Miser sur la composante sociale de l'innovation


Édition du 22 Octobre 2016

Miser sur la composante sociale de l'innovation


Édition du 22 Octobre 2016

Par Benoîte Labrosse

Robert Proulx et Damien Silès. [Photo : Nathalie St-Pierre]

La valorisation ne se limite pas à la commercialisation des découvertes fondamentales. Elle englobe le recours à des recherches universitaires par des entrepreneurs qui souhaitent mieux adapter leurs produits aux besoins des futurs utilisateurs.

«Le rôle d'une université, ce n'est pas d'ouvrir un paquet d'entreprises ; c'est de développer les connaissances, de pousser plus loin les limites du savoir, souligne Robert Proulx, recteur de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Par la suite, les gens d'affaires peuvent utiliser ces travaux de recherche pour créer des produits innovateurs.»

À l'UQAM, «la recherche, même fondamentale, est dirigée de façon à permettre de solutionner des problèmes du monde ordinaire» depuis sa fondation en 1969, poursuit-il. «Il n'y a pas d'innovation technologique si elle n'a pas une composante sociale. Même quand on invente le bidule le plus intéressant du monde, s'il ne sert pas à personne ou que les gens ne peuvent pas l'intégrer dans leur quotidien, il n'y aura pas d'innovation.»

La Société des alcools du Québec (SAQ) a par exemple bénéficié des connaissances du professeur Fabien Durif, directeur de l'Observatoire de la consommation responsable. «Ses recherches ont amené la SAQ à travailler avec des entreprises pour créer de nouveaux contenants et emballages écoresponsables», précise Catherine Mounier, la vice-rectrice à la recherche et création de l'UQAM.

L'innovation sociale peut également dépasser le cadre des entreprises pour contribuer au développement économique global d'un quartier. Les travaux des professeurs Juan-Luis Klein et Jean-Marc Fontan - professeurs de géographie et de sociologie, respectivement - ont ainsi contribué à la structuration du Technopôle Angus, à Rosemont. «À la suite de la fermeture des ateliers du Canadien Pacifique, ils ont travaillé sur une nouvelle façon de redynamiser et de réindustrialiser le secteur de manière à y réintégrer l'économie et la vie des collectivités afin qu'il y ait une rentabilité dans le quartier», indique Catherine Mounier.

Quartier de l'innovation, un environnement idéal

Le professeur Klein, aujourd'hui directeur du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), poursuit ses travaux dans d'autres secteurs aux prises avec des enjeux de réindustrialisation, dont Griffintown. Ses recherches seront donc mises à contribution au sein du nouveau partenariat de l'UQAM avec le Quartier de l'innovation (QI), annoncé le 27 septembre dernier.

Le QI, dont le territoire d'action s'étend des rues Atwater à McGill et du boulevard René-Lévesque au canal Lachine, se définit comme «un entremetteur d'innovation qui va chercher des investissements publics ou privés qui permettent de maximiser les recherches et de trouver un équilibre entre le privé, le public et les citoyens», dit son directeur général, Damien Silès.

«En tant que laboratoire d'expérimentation urbaine de calibre international, nous tentons de voir comment humaniser et démocratiser l'innovation, et nous voulons utiliser les savoir-faire de chacune des universités membres [ÉTS, McGill, Concordia et UQAM] pour développer les quatre piliers de l'innovation que sont l'industriel, la recherche et la formation, le social et le culturel, puis l'urbain», détaille-t-il.

L'une de leurs méthodes est de mettre en contact universitaires et gens d'affaires, entre autres par la série de déjeuners thématiques Mat'Inno et de l'annuel Sommet de Montréal sur l'innovation.

La quête de connaissances théoriques du QI s'arrime parfaitement à celle de terrains pratiques de l'UQAM.

«Nos chercheurs ont de bonnes idées, mais il nous faut des milieux [pour les appliquer], souligne Robert Proulx. Le Quartier de l'innovation est un environnement idéal pour mettre en oeuvre des recherches qui vont stimuler les gens d'affaires à élaborer des produits dérivés à la fine pointe de la technologie.»

Le programme de partenariats entre l'UQAM et le QI est encore «en développement». Cependant, certains rapprochements s'imposent déjà, affirme Catherine Mounier. «Ce secteur est le terrain d'expérimentation d'un projet de la professeure d'études urbaines Priscilla Ananian [intitulé Approche critique du rôle de l'urbanisme dans la fabrique des lieux d'innovations]. Elle travaillera sur la manière d'intégrer l'innovation dans un quartier déjà construit.»

Catherine Mounier pense aussi à un enjeu de taille pour le QI : le développement immobilier. «La Chaire Ivanhoé Cambridge d'immobilier s'interroge sur les impacts qu'auront les nouvelles constructions sur le milieu de vie, les liens avec les transports, l'accessibilité universelle... énumère la vice-rectrice. Ce sont tous des sujets sur lesquels les entrepreneurs ont besoin d'études externes pour pouvoir donner une valeur ajoutée à leurs immeubles.»

Une rencontre entre un groupe de promoteurs immobiliers et des chercheurs a d'ailleurs eu lieu en octobre. «L'idée est de nourrir les grands promoteurs des connaissances des universitaires, puis de les amener à utiliser ce savoir-faire pour améliorer leurs constructions. C'est du concret et ça marche», dit Damien Silès.

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