’aller chercher son mentor très loin:son supérieur immédiat peut parfois être le candidat idéal. Marie-Antoinette Diop et Azélie Pouliot se sont toutes deux tournées vers les leurs lorsqu’elles avaient des questions à propos de leurs nouvelles fonctions.

Pour prévenir tout sentiment d’isolement ou d’anxiété devant l’ampleur des défis qui les attendent au cours 3 des prochaines décennies, Guy Cormier recommande de les encourager à réseauter.

Desjardins, dont 35% des employés ont moins de 35 ans, a notamment créé un réseau de jeunes cadres au sein de son organisation afin de leur permettre d’échanger sur leurs embûches communes.

4- Permettez-leur de se former

Afin de pallier leur manque d’expérience, certains pourraient se tourner vers la formation continue, chose dont raffolent les X et les Y selon Pierre Graff. Au moment de mettre les pieds à Salesfloor, Azélie Pouliot entamait à temps partiel une maîtrise en gestion à HEC Montréal. Non seulement elle a été financièrement dédommagée, mais son employeur lui a aussi permis de dégager du temps sur ses heures de travail afin qu’elle se concentre sur ses études la veille d’importants examens.

Une entreprise peut même être proactive, estime François Bellavance. «Elles ont un rôle à jouer dans le développement de leurs jeunes gestionnaires. Elles doivent les encadrer et les aiguiller vers les bonnes ressources, les occasions de se former en interne et en externe.»

5- Laissez-les prendre de la place

Les jeunes ont grandi dans un environnement où ils peuvent facilement émettre leur point de vue, leur façon de penser, et ils souhaitent être entendus, remarque Karl Moore. En plus de leur permettre de s’exprimer, de prendre des initiatives ou de nouvelles responsabilités, par exemple, Marie-Antoinette Diop recommande «d’être à l’affût des travailleurs qui ont le potentiel de devenir de bons leaders, et de les encourager à postuler là où ils n’oseraient pas, à cause de leur manque d’expérience». Guy Cormier s’est même entouré d’un comité de 12 jeunes conseillers, employés ou non de son organisation, qu’il rencontre de deux à trois fois par année pour mieux comprendre leur préoccupation et leurs attentes.

«Il faut oser et leur donner leur chance! Et cela passe avant tout par un changement de paradigme. Il faut être créatifs pour leur faire de la place dès maintenant aux tables de décision», martèle la PDG de Promutuel, Geneviève Fortier, qui dit leur confier des mandats ambitieux.

La dernière fois qu’autant de jeunes ont pris une telle place dans l’espace public, s’est ensuivie la Révolution tranquille, rappelle Guy Cormier, qui semble fonder de grands espoirs sur cette génération et son apport à la société et aux organisations de demain.

Afin de permettre à nos entreprises d’affronter les grands défis des prochaines années, comme les iniquités et la lutte contre les changements climatiques, la présence des «Z»sera un atout certain. Après tout, comme le chantait déjà Harmonium (des Boomers – douce ironie) dans les années 1970, «on a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l’écouter».